L’ancien attaquant de la JS Kabylie, Mourad Aït Tahar, évoque le parcours des Canaris cette saison, ainsi que les ambitions du club, notamment en vue d’une participation à la Ligue des champions, la saison prochaine.
À quelques journées de la fin du championnat, comment jugez-vous le parcours de la JSK ?
Mathématiquement, rien n’est encore joué, tout reste possible. Mais si on regarde de près, la JSK a assuré sa place sur le podium. C’est déjà une très belle performance compte tenu de la concurrence et de la pression qui a accompagné la saison. Il faudra maintenant bien négocier les derniers matchs pour finir la saison en beauté avec, pourquoi pas, une deuxième place, voire plus si l’occasion se présente. C’est important d’aller au bout, de rester concentré jusqu’à la fin pour maintenir cette dynamique et finir en force. Le groupe a progressé et mérite de finir sur une bonne note.
La JSK occupe actuellement la deuxième place après une phase retour remarquable. Qu’en pensez-vous ?
Je suis tout à fait d’accord. L’équipe a réalisé une phase retour vraiment impressionnante. Il y a eu un sursaut collectif, mais aussi individuel. On a vu certains joueurs, qui ne jouaient presque pas lors de la phase aller, s’imposer comme des éléments importants. Ils ont su profiter de leur chance et ont répondu présents quand on a fait appel à eux. Cela montre que l’effectif a de la ressource, que la concurrence a été bénéfique et que le groupe a progressé. C’est une belle satisfaction. Il y a eu un vrai déclic mental et tactique, ce qui n’est jamais évident dans une saison aussi difficile. Cela prouve aussi qu’il y avait un bon travail de fond.
Ces performances ont aussi été possibles grâce à l'entraîneur Josef Zinnbauer, n’est-ce pas ?
Bien sûr. Zinnbauer a clairement apporté un plus. Il a imposé une rigueur, un état d’esprit et surtout une méthode de travail. C’est un entraîneur avec une vraie philosophie de jeu et une grande expérience. Il a su adapter son discours aux réalités du club et du championnat algérien. Il faut lui reconnaître le mérite d’avoir redonné confiance à plusieurs joueurs et d’avoir trouvé une certaine stabilité dans le jeu de l’équipe. Il a aussi su maintenir un bon équilibre entre jeunes et expérimentés. C’est le genre de profil idéal pour accompagner le club dans un vrai projet sportif.
Son contrat prendra fin en 2026. Estimez-vous nécessaire de le prolonger dès maintenant ?
Ce genre de décision appartient à la direction, mais à mon avis, oui. Si on parle de stabilité et de projet sportif à moyen ou long terme, il est préférable de sécuriser la présence de l’entraîneur. Cela permettrait d’avoir une continuité dans le travail. Le coach est encore sous contrat pour une saison supplémentaire, mais s’il y a une volonté commune de construire, autant poser les bases dès maintenant. Cela évitera les incertitudes et permettra au staff de travailler plus sereinement. On sait qu’en football, les projets solides reposent souvent sur la stabilité de la barre technique.
La direction envisage de le prolonger et de lui donner carte blanche dans le recrutement. Un commentaire ?
Après ce qu’il a montré depuis son arrivée, c’est une suite logique. Il connaît désormais le groupe, le niveau du championnat et les exigences du club. Lui donner carte blanche dans le recrutement, c’est reconnaître ses compétences et lui permettre d’appliquer sa vision. C’est lui qui sait ce dont l’équipe a besoin, les profils à cibler et les postes à renforcer. Il faut lui faire confiance, car la réussite passe aussi par une stratégie de recrutement cohérente et adaptée à ses choix tactiques.
La JSK vise une participation à la Ligue des champions, la saison prochaine. Que faut-il faire pour bien y figurer ?
Je ne suis pas du genre à donner des conseils, mais ce que je peux dire, c’est qu’une compétition aussi exigeante que la Ligue des champions nécessite un renfort qualitatif. Il faut viser juste dans le mercato, choisir des joueurs expérimentés, capables de supporter la pression et de faire la différence dans les grands matchs. Il faut aussi penser à l’équilibre de l’équipe et à la profondeur de banc. Mais ce n’est pas tout. Il faut préparer une vraie stratégie. Ce sont des compétitions où chaque détail compte. L’expérience du passé doit servir de leçon.
Que voulez-vous dire ?
Ce que je veux dire, c’est que la Ligue des champions ne doit pas devenir une obsession au point de négliger le championnat. On a déjà vécu des saisons où on a bien figuré sur le plan continental sans rien gagner localement. En 2021, par exemple, la JSK a atteint la finale de la Coupe de la CAF, mais n’a rien remporté au final. Pareil en 2023, avec un quart de finale contre l’Espérance de Tunis, mais sans titre en fin de saison. Les supporters retiennent les trophées, pas les parcours honorables. À un moment donné, il faut aussi penser au palmarès du club. Il faut que cette envie de gagner soit partout, pas uniquement sur la scène africaine.
Alors quelle est la meilleure stratégie à adopter ?
Il faut préparer une équipe capable de jouer sur plusieurs fronts. Cela passe par un effectif riche, équilibré, où chaque poste est doublé par des joueurs compétitifs. La saison prochaine ne doit pas être improvisée, il faut la planifier dès maintenant. Il y a déjà de jeunes talents prometteurs dans l’équipe, mais il faudra leur adjoindre de l’expérience pour créer une base solide, capable de durer deux ou trois ans. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, la JSK avait construit une équipe cohérente, et cela s’est soldé par trois Coupes de la CAF. Rien ne s’est fait au hasard. Aujourd’hui encore, cette approche est valable. Il faut du travail, de la stabilité et de la vision.
Un dernier mot pour les supporters ?
Les supporters sont le cœur de la JSK. Ils veulent voir leur club gagner des titres, pas seulement jouer les rôles secondaires. Leur exigence est légitime. J’espère que la direction poursuivra dans cette voie, avec lucidité et ambition. Et surtout, qu’on construise quelque chose de solide et durable. La JSK a une grande histoire, une identité forte et un public fidèle. Il faut tout faire pour renouer avec les titres et redonner au club la fierté qu’il mérite.
S. D.