Pour avoir longtemps joué en Bundesliga, l’ancien international passé par plusieurs clubs allemands, en l’occurrence Karim Matmour, est le mieux placé pour donner un avis sur Mitchell Weiser, le futur capé de l’EN. Dans cet entretien, il évoquera également les performances de nos internationaux qui évoluent en Allemagne.
Cette semaine, on a appris que Mitchell Weiser a changé de nationalité sportive et que désormais, il est à la disposition de la sélection nationale. Votre réaction ?
Avant de parler de lui, je précise qu’il est passé par le Bayer Leverkusen (il était employé récemment par ce club, ndlr). Par conséquent, je connais bien cet élément qui va apporter un plus à l’EN. De plus, c’est quelqu’un qui souhaitait depuis un bon moment jouer pour l’Algérie.
D’où tenez-vous cette information ?
Quand j’étais dans le staff technique de l’EN A, son agent, que je connais bien, m’a appelé un jour pour me demander de transmettre son désir de porter les couleurs algériennes. Évidemment, j’avais tout de suite remonté l’information à Djamel Belmadi (ancien sélectionneur). Après, je ne sais pas ce qui s’est passé.
Maintenant qu’il a un passeport algérien, tout devrait s’accélérer pour une éventuelle convocation en Équipe nationale…
Le fait d’avoir envoyé sa lettre d’intention pour défendre les couleurs de l’Algérie devrait effectivement permettre au coach national de compter sur lui prochainement, ce qui est une bonne chose pour Weiser qui a toujours clamé haut et fort son souhait de jouer avec l’Algérie. Personnellement, je sais que cela fait au moins deux ans qu’il attend cette convocation. Ce qui prouve qu’il est très motivé pour relever ce challenge.
Quelles sont ses principales qualités ?
C’est un joueur qui est toujours bien en place tactiquement. En plus, quand on évolue pendant des saisons en Bundesliga, un championnat de très haut niveau, on a forcément des qualités. Un joueur quelconque ne peut y faire carrière.
Dommage que ce changement de nationalité intervient un peu tardivement, lui qui a 30 ans, faut-il le préciser.
C’est un fait ! Mais comme on dit, « mieux vaut tard que jamais ». Non, je pense qu’il a encore quelques belles années à donner dans le haut niveau.
En accélérant sa naturalisation, la FAF permet au coach national d’avoir plus de solutions au poste d’arrière droit, notamment avec l’indisponibilité d’Atal. Qu’en pensez-vous ?
Franchement, je n’ai pas d’informations particulières sur cette décision prise par la FAF. Comme je l’ai dit, Weiser est un bon joueur, de surcroît expérimenté et très aguerri pour le très haut niveau. Pour la sélection nationale, c’est bien d’avoir un joueur de ce calibre, notamment, comme vous l’avez mentionné, avec les indisponibilités de joueurs évoluant à ce poste, notamment Youcef Atal. Par ailleurs, pour construire une équipe compétitive, il est important d’avoir plusieurs joueurs capables de jouer au même poste. Il faut créer une concurrence pour les stimuler. Et quand on est en équipe nationale, on doit se surpasser pour conserver sa place. Avec Mitchell Weiser, l’EN va disposer d’une solution supplémentaire assez intéressante.
En Bundesliga, un autre international algérien fait de belles choses ces derniers temps, en l’occurrence Amoura. Quel est votre avis ?
En Allemagne, on parle beaucoup de Mohamed Amine Amoura qui fait un début de saison de folie, dois-je dire. C’est très prometteur. En plus de son adaptation rapide, il a d’emblée montré des qualités de bon attaquant. Vous savez, en Allemagne, on le compare de par ses qualités à un grand joueur brésilien.
De qui s’agit-il ?
Pour les journalistes allemands, Amoura a un jeu semblable à celui de l’international brésilien Douglas Costa, ancien attaquant de la Juventus et du Bayern Munich notamment. Pour eux, Amoura suit la même trajectoire en termes de statistiques.
Pour des débuts, on peut dire qu’ils sont bons…
Comme c’est un garçon sérieux dans le travail, je pense qu’Amoura est bien parti pour marquer son passage à VFL Wolfsburg, voire en Bundesliga. Ce serait d’ailleurs une bonne chose pour lui et pour l’EN également qui aura à sa disposition un joueur ayant fait ses preuves dans un championnat très relevé tel que la Bundesliga.
Par contre, pour Chaïbi à Frankfort, ça ne marche tant que cela en ce début de saison. Quelles en sont les raisons ?
Quand on joue dans un club tel que l’Eintracht Frankfurt, on fait face à une rude concurrence, ce qui fait que Farès Chaïbi doit se battre à chaque match pour gagner sa place de titulaire. La saison dernière, il a été bon. Grâce à son jeune âge, il va vite inverser la situation en sa faveur, j’en suis persuadé.
Et en sélection, où il n’est plus convoqué depuis le stage de mars ?
Comme Chaïbi est jeune, ce qui est un point positif, je dois le souligner, il reste un joueur sélectionnable. Même le coach national l’a maintes fois déclaré dans ses conférences de presse. Néanmoins, pour mériter de jouer en Équipe nationale, il faut se surpasser au vu de la qualité des joueurs qui composent la sélection. C’est même une obligation pour prétendre y figurer, même si, comme l’a déclaré Petkovic, la porte reste ouverte pour Chaïbi, qui est un joueur d’avenir.
En revanche, pour Ramy Bensebaïni, il fait un bon début de saison, votre avis.
Pour être sincère, même quand il était en difficulté, je ne me suis jamais inquiété pour lui, car c’est un très bon joueur. Il n’y a pas de débat là-dessus. Pour moi, Ramy Bensebaïni a les capacités pour être l’un des meilleurs défenseurs en Bundesliga, ce que je lui souhaite d’ailleurs.
La FAF envisage de s’offrir les services du défenseur Elan Benkara qui vient d’être promu en équipe première du Borussia Dortmund. Que pensez-vous de ce joueur qui n’a que 17 ans ?
Pour être honnête, je n’ai pas suivi ce joueur, donc je ne peux donner un avis sur lui.
Après avoir travaillé au Bayer Leverkusen comme analyste tactique, comptez-vous rester dans le milieu du football ?
Oui. Actuellement, je suis sur un projet personnel que je n’ai pas, pour des raisons évidentes, envie de dévoiler. Je compte le lancer prochainement. J’en parlerai le moment venu, c’est promis.
Avant le recrutement de Petkovic, il était question que vous soyez dans le staff technique de l’EN comme adjoint, vous confirmez cette information ?
Comme tout le monde, j’ai lu dans la presse ou sur les réseaux sociaux que j’étais pressenti pour intégrer le staff technique, mais concrètement, je peux vous assurer que je n’ai eu aucun contact à ce sujet avec le président de la FAF Walid Sadi, une personne que je connais bien. Pour être plus clair, chaque entraîneur a son propre staff. Et Vladimir Petkovic a ses adjoints avec lesquels il a l’habitude de travailler. Certainement, lors des négociations avec la FAF, il a exigé de faire venir des techniciens qu’il connaît bien.
À 39 ans, vous avez le temps devant vous pour espérer avoir votre chance dans le futur…
N’oubliez pas, j’ai déjà travaillé avec Madjid (Bougherra, ndlr) en équipe nationale A’. C’était une riche expérience pour moi. Oui, pourquoi ne pas intégrer un jour le staff de l’équipe nationale. Ce qui est certain, mon histoire avec la sélection n’est pas encore terminée.
M.S.