Un tournoi organisé par le club de Cosmo Ermont Taverny, le club dans lequel Adlène a fait ses premiers pas dans le football.
La foule au rendez-vous pour voir l’enfant du club
Malgré l’extrême discrétion qui avait entouré cet évènement, puisqu’aucune publicité ou autre communiqué de presse n’avaient été diffusés, le bouche à oreille avait fait son œuvre puisque la grande foule était présente au stade Jean Bouin. Des mamans, des papas, les héros du jour bien sûr, les enfants qui participaient au tournoi et leurs frères et sœurs étaient là et bien là et voulaient tous avoir au moins un autographe, voire une photo du vice-capitaine des Fennecs. De mémoire, on n’avait jamais connu une telle affluence lors de ce tournoi, mais c’était exceptionnel, l’enfant du club était de retour et c’était la fête. Malgré cette grande foule, tout s’est bien passé car les organisateurs et les bénévoles ont bien su gérer les choses.
Guedioura, ou le retour de l’enfant prodigue
« Monsieur, vous pouvez me signer mes chaussures, j’suis Algérien moi aussi», ou «Adlène, moi aussi je veux devenir joueur, qu’est-ce que je dois faire ? », disaient les enfants qui faisaient la queue patiemment en attendant d’avoir leur trente secondes avec leur idole, qui affichait un énorme sourire et qui semblait ému par cet accueil chaleureux des gens de son quartier et surtout de l’admiration des enfants. Mais il n’y avait pas que des enfants qui faisaient la queue, il y avait aussi les amis d’enfance d’Adlène, certains accompagnés de leurs enfants et même «les papas et les mamans» de la cité Jean Bouin, une cité HLM mitoyenne du stade, qui profitaient de leur instant photo, pour évoquer un souvenir avec Adlène qui a eu un petit mot pour tout le monde.
La cité Jean Bouin était déserte
La cité Jean Bouin, où Guedioura a grandi était déserte hier après-midi car tous ses habitants avaient traversé la rue pour se rendre au stade Jean Bouin pour voir le gamin du quartier qui était devenu international et mondialiste. Les retrouvailles entre Adlène et ses anciens potes, dont certains portaient le maillot de l’équipe nationale, dirigeants et voisins, étaient très émouvantes. L’ambiance était très conviviale, et les vapeurs de frites et de merguez, et les bruits des différentes équipes qui s’affrontaient sur les terrains ont fait que ce moment ressemblait à une grande kermesse.
Adlène Guedioura : «Je suis venu pour les enfants»
Malgré la grande foule présente au stade Jean Bouin de Taverny, sa volonté de satisfaire tous les enfants et faire que tout le monde reparte au moins avec un autographe et une photographie, le retard que cela a occasionné et le timing serré, puisque le joueur devait repartir directement en Angleterre, Adlène Guedioura a consenti, avant de partir, à nous faire une petite déclaration. «Je suis venu avant tout pour les enfants, et pour soutenir aussi ces bénévoles qui investissent énormément pour permettre à ces enfants de jouer un vrai tournoi de qualité. J’ai été heureux de revoir mes amis d’enfance et mon quartier.»
Fouad Benmansour, l’ami d’enfance
«Adlène a fait l’aller-retour spécialement pour les enfants »
Fouad Benmansour, qui est l’organisateur de ce tournoi de jeunes «Original Flocker», en partenariat avec le Cosmo Ermont Taverny, est aussi l’ami d’enfance d’Adlène Guedioura. Et c’est lui qui est à l’origine de la venue du joueur de Nottingham Forrest dans la région parisienne lors de ce jour férié en France. Fouad Benmansour a tenu à remercier son pote Guedioura lors d’une déclaration qu’il a bien voulue nous accorder. «Cela faisait longtemps que les enfants du club nous le réclamaient, car ils savaient qu’Adlène était toujours en contact avec nous, ses amis d’enfance. Lorsque je l’ai sollicité, il a immédiatement dit oui. Malgré son emploi du temps surchargé, il a accepté de venir spécialement pour les enfants et de repartir en Angleterre immédiatement après. Il a fait ça, comme à son habitude, bénévolement et sans arrière-pensée médiatique puisque nous n’avions prévenu aucun média et hormis les habitants du quartier, personne n’était au courant. Lui ne vous le dira pas par modestie, mais moi, je tenais à le dire.»
