Tandis que la présence de Zineddine Zidane dans les tribunes a monopolisé les caméras et les conversations, son fils Luca trace tranquillement son avenir dans les cages. Deux matches, des interventions décisives et un débat technique de plus en plus riche autour de son profil. On a beaucoup parlé du père.
On a presque oublié de regarder le fils. Pourtant, Luca Zidane s’impose doucement au fil des rencontres. Il faut rappeler qu’il n’était pas certain, il y a encore quelques jours, d’entamer la CAN comme titulaire. Mais face au Soudan d’abord, puis face au Burkina Faso, le gardien a montré une personnalité affirmée et une vraie capacité à vivre les grands matchs.
Protégé par le regard rassurant de ses parents et de son frère Elyaz (Théo était absent dimanche) dans les tribunes, porté par un public de plus en plus favorable, Luca a abordé le rendez-vous sans complexe.
Des qualités qui interpellent
Lecture du jeu, sérénité balle au pied, relance propre, gestion des espaces : autant d’éléments qui ont séduit observateurs et techniciens. Les médias français suivent ses débuts en Vert avec attention. Les spécialistes, eux, s’interrogent : Luca Zidane peut-il exister par lui-même, loin de l’ombre imposante du père ? Sur les réseaux, le débat s’est enflammé après le match face au Burkina Faso, notamment après l’analyse détaillée d’Hakim Sebaâ, entraîneur des gardiens, conférencier auprès de l’AFC et de la Fédération qatarienne, analyste pour Al Kass.
Pour lui, le constat est clair. «Très bon match, énorme rendement tactique, bonne lecture de profondeur, précis dans ses relances et très à l’aise au pied», a-t-il publié. Sebaâ insiste même sur un point capital : avec un gardien capable de casser des lignes au pied, le plan de jeu de l’équipe peut changer d’échelle. Mais tout n’est pas encore parfait. Le technicien algérien ne tombe pas pour autant dans l’enthousiasme aveugle. Il note des axes de progression : «Les sorties aériennes, notamment sur des centres, et certaines prises de décision sous pression. Et il rappelle : l’erreur face au Burkina (la passe vers l’adversaire) ne doit pas masquer la qualité globale du match. Aomar Hamenad, ancien gardien de l’EN, apporte un regard plus réservé : «Jeu aérien pas toujours rassurant, relances parfois trop risquées» Un avis réaliste, qui ramène la discussion à un équilibre nécessaire.
La question de la taille et la réponse du terrain
Avec ses 1m83, Luca Zidane n’affiche pas le gabarit dominant de certains gardiens modernes. Il peut être mis en difficulté sur des ballons très hauts, proches de la transversale, il l’a été par moments dimanche, Sa détente reste perfectible. Mais l’argument central de Sebaâ est ailleurs : «Ce type de gardien, tactiquement utile, nous manquait. Il couvre la profondeur, joue comme un libéro, redonne de l’air à la défense. Dans un football où le pressing haut s’intensifie, disposer d’un dernier rempart capable de relancer proprement, de casser deux ou trois lignes d’un seul geste, devient un atout stratégique».
Un modèle et un message pour la formation
Le technicien algérien établi au Qatar pousse la réflexion plus loin, Il s’interroge sur la formation algérienne des gardiens, encore trop tournée vers la seule dimension défensive : «Luca Zidane n’est peut-être pas encore, selon ses mots, le gardien de l’avenir pour deux Coupes du monde et une CAN», mais il représente un modèle moderne, inspirant pour bâtir demain.
Calme, sûr de lui, capable d’assumer l’erreur puis de repartir. Zidane le fils s’émancipe, le débat existe parce que Luca Zidane existe sportivement et, match après match, il gagne des galons. Dans l’ombre lumineuse de son père, il commence à écrire sa propre ligne. La suite de la compétition dira s’il peut s’installer durablement dans ce rôle mais une certitude se dessine déjà : Luca est en train de se faire un nom et il est prêt à assumer.
Mohamed Amokrane Smail





