- Mehdi Abeid, une fois n’est pas coutume, nous allons commencer cette interview par une question mercato. On vous annonce partant vers la Turquie cet hiver. Confirmez-vous l’info et, si c’est le cas, vers quel club ?
- Tout d’abord je voudrais passer le salam et mes amitiés sportives à tous vos lecteurs. Je voudrais profiter de vos colonnes pour affirmer que ces allégations que j’ai pu lire ça et là concernant mon transfert en Turquie ne sont que des rumeurs sans fondements. J\'ai lu cela comme vous dans les journaux, mais je vais y couper court tout de suite en vous disant que je ne suis pas partant pour la Turquie. C’est un pays et un championnat d’un bon niveau et que je respecte beaucoup, mais je n\'ai jamais eu aucun contact avec un club turc. Je serai peut-être partant dans les prochaines semaines, sous forme de prêt, car j\'ai besoin d\'avoir du temps pour montrer ce que je vaux au quotidien. Mais, pour le moment, rien de concret, et je me concentre sur Newcastle.
- Vous avez fait de très bons matchs cette année lors de la préparation d’avant-saison et avec la réserve. Pourtant, même s’il loue vos qualités, Alan Pardew ne vous donne pas de temps de jeu avec l’équipe première. Cela doit être rageant, non ?
- C\'est sûr que c\'est frustrant de ne pas avoir de temps de jeu du tout. Mais je ne ressens aucune rage ni aucune haine et je travaille tous les jours pour gagner ma place et montrer au coach que je peux jouer dans cette équipe. Car ce n’est pas n’importe quelle équipe, c’est Newcastle United, le 11e de Premier League, avec beaucoup de stars qui ne sont plus à présenter. La cour des grands. Je n’ai que 20 ans, je suis le petit jeune et mon concurrent est l’Ivoirien Cheikh Tiotte, quasiment le meilleur du championnat anglais à ce poste. C’est à moi de gagner ma place, les autres ne sont pas là pour me faire des cadeaux.
- Comme vous nous l’avez dit précédemment, si vous quittez Newcastle, ça sera sous forme de prêt pour avoir du temps de jeu ? Quelle est la destination qui vous conviendrait le mieux ?
- Même si je suis bien à Newcastle et que je m\'y sens vraiment bien. Que j’y progresse un peu chaque jour malgré mon manque de temps de jeu avec l’équipe première, je joue régulièrement avec l’équipe réserve où j’en suis déjà à 5 buts, alors que je ne suis pas avant-centre, mais milieu de terrain. Je vous avouerais toutefois que j\'aimerais bien partir en prêt pour avoir plus de temps de jeu, montrer ce dont je suis capable et revenir m\'imposer totalement à Newcastle un jour, c\'est en tout cas ce que j\'aimerai.
- Donc, quelle serait cette destination ?
- La division deux anglaise, la Championship, me paraît être le tremplin idéal pour moi et cela me permettrait de rester en Angleterre, un pays où mon football colle bien. Mais signer dans un club allemand, un championnat adapté aussi à mon football, ou un retour en France, seraient aussi des éventualités à étudier de près si elles se présentaient.
- Sinon, hormis ce problème de temps de jeu, comment ça se passe pour vous à Newcastle ? Car, rappelons, que vous n’avez que 20 ans…
- Cela se passe super bien pour moi à Newcastle. Je progresse chaque jour, je ne m\'entraîne quasiment qu’avec l\'équipe première et j\'ai plusieurs matchs dans les jambes avec les matchs que je dispute en équipe réserve. Comme je vous l’ai dit, j’en suis déjà à 5 buts, j\'ai encore marqué lundi contre Stoke City et la semaine dernière contre Aston Villa. Donc, on peut dire que tout se passe super bien. Je remercie Dieu, d’être sous contrat avec un grand club qui croit, qui compte sur moi et qui me témoigne de la confiance chaque jour. Surtout en cette période de crise économique où beaucoup de joueurs sont au chômage.
- Avez-vous suivi les déclarations de Vahid Halilhodzic vous concernant. Surtout lorsqu’il déclare que vous êtes aux portes de l’équipe nationale A sans ce problème de temps de jeu. Quel est votre sentiment concernant l’intérêt que vous porte le sélectionneur national ?
- Honnêtement, je ne vais pas faire dans la langue de bois. Je suis très honoré et content que le sélectionneur national pense à moi et parle de moi en conférence de presse. D’autant plus que je l’ai côtoyé au Maroc lors de la CAN U23. Je peux vous dire que c’est un grand professionnel et un homme d’expérience. Je prends cet intérêt de monsieur Halilhodzic comme une récompense au travail que j’ai accompli jusqu’à aujourd’hui et cela me pousse à travailler encore plus. Je sens qu’il ne me manque pas grand-chose et qu’une sélection en équipe nationale A est possible. Et cela me motive d’autant plus. Je me sens prêt physiquement je me sens prêt mentalement et je joue régulièrement. Donc, si un jour le sélectionneur fait appel à moi pour honorer une sélection chez les A, après l’avoir connue en espoir, je serai prêt, incha Allah !
- Puisqu’on parle de l’équipe A, avez-vous suivi les derniers matchs de l’EN ? Particulièrement cette double confrontation face à la Libye ?
