Rwanda 0 - 1 Algérie : Le jeu et les joueurs

Mbolhi : Tranquilos

 S’il n’avait pas sauvé encore une fois l’équipe nationale d’un but tout fait pour le Rwanda, avec une extension latérale sur sa ligne et une claquette à la 67’, on peut dire que Raïs Mbolhi a été en vacances 90 minutes avant le reste du groupe. Car comme face au Bénin et au Burkina, Mbolhi, aidé par une défense plus sereine, a retrouvé ses qualités. Il a été en tout cas très propre sur le peu d’actions qu’il a eues à négocier.

Bougherra : Le grand frère

En équipe nationale, il y a « Madjid le grand frère ». Son retour en équipe nationale après une longue absence due à une blessure a coïncidé avec le retour de la « défense de fer » algérienne qui nous avait qualifiés à la Coupe du monde 2010. Madjid Bougherra, hier, a été le patron sur le terrain. Car en plus d’avoir défendu parfaitement de manière nette et sans bavure, il n’a cessé de replacer, d’haranguer, de conseiller et d’encourager ses jeunes coéquipiers qui buvaient ses paroles. Bougherra, à lui seul, a contribué, en 15 jours, à faire mûrir et grandir cette équipe talentueuse mais jeune.

Belkalem : La puissance 

Si Bougherra, c’est la partie expérimentée et rusée de cette charnière centrale si performante, mais côté puissance, grinta et fougue, c’est du côté de Saïd Belkalem qu’il fallait chercher hier. Belkalem a tué physiquement le milieu de terrain et l’attaqua rwandaise toute entière. Il a gagné 99% des duels disputés de la tête contre ses vis-à-vis. Il a taclé, marqué, gêné, à tel point que son association avec Bougherra est devenue l’arme absolue de Vahid. Belkalem a franchi un autre palier. Il est prêt pour l’Europe et il a prouvé hier qu’il avait toutes les qualités requises.

Medjani : La confirmation 

Vahid Halilhodzic avait imaginé un autre rôle que celui de défenseur central qui est le sien habituellement, celui de milieu récupérateur « sentinelle ». On peut dire : coup d’essai, coup de maître pour le Bosniaque car Medjani a été dans le top 3 des meilleurs Algériens sur le terrain hier. Le Monégasque fut vraiment  partout. Il a défendu dans les temps faibles, récupéré un nombre incalculable de ballons, a gêné l’adversaire, taclé, commis des fautes tactiques «  intelligentes »mais aussi a centré et même tiré au but à plusieurs reprises. Même s’il avait déjà occupé ce poste à Lorient en 2007, on peut dire que Medjani vient de se découvrir un nouveau poste où il excelle.   

Mesbah : Le Spécialiste 

Le poste d’arrière gauche, comme celui d’arrière droit est un poste spécifique que l’on doit confier à un spécialiste. Dans ce domaine, l’Algérie dispose d’un véritable « taulier », d’un professionnel en la matière, Djamel Mesbah.  Djamel Mesbah déroule son jeu de la même manière qu’un virtuose du piano fait ses gammes, il n’y a jamais de fausses notes. Comme face au Bénin, Mesbah a «  fermé le magasin », à l’italienne côté gauche, il a récupéré des ballons, il a soutenu les attaquants, il nous a gratifiés de quelques montées et a même obtenu plusieurs fautes sur lui dont l’une a amené un carton jaune. Mesbah, c’est le spécialiste

Mostefa : Comme d’habitude 

Mostefa a encore prouvé hier qu’il est l’homme de l’ombre de cette sélection. Car ce joueur qui joue, rappelons-le, dans un poste qui n’est pas le sien, a un pouvoir que les autres n’ont pas, celui de la régularité. Mostefa a la régularité d’une horloge suisse. Avec lui, pas de surprise, il est toujours à son niveau. On sent que ce guerrier, qui avait été touché dans son orgueil à Marrakech, a su rebondir et devenir le joueur punch et combattant qu’il est devenu. Mostefa a même étoffé sa panoplie hier puisqu’en plus de ses tacles, de sa générosité, de la mise systématique de son corps en opposition au péril de sa santé, comme à la 83e où il nous sauve d’un but tout fait, il nous a gratifiés d’un superbe tir à la 36e minute qui aurait pu faire mouche.

Guedioura : Le Guerrier

 Depuis qu’il est international, Guedioura n’a raté qu’un seul match, celui face au Bénin à Blida. Hormis ce match, il a toujours été très bon. Et le match d’hier n’a pas dérogé à la règle. Car Adlène aime les matches en Afrique noire car hormis la pluie et le froid, cela ressemble à la Championship. Et comme en championship, l’Algérien était hier en mode « warrior ». Il nous a, bien sûr, gratifié d’un superbe tir de loin dont il a le secret à la 39e minute mais plus que ça, il a asphyxié les Rwandais. Guedioura a ratissé, récupéré, obtenu des fautes et soutenu son milieu et ses attaquants. Une bonne copie rendue pour le joueur de Nottigham Forrest.

