- Hier, (Ndlr, entretien réalisé hier en fin d\'après-midi : 20 secondes) à la conférence de presse d\'après match, c\'est le cœur qui a parlé ?
- En fait et plus exactement, c\'était 22 secondes. Je voulais être logique et sincère, pourquoi dire plus alors qu\'il y avait certaines données avec lesquelles je n\'étais pas d\'accord. Donc, j\'ai préféré ne rien dire pour ne pas faire de déclarations que je ne pensais pas forcément…
- Justement, vous avez fait savoir que l\'arbitrage est devenu une dictature ?
- J\'ai dis que si l\'arbitrage devenait une dictature, on ne peut plus jouer au football. Nous sommes un petit pays et nous sommes certainement le petit poucet dans cette compétition et dans ce groupe D, et de ce fait, je ne peux pas me permettre de ne pas défendre mes joueurs. Mais je n\'enlève rien à la prestation des Ivoiriens qui ont bien joué. Maintenant, je vais arrêter de parler de l\'arbitrage et je préfère me concentrer sur le prochain match qui nous opposera à l\'Algérie.
- Justement, à trois jours de la rencontre face à l\'Algérie, ressentez-vous un sursaut de la part de vos joueurs après la défaite ?
- Et bien, dès hier soir, on s\'est réunis. Nous avons discuté. Il fallait laver la tête des joueurs, notamment sur le plan psychologique, vu que nous sommes dos au mur. Donc, j\'ai déjà joué mon rôle d\'entraîneur pour remobiliser la troupe, comme je le ferai certainement tout au long de ces trois jours.
- C\'est votre première CAN, qu\'est-ce que vous aimez dans le fait d\'entraîner une équipe africaine ?
-Déjà, je ne vais pas me vanter en me disant que j\'avais plusieurs propositions, surtout avec les difficultés que j\'ai eues en France. Je voulais construire quelque chose avec cette équipe togolaise. Depuis 15 mois que je suis en place, nous nous sommes qualifiés pour cette CAN. A présent, l\'objectif est de franchir un autre palier en décrochant un billet qualificatif pour le deuxième tour. Peut-être que je suis un entraîneur atypique dans ma façon de travailler…
- C\'est-à-dire ?
- J\'aime être près de mes joueurs. Il y a une autodiscipline que je leur instaure et j\'ai un groupe vraiment fabuleux qui y adhère très bien. Ce groupe se gère bien, il est à l\'écoute, ce sont de vrais professionnels. Je pense qu\'une fois cette CAN terminée, il y aura quelqu\'un d\'entre eux qui va intéresser de grands clubs.
- C\'est facile de trouver sa place dans une sélection pareille lorsqu\'il y a une personne aussi importante qu\'Adebayor ?
- Adebayor est un leader. C\'est l\'image du Togo. Je pense qu\'on parle de lui plus que le président de la République togolaise. Lorsqu\'on évoque le Togo, on pense forcément à Adebayor. C\'est à gérer et c\'est la preuve que je peux gérer un grand joueur comme lui. De son côté, il apporte beaucoup de par notamment ses synthèses d\'après-match. Je vous avoue qu\'on n\'a pas besoin de se parler beaucoup pour nous comprendre, mais le dialogue est là et l\'osmose est présente et c\'est ce qui est le plus important à mes yeux. Sur le terrain, je n\'ai pas besoin de parler aux joueurs, il est là…
- Sa venue a fait grosse polémique ?
- Il avait envie de rejoindre la sélection, mais à certaines conditions, et j\'étais à 100% d\'accord avec ses idées…
- Quelles étaient justement ses idées ?
- L\'organisation, que tout soit mis à temps, que ce soit pour les billets, les hôtels et tout ce qui s\'en suit.
- Vous aurez à affronter l\'Algérie samedi. De ce que vous avez pu voir hier, vous êtes plutôt inquiet ou rassuré ?
- Ni inquiété ni rassuré. Je connais bien Vahid et je sais très bien qu\'il va nous concocter quelque chose, car il nous a vus jouer face à la Côte d\'Ivoire. De mon côté aussi, je vais faire la même chose, car je vous avoue que j\'ai déjà vu le match Tunisie-Algérie deux fois. L\'Algérie est une équipe technique et la nôtre aussi et je pense que ça sera un beau match. Maintenant, il est clair que la victoire d\'une des équipes fera tomber l\'autre et ça sera dur à digérer que ce soit pour Vahid ou pour moi, mais il n\'y a que deux places pour aller en quarts.
- Vous dites que vous avez vu le match deux fois, comment avez-vous trouvé cette équipe algérienne ?
- Techniquement très bien en plus du fait qu’ils ont un très bon avant-centre dont il faudra se méfier (il parle de Slimani) et on voit bien qu’il y a l’empreinte de Vahid. L’Algérie a fait une Coupe du monde et une CAN lors de ces trois dernières années. Ce pays est un vrai vivier du football, car on aime ce sport et vous le savez très bien. Je dirais que les quatre équipes qui sont dans ce groupe et au vu de ces premiers matchs, seraient certainement passées si elles étaient dans des groupes différents.
- Vous allez entamer cette rencontre avec l’esprit de gagner ou plutôt pour gérer l’avant-dernière rencontre ?
- On ne peut pas entamer une rencontre sans l’esprit de la gagner et cela quel que soit le match. Donc on ne vas pas jouer ce match pour le perdre.
- Les grosses hésitations d’Adebayor avant cette CAN, ont-elles perturbé l’équipe ou non ?
- Une équipe ça se construit sur une colonne vertébrale avec un grand gardien, un grand défenseur, un grand milieu et un grand attaquant, mais surtout un grand attaquant, car on gagne les matchs en mettant des buts. Donc le fait qu’Adebayor soit là c’est une aubaine pour l’équipe et pour le pays. J’ai pu lire dans la presse locale que je ne voulais pas de lui et d’Agassa et je peux vous affirmer que c’est archifaux, car ce serait me tirer une balle dans la tête ou dans le pied.
- A votre avis ça va se jouer sur quoi samedi ?
- Ça peut se jouer sur rien comme d’ailleurs les deux premiers matchs d’hier.
- Si vous aviez un message à passer à Vahid, ça serait quoi avant ce match ?
- Et bien salut Vahid et à samedi.
- A votre avis ça sera aussi une bataille tactique ?
- Il y aura certainement une bataille tactique aussi. J’avoue aussi que Vahid est un vieux routier et un renard, mais je pense que moi aussi j’ai ma façon de gérer et on verra ce que ça va donner samedi.
- Vous avez décidé de garder Adebayor sur le terrain face à la Côte d’Ivoire alors qu’il n’en pouvait plus ?
- Parce que je pense tout simplement que lorsque Adebayor est sur le terrain il nous bloque deux à trois défenseurs adverses et ça laisse forcément des espaces pour les autres. Et si j’ai pris cette décision aussi de le laisser jouer tout le match face à la Côte d’Ivoire c’est parce que je sais qu’il va monter en puissance.
A. H. A.