Présent à Durban en tant que représentant tunisien lors du tirage au sort, Samy Trabelsi, après une courte virée à Rustenburg où il a visité les infrastructures de la ville, est rentré chez lui en Tunisie pour passer la fête de l’Aïd auprès des siens. Nous en avons profité pour prendre attache avec lui et lui poser quelques questions .
- Un coach qui hérite, 48 heures avant l’Aïd du groupe de la mort, peut-il vraiment fêter l’Aïd comme il se doit ?
- C’est ça un tirage au sort. Comme en 2012 avec le Maroc, cette fois aussi le hasard nous a choisi une sélection maghrébine, en plus de la Côte d’Ivoire que je considère comme adversaire arabe à cause de la présence de mon compatriote Sabri Lamouchi à sa tête (rire). Disons que c’est l’un des plus forts groupes. Chaque équipe dans ce groupe a écrit une histoire dans le grand livre de la CAN, ce qui est à mon sens une pincée de sel qui fera de lui l’un des groupes les plus suivis.
- Vous avez déclaré que c’est dommage d’hériter de l’Algérie dans le même groupe, pourquoi ?
- J’ai dit ça seulement parce que j’aurais aimé qu’on soit dans des groupes différents. En tant que Maghrébin, je voulais qu’on ait tous un maximum de chances d’aller le plus loin possible, mais bon, j’espère quand même pouvoir atteindre cet objectif, et que l’Algérie, la Tunisie et le Maroc soient tous au rendez-vous.
- Un mot sur chaque sélection composant ce groupe D ?
- Sincèrement, je crois que l’Algérie, la Tunisie et la Côte d’Ivoire partent à chances égales, alors que le Togo viendra pour jouer les trouble-fête, nous trois, on se connaît bien.
- Débuter avec un derby comme l’an passé est-il un avantage pour vous ?
- Pour moi, c’est un simple match de démarrage, il sera certes âprement disputé mais dans une compétition pareille il faut savoir monter en puissance pour aller loin, donc on tâchera de réussir nos débuts, comme ça le reste on saura le gérer. D’ici là, la Tunisie sera apte, et celui qui veut aller loin doit être concentré.
- Vous jouerez deux matches à Rustenburg, puis vous serez obligés de vous déplacez pour affronter le Togo à Nelspruit, ne trouvez-vous pas ça gênant ?
- Pas du tout, tout simplement parce que, moi, quand je joue une telle compétition, je fais toujours en sorte d’assurer la qualification au bout de deux matches, le troisième nous servira de préparation pour le second tour.
- Donc, vous pensez que 6 points face au Verts et aux Eléphants sont à votre portée ?
- Ça sera en tout cas notre objectif.
- Votre QG principal qu’est celui de
tout le groupe D sera Rustenburg. Avez-vous visité cette ville ?
- Oui, juste après le tirage au sort on s’y est rendus. D’ailleurs, les représentants de votre sélection étaient dans le même avion que nous (rire).
- Apparemment, vous êtes inespérables !
- On est allé visiter les installations de cette ville que je trouve d’ailleurs pas mal.
- Vous avez sans doute pris quelques notes…
- C’était des notes positives, c’est une belle ville, calme, propre, où il y a notamment de bons hôtels et un excellent stade, contrairement à la précédente CAN.
- Vous faites sans doute allusion aux conditions d’hébergement au Gabon et l’hôtel que vous avez partagé avec le Maroc…
Oui, entre autres, c’était à la limite de l’acceptable et, comme vous l’aviez sans doute remarqué, les conditions n’étaient pas tout à fait réunies.
- En 2012, vous avez été stoppés en quart de finale par un Ghana qui ne vous était pourtant pas supérieur…
- Il y avait cette erreur du gardien de but, c’est des choses qui arrivent, car on avait dominé notre adversaire, dommage, on tâchera d’aller plus loin cette fois-ci.
- D’autres ont lié cette sortie prématurée à l’affaire Chadli qui avait secoué le groupe la veille du match…
- Non, je ne pense pas, entre moi et Chadli il y a eu désaccord, et tout s’est arrêté là, et puis, lui, ce n’était plus un joueur clé dans mon affectif. Je préfère faire l’impasse sur cette affaire. Pour moi, c’est dépassé.
- C’était par contre le plus ancien, pourquoi les coachs ont-ils tendance à avoir ce genre de problèmes avec les anciens, car, chez nous aussi, il y a eu des cadres comme Ziani qui ont été mis à l’écart ?
- Ziani, je le connais, mais je ne sais pas pour quel motif il a été écarté. Le coach a sans doute ses raisons.
- Lui aussi, c’était un leader, un meneur comme Chadli…
- Vous savez, certains ont tendance à avoir des préjugés sans vraiment savoir les réels détails de telles affaires. Vous, les journalistes, vous aimez polémiquer alors que des fois il faut rester objectifs, et, puis, montrez-moi un entraîneur qui met à l’écart un joueur capable de donner un plus à son équipe, ça n’existe pas.
- Vous avez joué cette même EN version Vahid à Blida et vous avez perdu, quelle impression vous a-t-elle laissé ?
- J’ai joué une équipe qui avait de la volonté, de la fougue, c’était une partie disputée, mais le tout dans une ambiance fraternelle.
- C’était l’un des tout premiers matches de Vahid avec cette équipe, il avait entamé un grand chantier, pensez-vous qu’un sélectionneur doit effacer les traces de son prédécesseur pour commencer sur des bases solides ?
