Raouraoua Acte II : «Que Zetchi convoque son AG et on verra !»

S’il y a une période où la FAF avait besoin de sérénité c’est bien en ce moment, c’est-à-dire la veille d’échéances importantes, en l’occurrence la double confrontation de l’équipe nationale locale face à son homologue libyenne dans le cadre du premier et dernier tour qualificatif du CHAN ainsi que les deux rencontres de l’équipe A face à la Zambie le 2 et 5 septembre prochain.

Or, au cours de ces derniers jours, l’opinion publique est en train d’assister à une vraie guerre entre le président de la FAF et son homologue de la LFP. Les deux hommes se balancent des propos par le biais de communiqués officiels et presse interposée où chacun accuse l’autre de menteur.Et à cette guerre, vient s’ajouter une autre grosse polémique et cela depuis deux jours entre l’ancien président de la FAF Mohamed Raouraoua et son successeur à la tête de cette institution Kheireddine Zetchi.

 

Deux présidents, deux visions diamétralement opposées

Le boss de la FAF qui jusqu’à quelques semaines après son élection avait décidé de ne pas parler de son prédécesseur, a décidé de changer de stratégie, notamment lors des derniers communiqués du bureau fédéral et même celui consacré à la réunion présidents de Club-FAF. L’ancien boss du PAC est donc sorti de sa réserve pour éclaircir l’opinion publique quant aux reproches qui lui ont été faits, notamment concernant la gestion du championnat et tous les problèmes qu’a connus notre football en affirmant : «J’ai trouvé une situation très difficile à gérer. Un héritage lourd et on a voulu a tout prix me faire endosser les problèmes accumulés depuis une quinzaine d’années. Il y a quatre mois j’étais comme vous, président de club, et je connais vos problèmes. Je sais qu’il y a des injustices ou des justices à deux, trois vitesses. On doit réparer cela», avait lancé Zetchi aux présidents de club. Avant cela, le boss de la FAF avait déclaré qu’il a «hérité d’une gestion catastrophique de la Fédération», des propos auxquels n’avaient pas réagi Raouraoua jusqu’à hier, où ce dernier a décidé de riposter en s’attaquant à Zetchi.

On pensait que l’histoire allait se terminer par une énième réponse de Mahfoud Kerbadj et une première riposte de Raouraoua, mais non et au grand malheur de l’équipe dirigeante des équipes nationales qui n’avaient pas besoin de tout ce remue-ménage en ce moment, ce n’est pas encore la fin, pire encore, il se pourrait que ça ne soit que le début.

En effet, après qu’il ait décidé de répondre hier à tout ce qui a été dit concernant sa gestion au cours de ces 15 dernières années, Mohamed Raouraoua ne veut pas lâcher prise et rajoute une couche aujourd’hui, suite au communiqué pondu par la FAF avant-hier, notamment où Kheireddine Zetchi fait allusion au fait que c’est bel et bien son prédécesseur qui est l’auteur d’un jeu mal sein dans les coulisses afin de mettre des bâtons dans les roues pour l’équipe actuelle : «C’est à se demander si ce comportement qu’on ne connaissait pas à M. Kerbadj n’obéit pas à une stratégie décidée dans l’ombre par des commanditaires qui cherchent le pourrissement», pouvions-nous lire sur ledit communiqué.

 

« Je ne vais plus me taire, trop c’est trop »

Ainsi donc Mohamed Raouraoua a décidé de ne plus se taire : « Avant je n’ai pas voulu répondre ou parler, mais dorénavant à chaque fois que Zetchi m’attaquera je lui répondrai preuves à l’appui. Vous savez que depuis 1962 et jusqu’à la fin de mon mandat à la tête de la Fédération algérienne de football, aucun président, je dis bien aucun n’a eu recours à des agents pour contacter un entraîneur étranger ou organiser une rencontre amicale. Et bien l’opinion publique doit savoir que Monsieur Zetchi a eu recours à un agent marocain pour lui ramener l’équipe de la Guinée, et pour ce match il a touché une commission de 10 000 euros (contrat à l’appui). Nous avons joué des matchs contre des grandes sélections sans débourser le moindre centime, voilà la différence. Donc encore une fois que le président actuel se mette au travail et met un terme à toutes ces polémiques», dira Raouraoua.

Deux visions différentes puisque Zetchi a fait savoir il y a quelques semaines que sa priorité était d’organiser le maximum de rencontres amicales quitte à payer des agents.

