Youcef Belaïli n’est plus au MC Alger, son transfert à l’ES Tunis a été annoncé hier, dimanche, par la direction du Doyen. Lakhdar Belloumi, l’ancien patron des Verts, livre son avis éclairé.

 

Youcef Belaïli a quitté le MC Alger pour rejoindre l’ES Tunis, qu’en dites-vous ?

Personnellement, j’estime qu’évoluer à l’étranger est toujours une bonne chose, je ne dirai jamais non. Mais, après toutes les joies qu’il a procurées aux Chnaoua, c’est bien malheureux qu’Youcef Belaïli quitte le club de cette façon, libéré comme n’importe qui. De ce que j’ai appris, ce serait la direction du club qui l’a liquidé. C’est triste. Chez nous, les grands joueurs finissent leur carrière en sortant par la petite porte.

 

Pour vous, Belaïli est donc sorti par la petite porte…

En tout cas, après toutes les joies qu’il a apportées, on ne devait pas le laisser partir. L’argent n’est pas un problème car, au demeurant, cela n’appartient à personne, c’est le bien de Sonatrach. Belaïli ne devait pas sortir de cette façon. Bon, il est vrai qu’en parallèle il a trouvé l’occasion de partir à l’Espérance de Tunis, tant mieux pour lui, mais cela reste malheureux. Les grands chez nous prennent la retraite en empruntant la petite porte.

 

Il se dit qu’il a décidé de partir parce qu’on n’a pas gardé son frère au MCA…

Je ne veux pas rentrer dans ce problème, mais ne pas garder son frère est une chose et retenir le grand joueur en est une autre. Si on ne veut plus du frangin, on ne doit pas en faire de même avec le maestro. Maintenant, si c’est lui-même qui a décidé de changer d’air, c’est une autre histoire, tant mieux pour lui malgré tout.

 

Est-ce que le Mouloudia pourra le remplacer ?

C’est une perte pour le Mouloudia, c’est une évidence. Sans lui, il n’y a pas de spectacle, pas d’ambiance, bref tout ce qui fait la beauté du football. Certes, Belaïli prend de l’argent, mais il en donne la contrepartie sur le terrain. Il mérite ce qu’il gagne eu égard au spectacle qu’il offre en retour.

 

Mais il reste un joueur pas très discipliné…

Il est comme ça, ce n’est pas vraiment un problème disciplinaire. C’est un gagneur, il n’aime pas l’injustice, il joue en parlant beaucoup sur le terrain, c’est aussi ça un grand joueur. Jouer et attendre la fin du mois pour empocher son argent, ce n’est pas du tout la même chose. Belaïli te rend sur le terrain l’équivalent de ce que tu mets dans sa poche.

 

Faut-il craindre pour le MCA à l’avenir ?

Non, le Mouloudia restera le Mouloudia avec ou sans lui ou un autre. Le MCA demeurera la plus grande équipe du pays.

 

Le Doyen peut-il nourrir des ambitions en Ligue des champions ?

Il peut, c’est légitime, mais il doit se renforcer. On a vu lors de la saison écoulée que, juste avec son nom, Belaïli a été le meilleur. Alors, c’est aux responsables du club, au staff technique surtout de songer à ramener de bons joueurs.

 

Avec les 500 000 € du transfert de Belaïli, c’est possible ?

Bien sûr et, sans cela, Sonatrach est en mesure de répondre à l’attente. Cette entreprise peut même s’offrir des joueurs professionnels évoluant en Europe. On trouve normal de payer cher un entraîneur européen et on s’en offusque quand il s’agit d’un grand joueur du vieux contient. C’est une logique que je ne comprends pas. Il ne faut pas hésiter pour mettre le prix sur un grand joueur européen ou africain.

1. D.