Petit à petit l’oiseau fait son nid, et petit à petit aussi, Petkovic est en train de mettre en application ses idées tactiques en sélection.
Le dernier stage des Verts et les deux rencontres contre la Guinée équatoriale et le Libéria ont été riches en enseignements. Il faut dire que l’équipe a proposé quelque chose de différent, notamment sur le plan tactique. Longtemps réclamé par les connaisseurs et les amoureux des Verts, le changement tactique a enfin été opéré. Il était temps, car, pendant 6 années, l’EN n’a presque pas progressé sur ce plan, elle a stagné avec un 4-3-3 déployé par Belmadi sous toutes ses formes. On a eu droit pendant la CAN en Egypte à un 4-1-4-1 puis du 4-2-3-1, l’ancien sélectionneur a dérogé à cette règle une seule fois, avec un bilan mitigé, c’était lors du fameux face-à-face avec le Cameroun, un 3-5-2 a été mis en place, il a donné ses fruits à Japoma mais pas à Blida à cause d’un choix de joueur très contestable.
L’arrivée de Petkovic en mars a permis d’abord de lancer de nouveaux joueurs, d’en rappeler d’autres, la mayonnaise a plus ou moins pris, mais pas totalement, car en juin, la défaite contre la Guinée a remis les compteurs à zéro, l’équipe a eu du mal à jouer comme elle l’a fait en mars, face à une équipe venue piéger l’EN, et Diawara a réussi son coup, c’était là le faux pas salutaire, qui allait rappeler à l’ordre le staff technique et lui rappeler qu’il a pris en main une équipe très fébrile, en défense, au milieu et même en attaque, avec un peu de chance, le groupe s’est racheté en Ouganda, mais le plus difficile allait venir.
Avec des prestations très offensives d’Aït-Nouri ou d’Atal comme latéraux, et les largesses qu’ils dégageaient derrière, les voix se sont élevées pour réclamer un réaménagement tactique, la pression sur Petkovic était grande, car il se devait de réagir et le temps ne le lui permettait pas forcément. L’EN allait devoir enchaîner avec les éliminatoires de la CAN et deux matches importants, 4 entraînements au CTN et un match contre la Guinée équatoriale qui a montré deux visages, voire même trois, un premier en première période, très maladroit, puis un second où ça a mieux combiné et, surtout, une fin où l’EN a pu sécuriser sa défense et aller tuer la partie, en passant à une défense à 3 dans l’axe. «On a plus de temps maintenant avec le coach, on commence vraiment tous à comprendre comment il veut jouer et ça se voit sur le terrain, je pense», dira Benzia après le match au Libéria. Lorsque le Bosniaque a osé le 3-4-3, il a fini par mettre en application ses idées, mais avant, il a d’abord mis en place sa base, car ce 3-4-3, critiqué sur le plateau de BeIN Sports par l’ancien international Rafik Saïfi, avant même le coup d’envoi de la partie, devait obeir à plusieurs critères pour fonctionner, certes nous avions les pistons qu’il faut pour assurer l’activité sur les extrémités du terrain, mais les défenseurs devaient eux aussi s’aligner convenablement, sans oublier l’activité offensive et le repli, nécessaire, pour compenser sur le plan défensif. En mettant Benzia et Gouiri en attaque, Petkovic a confirmé ses intentions, il a toujours misé sur ces deux joueurs, car il a trouvé en eux un point très essentiel, les deux joueurs défendent très bien, et leur générosité dans l’effort leur permet d’accomplir aussi leurs tâches offensives. Il y a eu un grand travail d’alternance, même Zorgane, aligné près de Zerrouki comme milieu défensif, a bénéficié d’une liberté qui lui a permis de soutenir l’attaque et même de marquer. C’est donc cette flexibilité dans les mouvements que les joueurs ont découvert chez leur entraîneur, ils l’ont bien appliquée sans laisser l’impression que l’équipe évolue dans le désordre. «En 2e période c’était un peu plus dur, mais on a réussi à rester en équipe et marquer 3 buts à la fin, c’est comme ça que les grandes équipes doivent jouer», enchaînera Benzia qui reflète le satisfecit de tout un groupe, d’avoir réussi ce pari et cette transition vers cette nouvelle façon de jouer. L’application du 3-4-3 étant assimilée, il restera à présent de tester d’autres façon de jouer, cette fois avec une défense plate, à 4, ça sera d’ailleurs l’occasion de tester les vraies qualités des latéraux à savoir Farsi et Hadjam, ils évolueront plus bas et devront montrer leur côté défensif, le but sera de prouver que le groupe a mûri tactiquement, devenant prêt à changer de cartouches et faire mieux que l’équipe de Belmadi qui a ruminé le même schéma pendant des années, au point d’être incapable de surprendre les adversaires.
- M. A.