- Ecoutez, je vous dis une chose, je suis très déçu par l’attitude de nos peuples au Maghreb, car on a tendance à glorifier les entraîneurs étrangers aux dépens des locaux, c’est vraiment dommage qu’un entraîneur comme Saâdane, qui a qualifié votre EN à plusieurs coupes du monde et qui a même battu cette Côte d’Ivoire en 2010, soit oublié et effacé du jour au lendemain. C’est le cas aussi de Benchikha qui, je suis sûr, a fait ce qu’il fallait aussi, mais les circonstances ne l’ont pas aidé. Alors, je dis, arrêtons de minimiser les exploits de l’entraîneur local.
- Lors du CHAN au Soudan, vous avez joué cette équipe algérienne. Donc, vous connaissez quelques joueurs, donc un certain Soudani…
- Ah oui, lui, il continue depuis à être le bon buteur de l’équipe, c’est un joueur opportuniste qui est en nette progression.
- Le dernier match face à la Libye, vous ne l’avez sûrement pas raté, n’est-ce pas ?
- C’était un derby maghrébin, j’ai vu les deux rencontres. D’ailleurs, j’ai trouvé malheureux ce qui s’est passé à la fin de la partie à Casa. Le plus désolant, c’est le fait que cela ait eu lieu sur la pelouse, heureusement que ça s’est vite calmé, en témoigne le match retour qui s’est joué dans de bonnes conditions, car on a eu tous en mémoire les horribles images du célèbre match face à l’Egypte.
- Ça ne risque pas de dégénérer lors du derby du 22 janvier ?
- Non, non je n’y pense même pas.
- La Tunisie jouera le 14 novembre face à la Suisse, alors que l’Algérie se produira face à la Bosnie, pensez-vous qu’un seul match pour préparer la CAN est suffisant ?
- Et qui a dit que ça sera notre dernier match. Non, on vient d’établir notre programme de préparation de cette compétition et je vous fais savoir qu’il y aura 3 à 4 matches amicaux qu’on jouera.
- Un match face à la Libye peut-être pour préparer le derby maghrébin ?
- Non, pas du tout.
- Vous avez choisi un lieu pour effectuer le stage ?
- Etant donné que les matches n’ont pas été confirmés, il n’y a rien d’officiel.
- Vous dites qu’à Durban vous étiez dans le même hôtel que les membres de la délégation algérienne. Vous avez donc discuté avec eux ?
- On était entre amis, car j’en compte plusieurs. J’en cite Abdelhafid Tasfaout qui est un bon ami à moi. J’ai discuté aussi avec Raouraoua, le président de votre fédération.
- Vous leur avez promis une défaite ?
- Non, pas à ce point, c’était une discussion amicale.
- Récemment, il y a eu un conflit entre vous et le joueur Youcef Msakni lié à un désaccord sur les droits publicitaires, est-ce que c’est réglé ?
- Non, tout est rentré dans l’ordre. Il y a eu un malentendu et, puis, c’est une affaire interne qui ne méritait pas tout ce bruit, l’affaire est close.
- L’Algérie s’est renforcée grâce à la venue d’éléments de valeur comme Feghouli, alors que d’autres joueurs sont ciblés, qu’en est-il de la Tunisie?
- Je ne dirai pas non à des joueurs qui apporteront un plus à condition que ça soit des éléments qui intégreront mon groupe facilement. Je ne veux pas de joueurs qui créent des problèmes. Avoir des joueurs comme Feghouli qui joue dans un grand club, c’est le vœu de tout entraîneur, moi j’ai un groupe homogène et qui est en train de murir, c’est avec ça que je compte continuer, tout en continuant à prospecter dans le championnat local ou même ailleurs pour trouver des oiseaux rares qui apporteront un plus.
- De nombreux joueurs algériens sont arrivés cette année dans votre championnat, dont le duo Djabou-Lemouchia au Club Africain, ça vous inspire quoi ?
- Pour moi, c’est une belle chose. Ces deux joueurs sont pétris de qualités, je les connais depuis deux ans, lors du CHAN au Soudan. Ils ont de grandes qualités techniques et je m’attends à ce qu’ils apportent leur savoir-faire au CA. C’est bien d’échanger comme ça des joueurs, ça permet à ces éléments de s’aguerrir et c’est bien pour la sélection.
- Belaïli et Ziaya aussi sont en Tunisie, mais eux ne jouent pas avec les Verts ?
- Oui, je le sais. Ziaya est un bon buteur, mais le coach sait pourquoi il ne fait pas appel à lui.
- On vous laisse le soin de conclure…
- Je profite de cette occasion pour souhaiter que le derby maghrébin du 22 janvier se joue dans le fair-play, en tout cas, ça je n’en ai aucun doute, car entre Tunisiens et Algériens, il y a plus qu’une amitié, et ce n’est pas un match de foot qui prouvera le contraire.
S. M. A.
Six (sél. Togo) : «Le Togo défiera tous les autres»
«Toutes les sélections ont peur de jouer contre nous. Aucune équipe ne me fait spécialement peur. Vous croyez que des matches que j’ai vus de la Côte d’Ivoire, nous ne pouvons pas passer au dessus ? Poule de la mort ou pas, le Togo ira défier tous les autres pays. Nous causions déjà d’énormes difficultés à ces équipes au moment où nous n’étions pas bien. Maintenant, nous avons une équipe sur laquelle on peut compter», le sélectionneur national Didier Six.