Il nous a confié quelques informations relatives à l’organisation de sa structure, dans un pays ravagé par la guerre. Il n’a pas manqué de saluer le travail effectué par le selectionneur actuel de leur équipe, à savoir Susic, qui se dirige droit vers le Mondial grâce à un parcours exceptionnel aux éliminatoires. Donc, quand on demande à Ivan s’il y a possibilité de voir un jour Halilhodzic prendre en main la sélection, le ton change et la gêne prend le dessus, et ce, pour plusieurs raisons. «Je ne peux pas vous dire maintenant que je veux le voir entraîner la sélection et tout ça, car le sélectionneur actuel va se fâcher», nous lance-t-il, avant d’entrer encore plus dans le vif du sujet : «Vous le considérez peut-être chez vous comme étant le meilleur, mais chez nous, il ne l’est pas.» Et de se rétracter juste après pour évoquer un autre motif : «Chez nous, c’est pas le moment de parler de cela, parce qu’on est bien partis dans les qualifications pour le Mondial et ce serait dommage de gâcher tout ça.»
«Lui et Susic sont tout le temps ensemble»La Bosnie est venue au secours de la FAF qui misait sur la rencontre d’aujourd’hui pour fêter le cinquantenaire de sa création, Raouraoua voulait le Brésil et il a perdu beaucoup de temps à les attendre, et à la dernière minute, il a eu la chance de trouver la sélection des Dzeko, Pjanic et autre Spahic, comme bon sparring-partner, et cela ne serait pas devenu possible sans la grande amitié qui lie les deux sélectionneurs des Verts et de la Bosnie. «Parmi les raisons qui me poussent à éviter de parler de Vahid chez nous, c’est cette amitié le liant à Susic, en plus ils se respectent beaucoup, les deux hommes habitent à Paris et sont pratiquement tout le temps ensemble», nous avoue le premier responsable du football bosniaque.
«J’espère qu’on va se retrouver au Brésil et laissez les gens parler de combines» Osim a, semble-t-il, grandement apprécié ces nouvelles relations tissées avec la FAF. D’ailleurs, il était tout content de discuter avec des Algériens à l’aéroport. Il nous a affirmé qu’il croisera les doigts pour nous retrouver au Brésil, ce qui est, d’après lui, meilleur qu’un match retour à Sarajevo. «Au lieu d’un match retour, je préfère retrouver cette équipe algérienne dans un an et demi au Brésil lors du Mondial, ça serait formidable. Désormais, on se connaît bien, d’ailleurs je me demande même si les gens ne vont pas redouter qu’on combine durant la compétition», a-t-il lancé avec beaucoup d’humour, en référence à la fameuse histoire entre Allemands et Autrichiens de 1982.
«Les stades chez nous servaient de forteresses,ils ont été détruits durant la guerre» Ivan Osim a pris en main les rênes du foot dans son pays, alors que ce dernier venait de traverser une période de guerre. Il a entamé un très grand chantier qu’il aura du mal à achever, d’autant que les infrastructures sportives, notamment les stades, ont tous été détruits. «On a traversé une guerre et tous nos stades ont été détruits, car pendant la guerre, les stades étaient une forteresse, ils nous servaient d’endroits d’où on pouvait se défendre, et ils ont été visés, maintenant on doit tout refaire à zéro.»
«L’argent du projet Goal a été détourné par mes prédécesseurs»Enchaînant sur la question des infrastructures, on a demandé à Ivan si son pays n’a pas été aidé par la FIFA et s’il n’a pas bénéficié de l’aide entrant dans le cadre du projet Goal (dont a bénéficié d’ailleurs l’Algérie). Il rétorque : «La FIFA nous a dit : aidez-vous, vous-mêmes, après on verra.» Et d’ajouter : «Oui, la Bosnie était parmi les pays qui ont bénéficié du projet Goal, mais ceux qui ont travaillé avant nous sur ce projet ont détourné l’argent.» Voilà ce que nous a confié l’ancien coéquipier de Dahleb.
Durant sa carrière de joueur, Ivan Osim a eu la chance de jouer avec Mustapha Dahleb, d’où le respect qu’il a pour notre pays, mais notre discussion avec lui s’est avérée fructueuse puisqu’il nous a avoué qu’il a côtoyé aussi Gilbert Gress à Strasbourg, un Français qui a connu l’Algérie et qui a vu des choses qu’il a racontées à notre interlocuteur. «Jai beaucoup de respect pour votre pays et sa révolution, je sais que l’indépendance vous l’avez payée au prix cher des vies de vos martyrs. Dahleb m’en a parlé (ils ont joué ensemble à Sedan), mais aussi Gilbert Gress, qui m’a raconté des choses grâce auxquelles cette belle image de votre pays et de sa résistance s’est construite dans ma tête», a-t-il conclu. S. M. A.