Aussi, et en plus de Mohamed Zerouati qui n’a pas manqué de critiquer la liste de Lucas Alcaraz pour les locaux soulignant que c’est celle de l’USMA et du PAC, Rouraoua lui aussi n’a pas hésité à tirer sur Zetchi : « Qu’il cesse de mettre des joueurs du PAC en équipe nationale. Je n’ai jamais vu une équipe nationale composée de six joueurs d’une équipe de division deux. On convoque des joueurs de Ligue 2 au détriment de bons joueurs de Ligue 1. Des joueurs que le coach national n’a jamais vu jouer», une critique dont a déjà fait l’objet Lucas Alcaraz suite à la convocation de Youcef Attal : « Personne ne peut me dicter mes choix, je les fais en mon âme et conscience », avait affirmé l’Espagnol. Ce dernier qui compte encore une fois faire des précisions à ce sujet lors de sa conférence de presse demain à partir de 11h au Centre technique national de Sidi Moussa.

 

«Le président de Ligue est autonome»

S’agissant de la guerre entre Zetchi et Kerbadj, Mohamed Raouraoua a tenu à préciser encore une fois à faire savoir qu’il n’a rien à voir avec tout ce qui se passe : « Pour ce qui est des conflits qui existent entre le FAF et la LFP, je ne suis concerné ni de près ni de loin. En plus il faut savoir une chose, les présidents de ligue sont des élus comme le président de la FAF. Ils obéissent à leurs propres statuts et ne relèvent pas de hiérarchie. Ils sont autonomes sur le plan de la gestion, comme ils sont aussi membres à part entière de l’’assemblée générale, ce qui est leur droit le plus absolu. Ils doivent néanmoins se soumettre aux statuts et aux règlements en vigueur», a précisé l’ancien président de la FAF, prenant ainsi publiquement la défense de Mahfoud Kerbadj.

Enfin, l’une des premières décisions prises par Kheireddine Zetchi et approuvée par le bureau fédéral fut l’annulation du projet de l’hôtel : « J'ai proposé à ce que ce projet soit annulé, mais la décision doit être entérinée par l'assemblée générale qui est souveraine. Le budget alloué à la construction de cet hôtel est de 6 milliards de DA, si nous voulons abandonner ce projet c'est pour utiliser ce budget à la construction des quatre centres fédéraux. L'objectif de la FAF n'est pas de gagner de l'argent mais pour développer le football», avait souligné Zetchi lors de sa dernière conférence de presse.

 

« Pourtant le PAC avait bel et bien approuvé la construction de l’hôtel »

Une décision qui n’est pas du goût de Raouraoua, puisque ce dernier en a fait une de ses priorités lors de son dernier mandat : « Concernant l’hôtel, ce projet a recueilli l’approbation à l’unanimité (y compris de la part du représentant du PAC) lors de l’assemblée générale. La Fédération a acheté un terrain à 21 milliards de centimes, environ 10 000 mètres carrés, un terrain qui vaut aujourd’hui cinq fois plus (100 milliards de centimes). Il faut savoir aussi que la FIFA ayant décidé de conduire un projet-pilote avec une fédération pour des projets générateurs de ressources permanentes a consenti à financer les études de l’hôtel pour un montant de 1 million de dollars pour le bureau d’études qui a été choisi suite à un appel d’offres national et international. La commission chargée de ce projet présidée par l’ancien vice-président de la FAF Djahid Zefzef et actuel membre du bureau fédéral a lancé un appel d’offres pour la construction de l’hôtel et à ce jour aucune entreprise n’a été choisie pour la réalisation et cela après les études d’offres suite à l’appel d’offres lancé. De même M. Zefzef qui a fait l’étude financière avec l’aide d’un grand organisme professionnel SIH (celui qui a fait le Sheraton et le Mariott), et a pratiquement finalisé avec le groupe Satr Wood pour la futur exploitation de cet hôtel sous le nom Sheraton4stars (à l’identique de celui d’Oran). L’AG a approuvé à l’unanimité, toujours en présence du PAC la création d’une société d’exploitation de ce projet dont le capital a été fixé à 100 milliards disponible dans la trésorerie. La réalisation de cet hôtel de luxe pour la FAF lui permettra d’assurer des revenus pérennes pour le financement du football et afin d’enrichir le patrimoine de la FAF. Il existe même une possibilité d’attribution à la FAF un prêt sans intérêt en cas de besoin. Il y a même la possibilité de s’associer avec un établissement public pour réaliser tout ce projet en commun. Aujourd’hui parler d’annuler ce magnifique projet nécessite obligatoirement l’approbation de l’assemblée générale de la FAF. De même une annulation entraîneraient des pertes considérables que la FAF devra rembourser, dont un million de dollars pour la FIFA, sans oublier les frais engagés pour les études de sol et l’obtention de permis de construire, un permis qui existe déjà», a-t-il précisé.