Christophe Le Grall, le 1er coach d’Adlène : «Nous sommes toujours très proche»
Dès qu’on a su que nous faisions ce reportage sur l’enfance d’Adlène Guedioura, on nous a ramené un monsieur d’une simplicité extrême, d’une grande modestie et très timide. Ce monsieur avait attiré notre attention précédemment en ayant droit à la plus belle accolade de la part d’Adlène Guedioura. Renseignement pris, cet homme, qui se nome Christophe Le Graal et qui porte le survêtement rouge et noir du club, les couleurs de l’USMA, encore un clin d’œil du destin, est le premier entraîneur d’Adlène lorsqu’il a commencé le football à 6 ans. Christophe Le Graal encore très ému par ses retrouvailles avec Adlène, a tenu à nous dire un petit mot sur son poulain. «Je connais Adlène depuis toujours, car avant d’être son entraîneur, j’étais son voisin. Nous habitions dans le même bâtiment et étant passionné de football, je discutais souvent avec son père Nasser, qui un jour me l’a amené au club. Cet enfant, dès son plus jeune âge, j’ai compris qu’il avait du potentiel. Il affichait une sorte d’assurance et de confiance en lui impressionnante pour un gosse de cet âge et était très sérieux dans les exercices. Très tôt, j’ai compris que j’avais un futur pro entre mes mains et son départ pour le Racing et la carrière qu’il a faite ensuite ont confirmé mon intuition. Il m’apprécie beaucoup et je l’aime aussi comme un fils. J’ai souvent de ses nouvelles grâce à son père et je le suis de près, tout comme je suis son jeune frère Arslane que j’ai aussi entraîné.»
Hamid Temal, dirigeant : «Nous sommes tous fiers de lui»
Hamid Temal, dirigeant et responsable des jeunes au Cosmo Ermont Taverny, coorganisateur de ce tournoi, a tenu à nous dire quelques mots sur Adlène Guedioura. «Adlène Guedioura, c’est la star de notre club. Comme Zidane à la Castellane, ou Louis Saha à Soisy, c’est le gamin du club qui a réussi à se hisser sur le toit du football puisqu’il a participé à une Coupe du monde. Ici, sa photo est partout, les enfants le connaissent, le suivent via la télévision et rêvent tous de l’imiter. Il est une source de motivation et une fierté pour les modestes dirigeants que nous sommes. Nous sommes très fiers de lui et nous le suivons de près via Internet pour le club et via Canal Algérie lorsqu’il est en équipe nationale. Lorsqu’il joue un grand match, comme lors de la dernière CAN, nous essayons de retransmettre ses matchs dans le club house et c’est la fête. Lui aussi ne nous a jamais oubliés, il suit notre évolution sur le site du club et nous envoie des SMS de félicitations ou d’encouragement.»
14h : Guedioura est parti, mission accomplie
Il était environ 14h, un peu de retard car toutes les personnes présentes sur place et en particulier les enfants ne devaient pas repartir bredouilles, quand Adlène, accompagné de quelques bénévoles, a été accompagné vers sa voiture, direction l’aéroport et l’Angleterre, laissant derrière lui tout un quartier qui avait vibré l’espace d’un après-midi, et des enfants qui ont oublié l’espace d’un moment leurs difficultés quotidiennes et la crise économique qui fait des ravages dans ces quartiers défavorisés. Qui ose encore prétendre que le football n’est pas un vecteur positif. Pas les habitants de la cité Jean Bouin de Taverny, en tous les cas.
Mohamed Bouguerra