- Bien sûr que oui. Comme tous les Algériens, j\'ai regardé les matchs de l’équipe nationale en famille. Et je dois vous avouer que j\'ai été vraiment impressionné par la qualité individuelle et collective de ce groupe très soudé. Il y avait du beau jeu, les joueurs étaient sereins. A tel point que moi qui, habituellement, est toujours très stressé en regardant jouer les Verts, aujourd’hui, j’étais détendu tant on sentait une certaine maîtrise.
- Qu’avez-vous pensé du jeu de l’équipe nationale, vous qui êtes international espoir ?
- Cette équipe a fait de beaux matchs, aussi bien techniquement, mais aussi tactiquement, c’était vraiment bien et plaisant à regarder tout en étant efficaces puisque nous avons gagné deux à zéro. Autre point positif, j\'ai vu que la pelouse avait beaucoup changé depuis que j’avais joué dessus l’année dernière avec les espoirs et ça c’est un progrès énorme qu’il faut saluer.
- C’est à ce point-là que la pelouse vous a plus…
- Les jardiniers ont vraiment bien travaillé parce que c’était un billard. Avec ce public magnifique, toutes les conditions étaient réunies pour faire de bons matchs et c’est ce qu’ils ont fait. Je profite de votre journal pour féliciter l’ensemble du groupe et du staff pour cette qualification à la CAN 2013. Nous devions y être pour justifier notre statut et c’est chose faite. Bravo !
- Etes-vous optimiste pour la prochaine CAN ?
- Franchement, oui je suis optimiste pour la CAN 2013. Nous avons un entraîneur expérimenté et qui connaît la chanson en Afrique. On sent qu\'il y a un groupe de qualité et très soudé, composé de joueurs de talent qui jouent dans des clubs prestigieux. Nous avons récupéré une bonne défense et nous avons en plus une attaque de feu. Toutes les conditions semblent réunies pour que la fête soit belle et nous avons un statut de deuxième nation africaine au classement FIFA à défendre. Le tirage au sort qui doit avoir lieu ce soir (ndlr, entretien réalisé hier mercredi) nous en dira plus, car la CAF a eu la fausse bonne idée de nous mettre dans le chapeau 3. Je ne souhaite que le meilleur à notre EN et pourquoi pas y participer si le sélectionneur me fait l’honneur suprême de cocher mon nom sur la liste des 23. Je serai prêt en tout cas (rire).
- Vous qui aviez joué l’année passée la CAN U23 au Maroc, quels conseils pouvez-vous prodiguer à vos collègues des A, surtout à ceux qui n’ont jamais joué de CAN et qui ont sensiblement votre âge ?
- Le seul conseil que je me permets de leur donner, c’est de ne faire aucun calcul et de disputer les rencontres match par match comme si chaque rencontre était une finale.
- Demain, vous recevez une convocation pour occuper le poste de milieu récupérateur pour le prochain match amical face à la Bosnie. Seriez-vous prêt à relever ce défi ?
- Honnêtement, je suis un compétiteur et un challenger. Je n’ai peur de rien et je ne ressens jamais la pression. A Newcastle, et vous pouvez le vérifier, chaque fois qu’on a fait appel à moi, j’ai répondu présent. En ce qui concerne une sélection en équipe nationale, je serai prêt et je répondrai présent, car je sais ce que c’est que de jouer pour son pays, ça décuple vos forces. Si je reçois une convocation, je répondrai présent, car je me sens bien physiquement et je me sens aussi très en confiance.
- Vous ne jouez pas beaucoup en club, vous n’êtes pas encore en sélection A, pourtant vous êtes très populaire en Algérie. Selon vous, pourquoi le public algérien vous aiment-il tant ?
- Malgré la non-qualification pour les jeux olympiques de Londres et l’échec lors de la CAN U23, je pense avoir fait de bons matchs dans l\'ensemble et d’avoir mouillé mon maillot national. Le public algérien étant connaisseur, et les matchs ayant été très suivis à la télévision, les supporters ont dû apprécier ma performance lors de cette compétition, car j’ai tout donné. Vous savez, en club on fait beaucoup de calculs, mais en sélection, on joue pour le pays et on donne tout, absolument tout, quitte à mourir sur le terrain. Titulaire, remplaçant, dans les 18 ou pas, il s’agit de l’Algérie. Les Algériens on dû ressentir le fait que j\'ai tout donné pour mon pays , pour pouvoir nous qualifier et la détresse que j’ai ressentie, tout comme mes collègues d’ailleurs, après notre élimination. En tout cas, il n’y a pas plaisir plus intense que d’être apprécié et reconnu par les siens.
- Avez-vous un petit mot à dire à vos compatriotes, surtout vos supporters à la veille de l’Aïd ?
- Je voudrais souhaiter à tous les Algériens, amateurs de football ou non, où qu’ils se trouvent sur la planète, un très grand «AÏD MOUBARAK». Je leur souhaite longue vie et réussite pour tous. Je voudrais en profiter aussi pour souhaiter une bonne fête de l’Aïd El-Kebir aux communautés musulmanes d’Angleterre et de France et aux musulmans du monde entier.
- Et pour les gens d’Aïn Témouchent, la ville dont vous êtes originaire…
- Je voudrais saluer tous les habitants d’Aïn Témouchent. Une ville très chère à mon cœur. Je voudrais les remercier d’être mes premiers supporters et leur dire que je ferai tout pour qu’ils soient toujours fiers de moi, incha Allah.