Taïder : «Si j’ai le maillot sur les épaules, je le mouillerai à fond»

Saphir Taïder jouera ce soir sa première rencontre sous le maillot du pays d’origine de sa maman. Comment a eu lieu son intégration au sein du groupe et que pense-t-il du Bénin et du foot africain. Des questions auxquelles il a répondu. Ecoutons-le.

- Alors, comment votre intégration est-elle en train de se faire ?

- Je connaissais déjà quelques joueurs, donc ça va très bien, hamdoullah, ça se passe super bien. Tout le monde nous a très bien accueillis, c’est une très bonne famille.

- Un mot sur ce centre…

- C’est la première fois que je viens, franchement, il y a de la qualité, c’est de la bonne structure. Content de travailler dans de telles conditions.

- Est-ce la première fois que vous venez en Algérie ?

- Oui, c’est la première fois. J’en ai déjà parlé avec ma mère et mes proches, vu qu’ils étaient déjà venus de nombreuses fois, ça fait chaud au cœur quand même.

- Qu’est-ce qui vous a frappé une fois que le groupe était au complet ?

- C’est l’ambiance qui y règne. Sans ambiance, on n’arrivera à rien, et on le ressent à l’intérieur. Il y a vraiment une petite famille et sur le terrain forcément ça se ressent.

- Et aux entraînements, comment vous êtes-vous senti ?

- Bien. Quand je suis sur le terrain, je prends du plaisir plus qu’autre chose, je ne me prends pas la tête forcément, c’est le jeu qui prime.

- Lacen, le capitaine, qui évolue dans le même poste que vous, ne sera pas présent, est-ce qu’on a une chance de vous voir sur la pelouse face au Bénin. Autrement dit, est-ce que vous êtes prêt à assurer cette mission ?

- Je suis venu en sélection pour donner le maximum, après c’est le coach qui fait ses choix. Moi, je suis prêt à tout, je joue tous les week-ends en Série A, je suis prêt physiquement et, quoi qu’il arrive, on donnera tout pour la sélection.

- D’habitude, vous affrontez des clubs comme la Juve en Italie, ça vous fait quoi de changer subitement et de jouer le Bénin, un football pas forcément similaire à celui auquel vous vous êtes habitué ?

- Le Bénin, ce n’est pas un grand nom dans le monde du foot, mais on sait quand même que ça sera très difficile. L’engagement est totalement différent ; le football africain est totalement différent aussi. Ça va être un match difficile à gagner, mais ça reste du foot, et à moi de m’adapter, car, dans le foot, que ce soit à Bologne ou ailleurs, le but s’est de se faire plaisir et, pour m’éclater, je me donne à 100%.

- Le fait de débuter à domicile, avant deux déplacements, c’est bien pour vous, n’est-ce pas ?

- Oui, c’est plutôt bien de débuter devant le public, surtout que c’est le premier match pour moi.

- Récemment, la presse tunisienne a beaucoup parlé de votre choix de jouer pour l’EN algérienne. D’après eux vous auriez touché de l’argent avant d’opter pour les Verts…

- Franchement, je ne sais pas, c’est la première fois que j’entends cela. Moi, je ne suis pas très média, mais hamdoullah, je suis très content de mon choix, ça m’a permis de faire plaisir à ma mère, en plus j’ai rejoint une très bonne équipe. Et j’avais à cœur de jouer ici devant le public algérien avec toute la ferveur qu’il y a, car je n’ai vu ça nulle part ailleurs. C’est une fierté avant tout.

- De telles accusations ne vous touchent-elles pas ?

- Non, pas du tout, car ça ne me concerne pas.

- Au niveau de la famille, avec votre frère qui joue pour la Tunisie et vous pour l’Algérie, comment vivent-ils cela ?

- Avant tout, la Tunisie ou l’Algérie, c’est des pays frères, c’est le Maghreb, ça ne fait rien à la famille. Mon père est très content aussi. Forcément, il a le cœur partagé, il est très content d’avoir pu faire le choix que j’ai pu faire.

- Il est très possible qui il y ait un Tunisie-Algérie la saison prochaine, comment allez-vous vivre une telle rencontre ?

- D’abord, j’espère que d’ici là, mon frère sera sélectionné avec la Tunisie, puisque lui aussi est dans le milieu professionnel, ça ne pourra être qu’une fête pour le football maghrébin, incha Allah.

