Grâce à son match époustouflant et celui de toute son équipe, Sochaux a réussi à battre l’ogre parisien. Ryad Boudebouz, qui savourait encore hier matin le fabuleux succès contre la panoplie de stars du club de la capitale, revient avec nous sur cette soirée où tout était favorable à son équipe. Il n’oublie pas d’évoquer la CAN et l’EN où ça ne marche pas très bien pour lui.

- Quand on fait chuter un géant comme le PSG, quel sentiment peut-on avoir ?

- On est forcement heureux, surtout qu’au bout, on quitte la zone de relégation, et face à une équipe comme le PSG, ce n’est pas démérité, toute l’équipe a fait un gros match. A la fin du match, quand tu vois l’ambiance au stade, toute l’équipe qui est contente, ça fait plaisir et ça fait du bien.

- Le PSG n’a pas souvent perdu cette saison et c’est la première fois qu’ils tombent depuis le début de l’année, votre équipe a visiblement quelque chose de spécial face aux grosses équipes…

- C’est sûr qu’on a une motivation qui vient lorsqu’il s’agit d’un gros du championnat, c’est à nous de faire les efforts pour réussir des performances comme ça. Et voilà, tout le monde prend du plaisir sur le terrain, même si on court beaucoup et on est fatigués, mais c’est notre plaisir. Mais à la fin, on est récompensés, donc, il faut continuer comme ça.

- Qu’est-ce qui fait que Sochaux n’arrive pas à enchaîner, car on a vu qu’au niveau du jeu, vous avez carrément surclassé Paris, vous n’avez pas démérité. Pourquoi vous ne reproduisez pas de telles prestations face à des équipes plus moyennes ?

- Parce qu’on est une équipe de jeunes, et parfois, c’est difficile de se remotiver face à des équipes plus petites. C’est une expérience qu’il faut encore acquérir pour passer un palier et gagner plus de matches, car on a vraiment un bon groupe et de bons joueurs. Aujourd’hui, on l’a prouvé.

- L’équipe a bien tourné, mais on a aussi vu un grand Ryad Boudebouz. Sur un plan personnel, vous étiez aussi encore plus motivé, comment ça se passe au niveau de la tête ?

- Même pas, hier, c’était important, parce que Troyes a fait 2-2 à Toulouse, il était donc important de gagner ce match, d’autant que Paris était handicapé par quelques absences. Donc, il fallait en profiter de ce moment là et tout s’est finalement bien passé.

- On a vu aussi que vous avez joué le rôle d’un vrai patron, autrement dit, vous étiez le patron de cette équipe, est-ce que vous sentez cette responsabilité ?

- Oui, oui, c’est mon rôle au milieu de prendre le ballon, de bien le donner et de calmer à des moments du match, et parfois même de prendre le ballon sur le côté et de le garder pour soulager tout le monde. Je pense que ça marche de mieux en mieux, mais il y a des choses encore à améliorer.

- Vous pouviez même scorer un but, mais ce n’est pas allé au fond, qu’est-ce qui s’est passé sur cette action là ?

- Non, c’est venu tellement fort que je voulais sauter pour la laisser partie au fond, donc quand je suis monté, ma première jambe a suivi, mais le ballon était tellement fort que je n’ai pas eu le temps de dégager la voie.

- Vous étiez décisif sur le but égalisateur grâce à une passe en profondeur magique. Racontez-nous l’action, comment l’avez-vous fait ?

- J’ai reçu le ballon sur le côté, et quand j’ai vu Roudet faire un appel en profondeur, il fallait bien la mettre derrière son dos, et il l’a bien reçue et il l’a mise dedans.

- Et sur cette action du 3^e but, ce fut un vrai travail d’équipe, puisque ça été combiné à 3, vous avez vu votre coéquipier au second poteau, puis ce dernier remet sur le buteur, on voit bien qu’il y avait un travail et des automatismes, surtout le jeu en triangle, est-ce que vous les travaillez beaucoup aux entraînements ?

- Ce n’est même pas ça, on travaille l’animation offensive, après ça vient automatiquement, vu l’entente devant. Voilà, tout le monde s’entend bien sûr le terrain, et tout cela vient automatiquement.

- En face, il n’y avait pas Beckham, mais il y avait Ibrahimovic qui a tout tenté, vous ne jouez pas en défense, donc vous n’avez pas eu affaire à lui, mais dites-nous quand même quand on a un tel joueur comme adversaire sur le terrain, quel sentiment pouvons-nous avoir au niveau du jeu ?

- Non, je crois que la défense était bien en place face à un joueur qui à chaque début d’attaque il fait des gestes techniques et attire tout sur lui. C’est ce qui fait la différence pour les grands joueurs, et Zlatan en fait partie, mais hier, il n’a pas été à 100%, je pense.

- Les gens s’attendaient à ce que le PSG fasse une démonstration avant le grand clasico face à l’OM, mais au lieu de voir une grosse attaque du PSG, on a vu plutôt celle de Sochaux. C’est ce qui ressort après un tel match, on peut dire que votre victoire a fait le buzz au niveau du jeu notamment…

- Nous, on n’avait rien à perdre avant le match. Le coach nous a parlé, il nous a demandé de jouer comme on le fait, car Saint-Etienne avait joué comme ça au Parc et elle avait gagné, car si tu laisses jouer une bonne équipe, c’est sûr que tu perds le match, mais si tu la presses, ça sera difficile, même avec les meilleurs joueurs du monde. Ça sera difficile pour eux, donc on l’a bien fait, et j’espère qu’on continuera sur cette même lancée.