 

«Le CTN est devenu un hôtel pour les clubs»

Il est important de préciser que si Zetchi souhaite annuler la construction de cet hôtel c’est tout simplement pour bâtir 4 centres de formation aux quatre coins du pays : « Zetchi dit vouloir construire 4 centres de formation à la place de cet hôtel. Franchement cela relève de la singularité puisque la formation des joueurs est une mission des clubs et non de la FAF. La FAF dispose déjà grâce à la volonté du chef de l’Etat et du gouvernement d’un très joli outil, à savoir le CTN, un centre qui hélas est en train de devenir un centre de mise au vert pour les clubs. J’attends donc la convocation d’une AG pour l’annulation de ce projet», conclut Mohamed Raouraoua.

Une guerre enclenchée entre les deux hommes et qui n’est pas près de s’arrêter.   

A. H. A.

Que cachent les tirs croisés contre Zetchi ?

 

Le président de la FAF est l’objet de fortes critiques de toutes parts ces derniers temps. Que ce soit le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj ou encore les présidents de club. Une série d’attaques qui semble bien cacher quelque chose.

«Zetchi est un menteur.» «Qu’il se taise et nous qualifie à la Coupe du monde.» Ce sont là des déclarations faites par des dirigeants ou anciens dirigeants du football national. La première  est celle de Mahfoud Kerbadj. La seconde n’est autre que celle de Mohamed Raouraoua. Des déclarations qui ont retenti comme un coup de tonnerre car, désormais, le conflit est ouvert et de notoriété publique. Ce qu’il convient de dire aussi, c’est que les deux hommes n’ont pas été les seuls puisqu’avant, il y avait Hassan Hamar président de l’ESS qui en avait fait de même. Lors de la réunion des présidents de club avec Zetchi, Medouar ne s’était pas prié pour tirer à vue. Enfin, il y a eu cette sortie du président de la JSS, Mohamed Zerouati, qui n’y est pas allé de main morte concernant le patron de la FAF. On se demande maintenant que cachent vraiment ces tirs croisés contre Zetchi ? Il faut le dire que le président de l’instance de Dely Ibrahim a jusque-là répondu à chaque fois à travers des communiqués, mais finalement il reçoit encore plus de tirs qu’autre chose.  

 

A-t-il bien fait de provoquer Raouraoua ?

Si avec Kerbadj le conflit a commencé dès son intronisation à la tête de la FAF, les relations entre Raouraoua et Zetchi étaient jusqu’à, il y a quelques jours, très bonnes. Les deux hommes se sont vu à Bahreïn et ils ont même rencontré le président de la CAF Ahmad Ahmad ensemble. Raouraoua aurait, selon ses dires, proposé son aide à Zetchi, chose dont s’est félicité ce dernier. Mais depuis quelques jours, le président de la FAF a, à travers les PV des réunions du Bureau Fédéral, égratigné son prédécesseur et a qualifié sa gestion de catastrophique. Raouraoua a pris cela comme une attaque et a décidé de réagir violemment. L’entretien qu’il nous a accordé hier en est la meilleure preuve. Lui qui ne communique pas ou jamais dans la presse a décidé subitement de se défendre en attaquant.  

 

Un putsch en préparation ?

A travers la lecture des faits qui se sont déroulés depuis l’élection de Zetchi, beaucoup se posent des questions par rapport à tout ce qui se passe actuellement autour du président de la FAF. Par conséquent, la question mérite logiquement d’être posée : Y-a-t-il un putsch en préparation contre Zetchi ? Difficile de répondre à cette question mais une phrase dite par Raouraoua retient l’attention : «Qu’il organise une Assemblée extraordinaire et on verra», menace Raouraoua.  

Actuellement, Zetchi est acculé de toutes parts et personne ne l’épargne avec des déclarations tranchantes et même à remettre en cause l’engagement de «rassembleur» qu’il chérit tant. Maintenant, l’ancien président du PAC ne se laisse pas faire et chaque fois qu’il est attaqué, il répond via un communiqué mais on attend maintenant une réponse claire de sa part lorsqu’il rentrera de congé car il semble bien qu’il ait beaucoup de choses à dire concernant ce qui se passe autour de lui. Les prochains jours nous en diront certainement davantage sur cette guerre entre la nouvelle et l’ancienne garde de la FAF.

I. Z.    

 

 

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