- Est-ce que vous avez reçu des garanties de jouer comme titulaire, car le coach a évoqué ce point récemment en parlant de certains nouveaux ?

- Honnêtement, pour moi, ça ne s’est pas du tout passé comme ça et je ne pense pas qu’un coach dans ce monde serait content d’entendre de telles choses. Moi, je suis ici pour donner pour l’Algérie, non pas pour recevoir.

- Le président de la FTF a déclaré récemment qu’à la veille de votre qualification avec l’Algérie, vous étiez toujours en contact avec lui. Vous lui auriez même demandé d’envoyer quelqu’un en Italie pour lui donner votre dossier. Confirmez-vous ?

- Non, j’étais en contact avec lui bien avant, on a discuté sportivement, il avait un discours à écouter. Comme je l’ai dit à mon père, le discours de l’Algérie, du côté de ma mère, était plus intéressant et je suis très content d’avoir fait ce choix.

- Votre entourage a-t-il influencé votre choix ?

- J’ai rendu peut-être des gens heureux, mais, pour moi, c’est un choix personnel.

- On dit qu’il y a des clans dans cette sélection, est-ce que vous avez ressenti ça vous qui êtes maintenant à fond dans ce groupe ?

- Honnêtement, je suis tout nouveau, je suis tout sourire, je n’ai pas ressenti ça, et puis, moi je suis venu ici pour jouer au foot. Il y a des gens qui se lèvent le matin pour travailler dur, donc hamdoullah, il faut avoir la tête sur les épaules.

- Après l’échec de la CAN, n’avez-vous pas ressenti quelque chose de positif au sein du groupe ?

- Je ne pense pas, mais ils n’en ont pas parlé. Enfin, moi j’en ai pas parlé avec eux, ensuite le fait d’avoir fait la coupe d’Afrique, c’est une chose enrichissante pour le groupe, ça ne peut être que positif. La CAN a fait progresser certains joueurs.

- Vous avez bien été accueilli au sein du groupe, on s’est bien occupé de vous…

- Oui, j’ai bien été accueilli par tout le monde, par les locaux et les gens de France. On est tous des Algériens dans le cœur, je m’entends super bien avec tout le monde, j’essaye d’aller vers eux, car je suis nouveau, et c’est à moi de faire l’effort, mais ça se passe très bien.

- Un joueur qui vous connaît bien dit que vous êtes un joueur complet, est-ce vrai ?

- Complet, je ne sais pas, ça c’est son analyse à lui. Quand je suis sur le terrain, j’essaye de donner le maximum. Mon boulot au milieu de terrain, c’est de récupérer les ballons. Mon style de jeu, c’est d’essayer d’être combatif et agressif sur le terrain. Quand j’ai le ballon, j’essaye de faire jouer les autres, par un jeu très simple. En tout cas, pour mes qualités et mes défauts, vous aurez la chance de les connaître le jour J.

- Est-ce que coach Vahid vous prépare pour la rencontre du Bénin. A-t-il eu un discours avec vous concernant cette rencontre ?

- On travaille tous les jours, il n’y a pas de choses spécifiques, il n’y a rien de particulier. Mais ce qui est sûr, si j’ai le maillot sur les épaules, je le mouillerai à fond. En sélection, j’ai remarqué qu’on joue de la même façon qu’à Bologne, c\'est-à-dire avec deux milieux récupérateurs.

- Comment préparez-vous la rencontre du Bénin ?

- Je ne connais pas trop bien cette équipe du Bénin à part deux ou trois joueurs, ensuite, on sait que ça va être très difficile. Comme on a l’habitude de le voir en Afrique, ça sera une bataille. Eux, ils voudront faire un résultat, mais nous on sera chez nous, on se doit de faire un bon match pour garder nos chances intactes.

- Le fait de penser que vous allez peut-être jouer une coupe du monde, ça vous dit quoi ?     

- C’est vrai qu’une coupe du monde, en plus au Brésil, c’est deux fois plus  beau, c’est le pays du football. Mais voilà, on n’est pas encore en coupe du monde, il y a encore un travail à faire avant et c’est pour ça qu’on s’est réunis pour ce stage-là.

S. M. A.   

 

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