Bougherra : «Cette CAN est ma dernière, je ne veux pas la rater»

C’est un Madjid Bougherra très serein qu’on a eu au bout du fil hier après-midi. Le capitaine de la sélection nationale, qui s’est fait opérer deux fois des adducteurs en deux mois seulement, est optimiste et pense pouvoir revenir à la compétition avant
- Comment vous sentez-vous après l’opération que vous avez subie il y a une semaine à Bordeaux ?
- Je vais bien merci. Je suis surtout soulagé parce que l’intervention a été une totale réussite. Maintenant, je peux me concentrer sur ma rééducation et espérer revenir vite à la compétition.
- Peut-on savoir pourquoi vous vous êtes fait opérer une deuxième fois, est-ce que la première intervention n’a pas été réussie? 
- En fait, je pensais que j’allais complètement me débarrasser de mes soucis aux adducteurs après cette première opération, mais cela n’a pas été le cas. Je continuais toujours à ressentir une gêne au niveau de mon pubis. J’ai donc décidé de me renseigner auprès des médecins spécialistes, qui m’ont conseillé d’aller voir un spécialiste à Bordeaux, ce que j’ai fait. Bien sûr, j’ai demandé l’autorisation des responsables mon club pour partir en France. Je les remercie à l’occasion, de m’avoir permis d’aller dans cette clinique. Ils m’ont beaucoup soutenu. Ils se sont aussi inquiétés de mon état de santé. Je les remercie vraiment du fond du cœur.   
- Qu’est-ce qui vous garantit que cette nouvelle chirurgie va éliminer définitivement vos douleurs ?
- Il faut d’abord que vous sachiez que cette opération est complètement différente de la première. Celle-là a un rapport avec les reins, en fait c’est un peu compliqué. Mais ce que vous devez savoir, c’est que je ne ressens plus les douleurs ou la gêne que j’avais après ma première intervention et cela est très important, c’est même essentiel. En fait, pour vous résumer la situation, entre la période qui a suivi mon premier passage sur le billard et celle-là, c’est comme le jour et la nuit. A vrai dire, aujourd’hui je suis tranquille. 
- Qu’est-ce qui vous attend à présent ?
- Je ne dois faire aucun effort pendant 3 semaines, parce que les sutures sont encore nouvelles. Je dois faire très attention. Mis à part l’ultrason et le changement de pansements, je dois me tenir immobile ou presque pendant 21 jours.
- Et après ?
- Après ça, les choses sérieuses commenceront pour moi. Je commencerai à courir et j’entamerai ma rééducation. 
- Quand pensez-vous pouvoir renouer avec la compétition ?  
- Normalement, si tout va bien, fin novembre ou au plus tard début décembre.
- C’est ce qu’a dit aussi Vahid Halilhodzic. Mais pensez-vous vraiment pouvoir vous remettre aussi rapidement après une vraie intervention chirurgicale ?
- Ecoutez, si le médecin l’a dit, il a de bonnes raisons pour avancer ces délais. En tous cas, c’est mon souhait le plus cher. Les médecins ont fait ce qu’il fallait, ce qui reste, c’est moi et ma volonté de me rétablir qui décidera. Vous savez, dans ce cas de figure ça dépend généralement du patient ou de l’opéré. Si on est assez motivé, si on fait exactement ce que les médecins nous demandent et surtout si on ne craque pas, je pense qu’on peut revenir avant même la date fixée. Maintenant, si vous vous dégonflez, ou si vous ne faites pas ce qu’il faut, attendez-vous à passer une longue période de remise en forme.
- On imagine que c’est usant sur le plan psychologique, parce que c’est généralement là que la plupart flanchent et déposent les armes ?
- Oui, bien sûr, surtout dans mon cas. Vous savez, c’est ma première grosse blessure dans ma carrière. Je ne me souviens pas être resté trois mois sans jouer au football. Et là, ça fait plus que ça et ça va durer encore. Néanmoins, et comme je vous l’ai déjà dit, je suis hyper motivé. Je sais ce qui m’attend et je sais ce que je dois faire. Ça ne sera pas une partie de plaisir, mais il faut absolument que je revienne vite. 
