Ryad Boudebouz n’est pas devenu l’espace d’un hiver un de ces joueurs austères dont le football contemporain est peuplé. La technique est toujours là, le Sochalien n’a pas renoncé à l’utiliser, et si possible en s’autorisant des gestes spectaculaires, donc rares. Mais il a pris le parti de délaisser le superfétatoire, pour ne se concentrer que sur l’essentiel. «J’ai compris que, pour progresser, il fallait aussi que je sois plus efficace. Et je sais qu’avant, j’avais tendance à trop toucher le ballon, à chercher à faire le geste de trop, analyse Boudebouz. Aujourd’hui, et vu notre situation, il faut prendre des points. Et s’il faut balancer plusieurs fois dans les tribunes, je le ferai...»
«J\'ai beaucoup bossé physiquement»
L’international algérien a mûri son introspection au soleil de Rustenburg, lors d’une CAN 2013 que l’Algérie a traversée comme une météorite. «J’ai aussi beaucoup bossé physiquement. Comme je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu avec la sélection, j’ai mis le paquet sur le physique. Si tu es au top dans ce domaine, tu es aussi plus lucide sur le terrain, tu fais de meilleurs choix et tu t’impliques plus dans le travail défensif.» Depuis qu’il est revenu d’Afrique du Sud, Boudebouz a enchaîné les (très) bonnes prestations, et notamment quand le Paris-SG est venu s’écraser à Bonal (2-3), le 16 février dernier. «J’ai toujours pris mes responsabilités, mais je dois faire encore plus, notamment tirer plus souvent de loin. Et marquer plus souvent, je l’ai déjà fait (un but cette saison). J’ai été critiqué, j’en ai pris plein la gueule. C’était parfois justifié, parfois non, mais ça m’a fait avancer.»
Ses 2 frères aînés sont là pour le recadrer
Les conversations qu’il a eues avec Eric Hély ont contribué à la maturation d’un joueur encore jeune (23 ans). «J’aime ce qu’il fait depuis quelques matches. Il va vers ce qu’un entraîneur veut voir, il sait qu’il n’a pas besoin de toucher le ballon dix fois pour faire un décalage», confirme l’entraîneur des Lionceaux. Boudebouz admet lucidement s’être parfois laissé bercer par les commentaires élogieux et pas toujours objectif d’un entourage plus ou moins proche. «A force d’entendre dire que t’es le plus beau, le plus grand... Mais j’ai mes deux frères aînés qui sont là pour me recadrer s’il le faut.» Pourtant, ses bonnes performances n’ont pas convaincu Vahid Halilhodzic de le retenir pour le match face au Bénin le 26 mars prochain en qualifications pour la Coupe du monde 2014...
In l’Equipe