Mesbah : «J’ai encore la CAN en travers de la gorge !»

C’est un Djamel Mesbah heureux de la qualification pour le barrage, mais très mesuré comme à son habitude, qui a accepté de répondre à nos questions. Un Djamel Mesbah qui, même s’il est fier du parcours que ses coéquipiers et lui viennent d’accomplir, préfère appliquer le dicton «Il faut savoir raison garder», pour ne laisser exploser sa joie qu’en novembre 2013 quand tout sera terminé, si qualification il y a. Un Mesbah encore traumatisé par la prestation des Verts lors de la dernière CAN en Afrique du Sud.

- Djamel, vous venez de gagner deux matchs à l’extérieur. Peu de gens auraient parié là-dessus. Qu’en pensez-vous ?

- C’est clair. Au-delà de ça, ces deux matchs gagnés vont nous faire beaucoup de bien pour la suite des événements. Car nous sommes qualifiés pour les barrages et c’est la juste récompense de nos efforts. Ce n’est jamais facile de jouer en Afrique noire. Franchement, je suis content de la prestation de toute l’équipe.

- Lors des deux matchs, vous avez tenu physiquement. Est-ce cela la grande différence par rapport au passé ?

- Tout à fait. Physiquement, nous avons tenu la distance. Et c’est valable pour les 23 joueurs, bien que nous soyons en fin de saison.

- C’est votre préparation physique qui a été bien menée, selon vous ?

- Bien sûr, nous étions bien préparés, mais je pense que notre moteur a été surtout l’envie, l’enjeu. La différence elle s’est faite là. Le mental a aussi joué après la claque que nous avions prise en Coupe d’Afrique, nous étions tous conscients qu’il fallait donner plus pour réussir. Franchement, au-delà du résultat, l’équipe a bien fonctionné. Nous avons défendu ensemble, attaqué ensemble et ça me rend vraiment confiant pour la suite.

- Le retour de Bougherra en défense vous a-t-il fait du bien ?

- Madjid, ce n’est un secret pour personne, est un défenseur fort, qui a déjà démontré plein de choses dans les clubs où il est passé et en équipe d’Algérie. Il a une grande expérience et sait défendre et gérer les matchs en Afrique. Son retour a été très bénéfique lors de ces trois matchs et incha Allah pour la suite.

- On vous a vu souvent avec d’autres anciens comme Bougherra ou Djebbour parler aux plus jeunes durant ce stage. Que leur avez-vous dit ou quels conseils leur avez-vous prodigués ?

- Non, il ne s’agissait pas de conseils. Moi personnellement, j’insiste auprès de tous les joueurs sur un point qui me tient à cœur, celui de penser «groupe» et ne pas penser à soi-même. Qu’il faut penser à l’équipe nationale, à ses  résultats, car c’est l’Algérie qu’on représente en portant ce maillot. Même si nous avons de superbes individualités, surtout offensivement, sans esprit d’équipe et sans solidarité nous n’obtiendrons rien. C’est comme ça qu’on ira en Coupe du monde, c\'est-à-dire collectivement et en nous soutenant dans les coups durs.

- On vous sent plus pessimiste que certains de vos coéquipiers par rapport à la qualification pour le Mondial ?

- Bien sûr que je le suis et heureusement d’ailleurs. Car même si nous avons fait un grand pas en nous qualifiant pour les barrages avec deux belles victoires à l’extérieur, il faudra rester vigilants jusqu’au bout, Et incha Allah avec notre public, on y arrivera.

- Comment avez-vous intégré les nouveaux ?

- L’équipe nationale, c’est comme ça. Il y a toujours des nouveaux. Moi-même il y a trois ans, j’étais le nouveau. En équipe nationale d’Algérie, depuis que j’y suis, les nouveaux ont toujours été bien intégrés. Il n’y a jamais eu de problèmes de ce côté-là. Le joueur devant le plus rapidement possible se fondre dans le moule. Les jeunes arrivés récemment avec leur talent, en plus d’avoir apporté leurs qualités techniques ont apporté aussi leurs qualités humaines en s’intégrant très rapidement au groupe. Comme je vous le disais, cette défaite à la CAN nous a fait du bien car nous avons tous pris conscience que rien n’est acquis. L’équipe nationale est un train, le nouveau doit vite monter dedans pour ne pas rester sur le quai.

- Le maintien de Vahid après l’élimination précoce à la CAN a aussi été déterminant, vous ne pensez pas ?

- En fait, cela a été déterminant, mais toutefois normal. S’il est vrai que dans beaucoup de pays on limoge les entraîneurs après une compétition ratée, en Algérie, tout le monde savait que l’objectif principal assigné à Vahid Halilhodzic, c’était la Coupe du monde 2014. D’autant plus qu’avec ce groupe rajeuni, il ne fallait pas perdre de temps pour négocier les éliminatoires de la Coupe du monde. Moi, je vous le dit direct, la CAN 2013, je l’ai encore en travers de la gorge. Surtout après le résultat, mais en football, laisser les gens travailler et maintenir une stabilité finit toujours par payer.

- Recevoir lors du match retour en barrage. Est-ce si important finalement ?

- Nous verrons ça le moment venu. Il reste un match amical et le match face au Mali. Nous allons partir en vacances et à notre retour, nous parlerons du barrage. Chaque chose en son temps.

- Mesbah toujours à Parme l’année prochaine ?

- Il y a pas mal de clubs qui se renseignent sur moi, le poste d’arrière gauche étant un poste très recherché. Mais moi je suis bien à Parme, j’y reste. Je voulais rester à Milan, mais je me suis pas mal blessé. Même à Parme, j’ai été pas mal blessé. Mais l’année prochaine ça ira mieux incha Allah.

- Avez-vous été touché par la confiance du coach Vahid qui vous a titularisé à chaque match alors que vous ne jouiez pas en club ?

- D’un côté oui, car ça prouve qu’il me fait confiance, et d’un autre non, car j’ai toujours eu un bon rendement en équipe nationale. J’ai toujours donné le maximum. Je m’entraîne très sérieusement même lorsque je ne joue pas. Je reconnais que cette année, j’ai été en manque de compétition, et c’est bien dommage, je l’avoue. Mais j’ai prouvé à toute l’Algérie que j’étais capable de relever le défi.

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