Azzedine Aït Djoudi, nouvel entraîneur du NC Magra, prochainement adversaire de la JSK, a accepté de nous accorder cette interview pour parler uniquement de son club de cœur, la JS Kabylie. Et avec beaucoup de franchise, qu’il a répondu à toutes nos questions, donnant son avis sur le parcours de l’équipe jusqu’à présent. Il a aussi évoqué d’autres sujets que nous allons découvrir ensemble. Entretien.
Tout d’abord, que pensez-vous du parcours de la JSK jusqu’à présent, vous qui suiviez l’actualité du club depuis toujours ?
Je dirais que la JSK est passée d’un cap à l’autre au bout de quelques mois. S’il y a eu quelques perturbations, c’est en grande partie les conséquences des saisons précédentes où le club était engagé dans une lutte acharnée pour le maintien. Avec l’arrivée de Mobilis, la transition vers une gestion plus structurée n’a pas été simple. Il y avait un manque d’adhésion au début, ce qui est compréhensible car il faut toujours un temps d’adaptation. Mais peu à peu, l’équipe a retrouvé un certain équilibre, ce qui explique les bons résultats obtenus ces dernières semaines.
Justement, l’équipe a réussi à se relever après le départ inattendu du coach Abdelhak Bencheikha, n’est-ce pas ?
Exactement. Ce départ a sans doute été un électrochoc. On a senti une vraie prise de conscience de la part de tout le monde, notamment les joueurs, supporters. Il y a eu une réaction positive. L’équipe ne s’est pas effondrée, bien au contraire, elle a su faire bloc et cette unité a été déterminante dans la remontée de la pente. Le soutien des fans a été un facteur essentiel dans ce processus.
Des paramètres à prendre en compte, cependant la touche du coach Zinnbauer est visible aussi…
Bien sûr. L’entraîneur allemand a su apporter sa rigueur, sa méthode et une vision claire du jeu. Depuis son arrivée, on remarque un changement d’attitude, une meilleure gestion du groupe. Il faut aussi souligner que le cadre de travail à la JSK est aujourd’hui beaucoup plus apaisé. Zinnbauer a été très vite accepté par l’environnement du club, ce qui lui permet d’avancer sereinement vers ses objectifs. Certes, tout n’était pas parfait en début de saison, des erreurs ont été commises, notamment au niveau du recrutement, avec certains joueurs qui n’ont finalement pas réussi à s’imposer. Mais cet échec a été relativisé par les supporters qui voient aujourd’hui une équipe plus forte, plus soudée, capable de relever les défis qui restent.
Qu’est-ce qu’a ramené Zinnbauer à la JSK, selon vous ?
Zinnbauer a ramené de l’espoir, et c’est fondamental. Quand on observe l’effectif, il n’a pas beaucoup changé depuis le début de saison. Pourtant, le coach a réussi à transformer cette même équipe, à lui insuffler une dynamique positive. C’est à mettre à son crédit. Il a su créer un climat de confiance. Le public l’a compris et s’est totalement mobilisé. C’est un véritable changement de mentalité. Moi-même, j’ai connu des périodes plus tendues à la JSK, avec des critiques souvent injustes. Aujourd’hui, ce que je vois, c’est un environnement beaucoup plus sain, ce qui est idéal pour travailler.
Que pensez-vous du recrutement réalisé au mercato hivernal ? Peut-on dire que l’arrivée de Boudjemaa et Ignatjev a été bénéfique pour le groupe ?
Oui, ce sont deux joueurs qui ont apporté une vraie valeur ajoutée. Boudjemaa est solide dans l’entrejeu, très intelligent dans son placement. Ignatjev, quant à lui, a su s’adapter rapidement et être efficace dans le dernier geste. Leur venue a renforcé l’équipe dans des secteurs clés. Mais il faut garder en tête que la réussite d’un mercato ne repose pas seulement sur des noms, c’est aussi une question de cohésion, d’intégration dans un projet collectif. Et sur ce plan, la JSK a bien travaillé.
En plus des deux éléments cités, il y a aussi le baroudeur Redouane Berkane, auteur de sept buts en neuf matchs. Que pensez-vous de ses performances ?
Berkane est un très bon attaquant qui arrive. Ce qu’il réalise en ce moment est exceptionnel. Il a retrouvé la confiance, l’instinct et surtout, il est en pleine forme. Il symbolise cette JSK nouvelle version, ambitieuse et déterminée. En début de saison, il était en difficulté, mais il n’a jamais baissé les bras. Il s’est accroché et aujourd’hui, il est décisif. C’est le genre de joueur qui peut faire basculer une saison.
Un autre joueur, que vous connaissez bien, traverse des moments difficiles pourtant, techniquement, il est doué. Je sais allusion à Boualia. Qu’avez-vous à dire de lui ?
Boualia est un joueur très talentueux, un vrai potentiel. Mais il est jeune et comme beaucoup de jeunes, il a besoin d’accompagnement. Il a traversé des périodes complexes, mais je pense qu’il a le mental pour revenir. Il faut le soutenir, l’encourager à travailler, à persévérer. Il ne faut pas brûler les étapes avec lui. Avec un encadrement adapté, il peut redevenir un élément très utile à l’équipe.
Quelques heures nous séparent du match MCEB-JSK. Comment voyez-vous cette partie ?
C’est un match piège, disputé dans un contexte particulièrement tendu. Les deux équipes sont en forme, elles restent sur de bons résultats. C’est un duel qui promet car les deux camps voudront maintenir leur dynamique. Pour la JSK, ce sera un vrai test, mais elle a les arguments pour l’emporter. Le jeu en transition, la rapidité dans les contres, c’est là où elle peut faire la différence. Mais il faudra rester concentré jusqu’à la dernière minute.
Quelques journées de la fin de la saison, c’est prétentieux de la part de certains qui estiment que les Kabyles sont capables de remporter le titre. Qu’en pensez-vous ?
Je ne pense pas que ce soit prétentieux. Le championnat reste ouvert. Le niveau est très équilibré entre les premiers. Il y a encore des surprises possibles. La JSK est bien placée, elle peut croire en ses chances. Il faut y croire, travailler dur et garder les pieds sur terre. Je me rappelle en 2004, on était très mal classés au début. Hannachi m’avait appelé avec pour objectif de faire une bonne deuxième partie de saison. Et au final, on a failli réaliser le doublé, raté de peu à cause de la finale perdue contre l’USMA. Donc oui, tout est possible.
Vous allez bientôt affronter la JSK dans un match spécial certainement. Comment l’appréhendez-vous ?
Honnêtement, je ne pense pas encore à ce match. Nous avons deux rendez-vous importants avant, contre l’ASO puis le MCO. Chaque match est important et mérite toute notre concentration. Quand viendra le moment de préparer le match contre la JSK, on le fera avec le même sérieux. Mais c’est vrai que ce sera une rencontre particulière pour moi, en tant qu’ancien de la maison.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Canaris vont compter sur son public en cette fin de l’exercice pour atteindre son objectif…
Oui, absolument. Le public de la JSK est extraordinaire. Sa passion est intacte, son attachement aux couleurs est remarquable. Avec le nouveau stade, c’est encore plus impressionnant. Les supporters jouent un rôle de douzième homme à chaque match. Ils méritent un titre, ils méritent de vibrer avec leur équipe jusqu’au bout. J’espère de tout cœur qu’ils seront récompensés.
S. D.