EN : Taïder sera bel et bien présent face au Bénin

On avait annoncé en exclusivité dans ces mêmes colonnes, le 9 février dernier, c’est-à-dire avant même la fin de la Coupe d’Afrique des nations, que Saphir Taïder avait opté pour l’Algérie, pays d’origine de sa maman, alors que son frère Nabil avait choisi de jouer pour la Tunisie. Son choix était donc fait et sa venue et sa qualification pour jouer avec les Verts n’étaient qu’une question de temps.

Ainsi, comme pour tous les autres dossiers concernant les nouveaux joueurs qui avaient déjà joué pour l’équipe de France dans les jeunes catégories, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, a voulu traiter ce dossier dans la discrétion la plus totale. En fait, ce dossier était encore plus sensible du fait que les Tunisiens, qu’ils soient dirigeants ou même le nouvel sélectionneur Nabil Maâloul, ne désespéraient pas quant au fait que Saphir opte comme son frère pour la Tunisie. D’ailleurs, l’ancien entraîneur des Aigles de Carthage avait affirmé avant l’entame de la Coupe d’Afrique des nations que Saphir Taïder allait rejoindre la Tunisie juste après la CAN. Mais côté FAF, les dés étaient jetés depuis un moment déjà. Le joueur, alors que les Verts disputaient la Coupe d’Afrique des nations, était en contact permanant avec Samir Brixi, un membre du staff technique national. Saphir avait à ce moment-là déjà fait savoir aux responsables et au staff technique algériens que sa décision de jouer pour l’Algérie était prise.

Nabil Taïder s’était bel bien rendu à Alger le 24 février dernier

Récemment, plus exactement le 25 février dernier, on vous annonçait aussi que le frère Nabil Taïder s’était déplacé en visite éclair à Alger pour rencontrer le boss de la FAF. Les deux hommes se sont bel et bien rencontrés et ont même déjeuné ensemble. Une rencontre a même eu lieu avec le sélectionneur national Vahid Halilhodzic. Le frère aîné de Saphir était venu pour discuter avec Mohamed Raouraoua quant à la venue de son frère en sélection algérienne, mais aussi pour compléter le dossier afin qu’il soit envoyé à la FIFA le plus rapidement possible pour qu’il puisse être qualifié pour jouer avec les Verts. Et bien, c’est chose faite, puisque la FAF, via son site officiel, a annoncé hier matin que Saphir Taïder vient d’être qualifié par la FIFA pour honorer les couleurs de l’Algérie. Il sera donc, comme prévu, convoqué pour la rencontre face au Bénin le 26 mars prochain au stade Mustapha Tchaker de Blida dans le compte de la deuxième journée qualificative pour la Coupe du monde 2014.

Saphir Taïder évolue au poste de milieu défensif, plus exactement comme relayeur. «Je suis milieu de terrain relayeur et j’aime courir et toucher beaucoup de ballons pour distribuer le jeu», répond-il, quand on lui demande à quel poste il préfère jouer. Agé à peine de 21 ans, il sera certainement le bienvenu dans la liste du Bosnien, d’autant plus que Khaled Lemouchia ne joue pas et que Hassan Yebda n’est toujours pas compétitif. Il faut dire que Vahid Halilhodzic avait un sérieux problème dans ce compartiment.

 

La FAF a tout fait pour le qualifier avant la liste pour le Bénin

Avec Lacen et Guedioura, le coach national disposera d’un troisième élément dans ce compartiment et qui de plus est compétitif avec pas moins de 20 matchs dans les jambes depuis le début de cette saison en tant que titulaire et deux comme remplaçant.

Il faut dire aussi que Saphir Taïder ne sera pas complètement dépaysé lors du prochain stage, car il connaît bien un des joueurs de la sélection, Sofiane Feghouli en l’occurrence, puisqu’ils ont joué ensemble à Grenoble. L’autre élément que Saphir connaît bien est  Ishak Belfodil puisqu’ils ont évolué ensemble la saison dernière à Bologne. Donc, dans le cas où le joueur de Parme déciderait de venir pour le Bénin, Saphir Taïder sera certainement bien pris en charge par ses anciens coéquipiers.

Mardi dernier, face à la Fiorentina, Saphir Taïder était rentré à la 48’ de jeu et Bologne avait réussi à s’imposer sur le score de deux buts à un. Aujourd’hui, Bologne, qui occupe la 14e place du classement du Calcio, recevra Cagliari et tentera de prendre des points pour améliorer sa situation.

Ainsi, avec Yacine Brahimi, qui a été qualifié par la FIFA cette semaine pour défendre les couleurs de l’Algérie, la FAF a frappé un autre grand coup avec l’arrivé de Saphir Taïder. Ce dernier fera certainement partie de la liste de Vahid Halilhodzic face au Bénin. Une liste qu’il annoncera au plus tard le 10 mars prochain. 

Il est à préciser enfin que, depuis l’arrivée de Vahid Halilhodzic, Saphir Taïder est le cinquième ancien international français à avoir opté pour les Verts après Sofiane Feghouli, Faouzi Ghoulam, Isahak Belfodil et plus récemment Yacine Brahimi.

Asma H. A.