- Certains n’ont sans doute pas eu l’occasion de voir Sochaux jouer cette année, mais face à Paris, on a vraiment senti qu’il y avait de la qualité concernant les joueurs, la plupart sont nouveaux, mais la qualité était visible. Est-ce que vous ne vous dites pas que cette équipe mérite mieux que de jouer le maintien ?

- Oui, mais si on n’a pas cette régularité chaque week-end, on ne pourra rien jouer, la qualité on l’a, et tout le monde le sait. Sochaux est un centre de formation qui forme toujours de bons joueurs qui vont toujours loin, à nous donc de travailler toujours avec cette régularité pour être bons plusieurs week-ends de suite.

- Quand les Algériens ont regardé le match,  car ils étaient sans doute nombreux à le faire, et qu’ils assistaient à un tel match de votre part, ils vont sans doute se demander comment un joueur comme Ryad ne joue pas souvent titulaire en équipe nationale…

- Oui, je le sais, quand je suis en équipe nationale, j’ai envie de jouer. Après, Vahid fait ses choix et je les respecte. Ceci dit, ça m’énerve de ne pas jouer moi aussi, j’ai envie de jouer, j’ai envie d’aider mon pays, surtout quand je vois mes partenaires jouer, mais comme j’ai dit, le coach fait ses choix, et je dois les respecter. Mais ce qui est sûr, c’est qu’à Sochaux ou en équipe nationale, je suis toujours prêt, et lorsqu’on me fait jouer, je me donne à fond.

- Certains vous reprochent de ne pas revenir trop derrière pour récupérer des ballons et défendre comme le font beaucoup de joueurs en sélection, et dimanche, on a vu que vous avez beaucoup progressé sur cet aspect là. Est-ce que vous en êtes conscients et que vous travaillez cet aspect ?

- Non, même pas ça, car j’ai le physique et quand je vois que le coach m’accorde sa confiance et je le vois derrière moi, je vais le faire automatiquement. Je me donne à fond sur le terrain. Il y a des fois où je sens que je n’ai pas la confiance derrière moi, la confiance du coach.

- Le prochain stage de l’EN, ça sera le 20 mars, est-ce que c’est bien ou non qu’il y ait comme ça des stages proches l’un de l’autre en sélection, surtout pour ce qui est des automatismes qu’on ne peut pas perdre grâce à cette succession de stages ?      

- Oui, c’est bien, ça nous fera aussi plaisir de voir les coéquipiers et les potes, parce qu’on rigole bien, on s’entend bien au sein de cette équipe. Maintenant, on aura un match important pour la qualif’, et le plus important, c’est de remporter les trois points. J’espère que le coach fera tout pour qu’on gagne ce match.

- D’autant plus que le Bénin est premier, et qu’une victoire peut nous relancer, alors que le Mali se déplacera au Rwanda…

- Il faut gagner à domicile. Après, il nous restera le Mali à domicile qui sera important. Autrement dit, il faudra faire carton plein à domicile.

- Vous avez été élu meilleur joueur du match, qu’est-ce que ça vous fait, surtout quand il y a autant de stars face à vous et dans le match ?

- Oui, ça fait du bien. Il y a eu beaucoup de travail depuis le début des préparatifs de la CAN, car on a beaucoup travaillé et tout le monde le sait. Malgré que je n’aie pas beaucoup joué, je n’ai pas lâché et j’ai continué à travailler. Des fois, ça fait mal et on peut lâcher, mais moi, j’ai continué à travailler et ça paye. Déjà, la semaine passée, j’ai fait un très bon match, et hier aussi, il faut continuer sur cette voie là.

- Est-ce que vous avez eu des messages des supporters, qu’est-ce qu’ils vous ont dit ?

- Oui, beaucoup, ils sont contents. Ce qui s’est passé en début de saison est passé, il n’y a plus de mauvais comportement. C’est un club où on est tous ensemble et on va tous aller de l’avant.

- C’était la meilleure façon pour regagner la confiance des supporters…

- Pas seulement celle des supporters, mais aussi celle de tout le monde. Quand on est critiqués, la meilleure chose, c’est de répondre sur le terrain.

A. H. A.

- «Je respecte les choix de Vahid, mais ça m’énerve de ne pas jouer»

- «En EN, je n’ai pas la confiance avec moi»

- «J’espère que Vahid fera tout pour qu’on gagne face au Bénin»

- «Il faudra faire carton plein à domicile»

- «Etre patron, c’est mon rôle dans cette équipe»

- «Si tu laisses une bonne équipe jouer, tu perds, alors on a pressé Paris»

- «Oui, on est plus motivés quand on joue un gros du championnat»

- «Zlatan n’a pas été à 100%»

«A Sochaux, on a de bons joueurs, mais on manque de régularité»

- «A Sochaux, je fais l’effort de revenir et défendre, car j’ai la confiance du coach»

- «Quand on est critiqués, la meilleure façon, c’est de répondre sur le terrain»