Taïder : le « MVP » 

Dans le sport professionnel américain, on élit à chaque fois le meilleur joueur d’un match appelé le « MVP » ou Most Valuable Player. Hier sur le terrain de Kigali, le MVP c’était sans conteste Saphir Taïder. En grande partie grâce à son but, marqué quasiment de force, et avec toute la grinta qu’on lui connaît et qui lui a permis d’inscrire 2 buts en 4 matchs. Hier, Taïder, remonté d’un cran par Vahid, a donné la pleine mesure de son talent. Son entente avec Brahimi, Feghouli et Slimani, qui lui fera la passe décisive, a été parfaite dès la première minute de jeu où il a failli ouvrir le score à la 52e seconde. Taïder a aussi récupéré pas mal de balles et a systématiquement relancé juste et vers l’avant. Il a aussi été le relayeur qui manquait à l’Algérie. Doit poursuivre dans cette voie.

Feghouli : Le danger à droite

 Même s’il a beaucoup souffert en fin de match, à cause des conditions météo et sa grosse saison avec Valence, le numéro 10 des Verts a su se mettre au diapason de ses coéquipiers et a, malgré l’état du terrain, élevé son niveau de jeu. La meilleure des preuves est que le match a exclusivement penché à droite. Feghouli est à créditer surtout d’une première mi-temps de folie, multipliant les centres, les attaques placées et aurait pu inscrire deux ou trois buts. Hier, c’était du bon Feghouli sur le terrain et associé à Brahimi et Taïder, le niveau technique et la vitesse de jeu ont été phénoménales, surtout en première mi temps.

Brahimi : « Belloumien » 

Même si, comme tous les grands techniciens, il a tendance à trop garder le ballon, Vahid le lui a d’ailleurs reproché durant le match, hier nous avons eu droit à du grand Brahimi à Kigali. Si Meghni était qualifié en 2009 de « Zidanien », le joueur de Grenade a été hier « Belloumien ». Car il a une aisance technique, une vitesse et une capacité naturelle du dribble qui est vraiment impressionnante. Même si sur son côté gauche il a été pénalisé par le fait que le match ait penché à gauche, Yass, remplacé par Kadir à la 70’, nous a gratifiés d’un très bon match. Il a combiné parfaitement avec Taïder et s’est parfaitement entendu avec Mesbah son compère côté gauche. Brahimi a débordé, centré, provoqué, un peu comme Feghouli, mais côté gauche où à un moment il a dribblé 3 joueurs à lui tout seul. Seul bémol, son inexpérience africaine a fait qu’il s’est carbonisé physiquement en première période et n’a pas dosé ses efforts.

Slimani : A son niveau 

Même s’il nous avait habitués à marquer à chaque match, Islam Slimani a été l’un des grands joueurs du match hier. Il a monopolisé à lui tout seul la défense rwandaise qui se mettait à trois sur lui à chaque fois qu’il avait le ballon. Il a multiplié les appels, mis la pression sur le gardien et a manqué 5 occasions de but toutes faites. Slimani est l’auteur de la talonnade centre qui sera la passe décisive sur le but de Taïder à la 52e minute. Il sera remplacé par Djebbour à la 81e minute par Rafik Djebbour avec le sentiment du devoir accompli.

Foued Kadir : Monsieur plus 

On a senti , lorsqu’il est entré à la 70e minute de jeu sur le terrain, que Foued Kadir, mis sur le banc à Marseille et en sélection depuis quelques semaines, avait envie de tout casser. Et cette impression a été vite confirmée car Kadir a fait une très bonne entrée. Il a débordé, centré et a beaucoup soulagé ses coéquipiers avec sa fraîcheur physique. Il a même tiré au but, à la 74e minute, un tir puissant. Kadir a prouvé encore une fois qu’il était transcandé par le maillot vert. Il a été digne de la confiance que Vahid Halilhodzic avait placée en lui.

Rafik Djebbour : Le retour 

Pour son bon esprit en équipe nationale, car il a accepté sans broncher son statut de remplaçant et pour maintenir le turn-over et l’émulation chez les attaquants, Vahid Halilhodzic a fait entrer Rafik Djebbour à la 81e minute à la place de Slimani poste pour poste. Bien que les Verts étaient déjà en train de gérer le match, il a utilisé ses 13 minutes sur le terrain, à maintenir la pression devant.

Mehdi Lacen : Le Briscard

 Entré à 9 minutes de la fin à la place de Feghouli pour gérer la fin de match et bétonner le milieu, on peut dire mission réussie pour Lacen puisque le score a été préservé.

 

 

Classement