- Qu’est-ce qui vous motive à ce point ?
- Mon amour pour le football, mon esprit compétitif. Je ne peux pas supporter d’être éloigné des terrains. C’est ma raison de vivre et c’est ce qui me fait vivre aussi. 
- Il y a aussi la CAN, les éliminatoires de la Coupe du monde, la sélection nationale…
- Vous m’avez compris. Cette CAN sera peut-être ma dernière et je ne veux pas la rater. Si on se qualifie contre la Libye, ce qui n’est pas encore fait, j’insiste sur ce fait, je voudrais être dans le groupe qui prendra part à la phase finale. Normalement, je devrais être opérationnel fin novembre ou  début décembre. Si je joue quelques matchs avec mon club et que le coach Vahid voit que je suis prêt et que je peux tenir mon poste ou aider mes coéquipiers sur le terrain ou ailleurs, alors j’aimerais bien être là. Je ne me permettrai pas de rater cette CAN, c’est hors de question. La balle est dans mon camp, je dois faire ce qu’il faut pour convaincre le sélectionneur de mon aptitude physique et mentale.
- Le coach a justement dit qu’il était triste pour vous et pour Yebda, mais il a dit aussi que votre participation au tournoi final dépendra de vous et de votre état. 
- Oui, il a raison de dire ça. On doit d’abord rejouer dans nos clubs avant d’espérer retrouver l’équipe nationale. Personnellement, je ferai tout pour être présent. Je n’économiserai aucun effort, absolument aucun.
- Vous avez dit que c’était votre dernière CAN mais vous avez déjà déclaré que vous comptiez arrêter après la Coupe du monde 2014. Ne pensez-vous pas que c’est quand même jeune de prendre une retraite internationale à 32 ans ?
- Oui, beaucoup m’ont dit cela, mais il faut savoir quitter la table quand l’amour est desservi comme disait Aznavour. Aujourd’hui, il y a de bons défenseurs axiaux en équipe nationale. Des jeunes pleins de talents qui, je pense, sont capables de porter le flambeau. Je parle notamment de joueurs comme Belkalem ou Carl, qui sont des axiaux de haut niveau. Quand j’avais leur âge, j’attendais que les anciens partent pour pouvoir jouer, il est temps que je fasse ça pour eux, car ils le méritent bien.
- Y a-t-il une possibilité pour vous de partir après 2014, ou bien est-ce tranché ?
- Pour le moment, c’est ma décision. Après, vous savez, tout est affaire de mektoub. D’ici là, Dieu seul sait ce qui pourra arriver. 
- Vous avez vu le match aller, pensez-vous que cette équipe de la Libye soit capable de nous créer des problèmes ici à Blida ?
- La Libye est une équipe maligne. Ses joueurs font tout et n’importe quoi pour provoquer l’adversaire. Comme le coach l’a si bien dit, ce sont les champions du monde de la provocation. Il faut s’en méfier et ne pas tomber dans le piège. Techniquement et physiquement on est plus forts, c’est clair, mais dans un match de foot, tout peut arriver et chaque détail compte. Je sais que les joueurs savent tout ça et que le coach va les préparer pour ça, mais ce que je dois dire c’est qu’on n’est pas encore qualifiés. Il reste 90 minutes, peut-être plus et il faut bien les gérer.  
- Quelle est, selon vous, la meilleure façon d’aborder ce match ? 
- Il faut leur rentrer dedans dès l’entame du match. Il faut élever le tempo et ne leur laisser aucune chance, aucun espoir, aucun moment de souffler ou de reprendre leurs esprits. Marquer dès le début du match serait, selon moi, la meilleure façon d’aborder ce match, parce que si on tarde à scorer…ça pourrait devenir compliqué pour nous. Les libyens vont commencer à y croire et nous à paniquer et à jouer prudemment…il faut marquer vite, après, tout deviendra facile. 
- Vous serez là vous ?
- Bien sûr que je serai présent à Blida. Je ne raterai pas ce match. Je compte aussi me présenter à Alger à l’occasion du match amical face à la Bosnie pour fêter avec les Algériens le 50e anniversaire de l’indépendance et de la création de la FAF. 
A. B.

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