Kamel Mouassa, ancien entraîneur de la JS Kabylie, continue de suivre de près l’actualité du club. Joint par nos soins hier matin, le natif de Guelma a accepté de répondre à nos questions. Selon lui, le mérite du retour en force de la JSK sur la scène africaine revient avant tout aux dirigeants, au conseil d’administration et à leur tête le président Ould-Ali. Il estime également que la prolongation du contrat de l'entraîneur Josef Zinnbauer s’inscrirait dans la logique de continuité d’un projet déjà amorcé. Entretien.
On imagine que vous continuez de suivre les performances de la JSK, une équipe que vous portez dans votre cœur depuis toujours…
Effectivement, je suis de très près l’actualité de la JS Kabylie, et je m’intéresse particulièrement à ses résultats. Je dirais que cette équipe a énormément progressé, notamment depuis le début de la phase retour. Cela se reflète d’ailleurs clairement dans sa position actuelle au classement général. Les fruits d’un travail méthodique et sérieux ont fini par payer et, aujourd’hui, les supporters peuvent à juste titre se montrer fiers de leur équipe.
Peut-on dire que l’arrivée de l’entraîneur Josef Zinnbauer a redonné confiance au groupe ?
Avant même d’évoquer l’entraîneur et ce qu’il a accompli, je tiens à saluer le travail remarquable de la direction, en particulier les membres du conseil d’administration, avec à leur tête le président El-Hadi Ould-Ali. Ils ont su redresser une situation qui paraissait compromise, en prenant les décisions qu’il fallait au bon moment. Maintenant, bien sûr, il ne faut pas minimiser le rôle de l'entraîneur allemand. En l’espace de quelques semaines seulement, il a su insuffler une nouvelle dynamique à cette équipe, en trouvant la formule gagnante qui a permis à la JSK de retrouver son lustre. C’est tout à son honneur.
Quels sont les atouts de la JSK, selon vous ?
Je dirais que sa principale force, c’est le collectif. On ne peut plus parler d’individualités. Chaque joueur complète l’autre. Il y a une vraie harmonie dans le jeu. Chaque élément évolue à son meilleur niveau dans son poste, et cela fait toute la différence. C’est cette alchimie qui a permis à la JSK de redresser la barre et de postuler à une place sur le podium. Cette cohésion, cet esprit de groupe, c’est la base de toute équipe compétitive.
Justement, il ne reste que trois matchs. Comment voyez-vous la suite de la compétition ?
Tout d’abord, il faut souligner que la JSK a officiellement assuré une participation africaine pour la saison prochaine, ce qui est déjà une très belle chose. Comme tout le monde le sait, la JSK est un club bâti pour les titres, habituée à jouer le haut du tableau et à briller sur la scène continentale. Je pense aussi que le titre n’est pas encore mathématiquement inaccessible. Même si le Mouloudia dispose d’une marge confortable, dans le football, rien n’est jamais acquis. La JSK peut finir la saison en beauté, et sa qualification à la Ligue des champions est quasiment assurée à 90%. C’est un retour très attendu dans la plus prestigieuse des compétitions africaines.
Vous avez évoqué le travail de l’entraîneur Zinnbauer. Pensez-vous qu’il faut prolonger son contrat rapidement ?
Vous savez, en Algérie, on a malheureusement tendance à changer d’entraîneur à la moindre contre-performance. Il suffit de deux ou trois faux pas, et on commence déjà à parler de remplacement. Or, dans le cas de Zinnbauer, ce serait une grave erreur de ne pas miser sur la stabilité. Il a accompli un excellent travail en très peu de temps, et la logique voudrait qu’on lui propose une prolongation. C’est un coach compétent qui a compris les spécificités du football algérien. Si la direction souhaite inscrire son projet dans la durée, elle doit absolument le maintenir en poste.
Vous avez suivi plusieurs matchs de la JSK. Y a-t-il des joueurs qui vous ont particulièrement impressionné ?
Comme je l’ai dit plus tôt, la JSK actuelle ne repose pas sur un ou deux joueurs. Sa force réside dans le collectif. Chaque élément donne le meilleur de lui-même sur le terrain. Cette implication générale a facilité le travail de l’entraîneur, qui a pu trouver rapidement des solutions efficaces, même en cas d’absence ou de blessure. Cela prouve qu’il y a un véritable esprit de groupe dans cette équipe.
Vous avez évoqué tout à l’heure le cas Boualia. Que pensez-vous de ses prestations ?
Boualia est un joueur talentueux, un cadre de cette équipe. Il possède d’énormes qualités techniques. Malheureusement, cette saison, il a connu des hauts et des bas. Je pense qu’il a été trop responsabilisé à un moment où il était encore jeune et en pleine progression, notamment lorsque la JSK luttait pour éviter la relégation. Cela l’a probablement affecté sur le plan psychologique. Il a dû porter une pression trop grande sur ses épaules. Mais je suis convaincu qu’il finira par retrouver son meilleur niveau. Il a encore de belles années devant lui.
Selon vous, pour que la JSK retrouve pleinement son identité et gagne de nouveaux titres, que faut-il vraiment faire ?
La JSK est un club qui possède une histoire immense. On parle d’un multiple champion d’Afrique, d’un club légendaire. Pour qu’elle retrouve sa grandeur, il faut d’abord qu’elle retrouve une régularité sur la scène continentale. Cela passe par la stabilité, le recrutement intelligent, la formation de jeunes talents, mais aussi le maintien d’un environnement calme, sans turbulences. La sérénité est essentielle pour bâtir un projet solide. Tous ces éléments réunis peuvent permettre à la JSK de redevenir une référence en Afrique.
Ne pensez-vous pas que les supporters ont également joué un rôle clé dans ce renouveau ?
Absolument, et j’allais justement en parler. Les supporters ont été exemplaires. Ils ont soutenu l’équipe avec passion mais aussi avec une grande maturité. Même dans les moments difficiles, ils ont su rester dignes, quitter le stade dans le calme, sans jamais céder à la violence. Ce comportement est à saluer. Leur soutien constant a motivé les joueurs, et leur comportement a montré qu’ils méritaient largement les succès à venir. Ils font véritablement partie intégrante de cette réussite.
S. D.