L’Algérie, le choix de la raison

Par Mohamed Bouguerra

La venue de Saphir Taïder sous le maillot blanc, vert et rouge algérien avait fait beaucoup de septiques lors de sa publication parmi l’opinion publique. Et cela est compréhensible. Le joueur est de père tunisien, était plus proche de la Tunisie et avait un frère, Nabil, qui est plus que son conseiller, son véritable pygmalion, international tunisien de surcroît. La Tunisie était de loin l’option la plus évidente. Le problème, c’est que lorsqu’on connaît vraiment la situation réelle des footballeurs tunisiens et qu’on analyse les dix dernières années de l’équipe tunisienne, ce choix de l’Algérie de Saphir Taïder devient évident. Alors que d’autres joueurs comme Sofiane Feghouli, par exemple, qui pouvait prétendre très aisément une place dans le milieu de terrain de l’équipe de France, on a parlé de choix du cœur. Concernant Saphir Taïder, on peut parler de choix de la raison. Car aujourd’hui, lorsqu’on est un footballeur tunisien né en Europe, être appelé en équipe nationale relève du miracle.

La Tunisie a payé sa politique anti-footballeurs immigrés

Car la Tunisie, forte de sa politique de formation à l’européenne, initiée il y a plusieurs dizaines d’années, qui possède un grand réservoir de joueurs locaux qui garnissent les effectifs professionnels de grands clubs tunisiens, comme l’Espérance de Tunis, le Club Africain ou encore l’Etoile du Sahel, n’a plus besoin de ses «fils d’immigrés». Pire que ça, la Tunisie exporte même ses joueurs à l’étranger, comme Youssef Msakni, Aymen Abdenour ou encore Saber Khelifa. La politique de la Fédération tunisienne de football de ces dix dernières années a été de privilégier les joueurs locaux plus aguerris aux joutes africaines et de ne prendre parmi les joueurs expatriés que les ex-locaux partis tenter l’avenir en Europe ou dans le Golfe, estimant qu’un joueur né en France ou en Allemagne ne servirait à rien face au Burundi ou au Malawi sur un terrain cahoteux, avec une température et une humidité insupportable.

L’EN algérienne, «La Mecque» des binationaux

Cette politique, dont Trabelsi était un fervent supporter, a eu pour effet que depuis le départ de Roger Lemerre. Les joueurs Tunisiens nés hors des frontières tunisiennes se sont fait rares en équipe nationale, et beaucoup ont compris qu’ils n’auront peut-être jamais leur chance. Paradoxalement, nous avons depuis 2004, côté algérien, une politique diamétralement différente. Un certain Mohamed Raouraoua a compris que pour pallier au déficit de formation dans notre pays, et pour faire face dans le court et moyen terme aux différentes échéances qui attendaient l’équipe nationale, il fallait ratisser large et puiser dans le vivier de l’immigration algérienne en Europe, comme on le fait lors des Jeux olympiques, dans les sports qui ne sont pas très développés chez nous, comme le tennis de table ou encore l’aviron. Cette politique a réussi, car 5 ans après, l’Algérie se qualifiait brillamment pour la CAN et la Coupe du monde 2010, avec sur le terrain, des binationaux, de père ou de mère algériens, et qui s’étaient tous unis pour honorer le drapeau national et le peuple qui leur avait accordé l’insigne honneur de le représenter sur le terrain. Ce jour là, alors que les Verts viennent de battre l’Egypte au Soudan en match d’appui, avec sur le terrain les petits frères de Dahleb et Kourichi, des petits jeunes nommés Brahimi, Taïder et Belfodil les regardaient avec admiration devant leur poste TV. Qui aurait pu prédire à ces jeunes que 4 ans après, ils allaient devoir reprendre le flambeau des Ziani, Yahia et Belhadj. C’est cette situation entre un pays qui les «snobe» et un pays qui les désire, qui ont poussé les Taïder à aller vers l’Algérie, car le mauvais souvenir Nabil est encore présent dans leur tête.

Les Aigles de Carthage, un mauvais souvenir pour les Taïder

Car lorsque le grand frère de Saphir, Nabil Taïder, qui après cinq sélections en équipe de France espoirs, avait fait le choix de la Tunisie et envoyé son dossier à la FIFA, il était plein d’espoir. La Tunisie était une équipe solide, plusieurs fois mondialiste, et on lui avait fait beaucoup de promesses. Des promesses qui n’ont jamais été tenues, puisqu’après seulement 4 sélections, il n’a plus été rappelé, alors que ce joueur était promis à un avenir prometteur. Ce souvenir douloureux vécu par Nabil Taïder avec les Aigles de Carthage a été ressenti par toute sa famille et a donné énormément à réfléchir au jeune Saphir au moment du choix final. Vous ajoutez à cela les commentaires du genre «j’ai besoin de joueurs pour jouer en Sierra Leone, alors je prends des locaux, le jour où j’affronte la Juventus à Turin, je convoquerai des immigrés» de l’ancien sélectionneur, Trabelsi, à chaque fois qu’on lui parle d’un Tunisien d’Europe qui se distingue, et on comprend mieux le fait que Taïder ait préféré la région de Tizi Ouzou de sa maman à celle de Tunis de son papa.

M. B.

Classement