Alerte rouge sur le Mondial 2026

Publié le : 30 Juin 2025

 

Un match de football qui dure quatre heures et demie. Une suspension de deux heures… à cinq minutes de la fin. La scène s’est déroulée samedi soir à Charlotte, lors de l’affiche entre Benfica et Chelsea en huitièmes de finale de la Coupe du monde des clubs. 

À 1-0 pour les Blues, un éclair repéré dans un rayon de 13 kilomètres autour du stade a provoqué l’interruption immédiate de la rencontre. Le speaker a fait évacuer les tribunes, les joueurs sont retournés au vestiaire… et le match n’a repris que deux heures plus tard, pour se terminer au bout d’un interminable suspense (1-4 après prolongations). Un épisode lunaire, qui a fait sortir de ses gonds l’entraîneur de Chelsea, Enzo Maresca : «Ce n’est pas du football, c’est une plaisanterie. Lors des Coupes du monde ou des Euros, combien de matchs ont été interrompus ? Aucun. Il y a donc un problème.» Ce match-marathon n’est pas un cas isolé : il s’agissait déjà de la sixième interruption pour raisons météo depuis le début du tournoi. Autant de signaux qui soulèvent de lourdes interrogations à un an de la Coupe du monde 2026, prévue aux États-Unis, au Mexique et au Canada.

 

Chaleur accablante et orages à répétition : un climat à hauts risques

La météo s’est imposée comme le principal acteur de cette Coupe du monde des clubs. Températures dépassant les 37 °C à Philadelphie ou Orlando, taux d’humidité suffocants, orages violents… Les interruptions de matches, dictées par un protocole de sécurité strict, se sont multipliées. Le règlement américain impose l’arrêt immédiat de tout événement en plein air dès qu’un éclair est détecté dans un rayon de 13 km. «Ce que vous observez actuellement est tout à fait typique. Ce n’est absolument pas inhabituel», a confirmé Ben Schott, chef des opérations du service météorologique local. La donne ne changera donc pas l’an prochain : «L’année prochaine, nous pourrions connaître la même situation.» Les conséquences pour le jeu sont délirantes : matchs suspendus sans pluie, équipes coupées dans leur élan, spectateurs évacués, joueurs échauffés de nouveau à minuit passé. «Ce ne sera pas forcément la meilleure équipe qui gagnera, mais celle qui saura le mieux s’adapter à ces conditions», a résumé avec justesse Nico Kovac, coach de Dortmund.

 

Pelouses et logistique : des points noirs persistants

Autre problème majeur : la qualité des pelouses. Au MetLife Stadium de New York, théâtre prévu de la finale 2026, les critiques ont fusé. Luis Enrique, après un match disputé à Seattle, n’a pas mâché ses mots : «Le ballon rebondissait comme un lapin.» Martin Anselmi (Porto) et Kovac ont aussi dénoncé la lenteur et le manque de régularité des surfaces. Dans certains cas, des arrosages ont été réalisés à la main, faute de systèmes automatisés. Une absurdité dans un pays qui prétend incarner l’innovation technologique. Et un contraste cruel avec la sévérité de la FIFA à l’égard de certaines fédérations africaines, à qui l’on interdit de jouer pour une pelouse jaunie ou une tribune obsolète. La logistique n’est pas en reste : files d’attente interminables sous le soleil, transports en commun peu adaptés dans des villes comme Miami ou Kansas City, capacité hôtelière mal répartie. Théoriquement, les États-Unis disposent d’infrastructures de classe mondiale, mais en pratique, cette Coupe du monde des clubs a révélé de grosses limites dans la gestion des flux et du confort. spectateur.

Une répétition pour les Verts ?

Côté Algérie, quatre internationaux algériens ont participé à ce tournoi. Ramy Bensebaïni et Rayan Aït-Nouri sont toujours en lice, tandis que Mohamed Tougaï et Youcef Belaïli (Espérance Sportive de Tunis) ont été éliminés dès le premier tour. Tous ont pu vivre ces conditions en direct, et joueront un rôle de relais précieux auprès du groupe de Vladimir Petkovic. Leur expérience servira dès septembre, lors du prochain rassemblement, pour ajuster la préparation, anticiper les temps d’acclimatation, mais aussi informer sur les pièges logistiques ou les spécificités climatiques. À ce titre, le match Chelsea–Benfica restera comme une alerte grandeur nature, alors que Bensebaïni ne se privera pas de raconter un fait inédit, à savoir lorsque les remplaçants de son équipe, Dortmund, ont été priés d’aller s’asseoir au vestiaire et de suivre loin de la chaleur suffocante sur des écrans ce que lui (Ramy) et ses équipiers enduraient sur le rectangle vert…

 

Une chaleur à relativiser pour les Africains ?

La météo pourrait néanmoins tourner à l’avantage des sélections africaines, habituées aux fortes températures et aux conditions extrêmes. Ce facteur pourrait niveler les écarts, notamment dans les matchs de milieu de journée. On a tous vu comment les Sud-Africains de Sundowns ont joué libérés sans complexe contre les Allemands de Dortmund. Mais le facteur climatique ne suffira pas : il faudra une préparation médicale, physique et mentale minutieuse, une stratégie d’adaptation aux horaires et aux lieux, et une gestion rigoureuse des temps de récupération.

 

La qualification d’abord

Reste à s’y qualifier. L’Algérie reprendra les éliminatoires dès septembre, avec l’objectif de sécuriser son billet pour la Coupe du monde. En cas de qualification, la FAF devra anticiper chaque détail : lieux de résidence, créneaux d’entraînement, composition du staff médical et accompagnement psychologique. Car une chose est certaine : la Coupe du monde 2026 à 48 équipes ne ressemblera à aucune autre. Et les signaux envoyés par la Coupe du monde des clubs sont clairs : le défi ne sera pas uniquement sportif.

S.M.A