EN : Les confidences de Vahid

Invité de l’émission C’est son show, diffusée avant-hier soir sur Canal Algérie, l’entraîneur national Vahid Halilhodzic a ouvert son cœur comme il ne l’a jamais fait auparavant.

Nostalgie, émotion, souvenir, larmes, confidences et vérités… Vahid Halilhodzic a ému les téléspectateurs algériens avec son honnêteté, son humanisme et aussi et surtout par ses larmes versées en souvenir de sa maman.  Le coach national a démontré à tous ceux qui aiment le présenter comme un dictateur, un sans-cœur et un  sans pitié, qu’il est tout à fait le contraire de ce qu’ils veulent faire croire aux autres. Avant-hier, Vaha comme aiment le surnommer les Bosniens, nous a fait connaître sa face cachée. Celle du fils ému par la disparition de sa mère, du père peiné par la maladie de son fils, de l’ami blessé au plus profond de lui-même par la trahison de ceux qu’il considérait comme des frères et de l’époux aimant et fidèle à la femme qui l’a soutenu et a accepté de rester à ses côtés quand il avait tout perdu lorsqu’il a fait le choix de rester loin de sa famille pendant la guerre. 

 

«La guerre m’a tout pris»

Difficile de parler avec Vahid Halilhodzic sans évoquer la période de la guerre en Bosnie. L’homme est passé en l’espace d’une journée de l’homme le plus riche de Mostar à un SDF qui n’a en tout que les vêtements qu’il portait le jour où les Croates lui ont tout pris. «Je gagnais beaucoup d’argent quand j’étais joueurs. Je vivais dans un château avec ma femme et mes enfants. J’avais un commerce (un bar-restaurant) qui marchait très bien. Du jour au lendemain, je me retrouve avec rien. J’avais le pantalon et le la chemise que je portais lors de ce maudis jour. J’ai dû refaire ma vie à 42 ans. Vous imaginez le défi ? Je suis passé d’un château à un studio minable de 25 m² à Paris», raconte Vahid Halilhodzic.

 

«Une fois, j me suis tiré une balle dans la fesse»

«Les écrits qui me touchent le plus, qui me rendent fou sont ceux dans lesquels on me compare à un militaire, un dictateur. J’aime la discipline et l’ordre, ça ne fait pas de moi un militaire ! La guerre m’a fait détester tout ce qui est militaire. J’ai certes participé à la guerre en Bosnie, mais je n’ai jamais porté les armes. Je me souviens qu’on m’a donné un pistolet pour soi-disant me protéger. Je l’ai caché dans mon pantalon. Une fois en essayant de le ranger, je me suis tiré accidentellement une balle dans la fesse…Oui, rigolez, mais, croyez-moi, ça m’a fait très mal…», se souvient Vahid Halilhodzic. «Comme j’étais célèbre, on m’a demandé de participer à l’évacuation des enfants, des vieux et des femmes à des endroits plus sûrs. J’ai mis tout ce qu’il me restait. Ma tête était mise à mort. J’ai flirté avec la mort plusieurs fois et ça ce n’est pas drôle du tout», ajoutera-t-il avant de raconter cette anecdote : «J’ai déjà été mort. Je me suis fait opérer de l’épaule et l’anesthésiste n’avait pas bien fait son boulot. J’ai su une année après que je suis resté mort cliniquement pendant plusieurs minutes.»

 

«La maladie de mon fils et la perte de ma mère, les moments les plus pénibles de ma vie»

Poursuivant ses confidences, l’animatrice de l’émission a voulu savoir quels étaient les moments les plus durs dans la vie du coach. Il répondra les larmes aux yeux : «Mon fils est tombé très malade. J’avais peur. C’était le cauchemar. C’est l’un des moments les plus difficiles de ma vie. Il y a aussi le décès de ma mère… (Il s’arrête un moment et essaye d’éviter la caméra pour cacher son émotion». Lors d’une autre question relative à ses parents, Halilhodzic a complètement perdu le contrôle. Coach Vahid a pleuré. «Je retiens de mon père son attachement à sa famille. On était 6 enfants et il était le seul à travailler… Pour ce qui est de ma mère... (Il éclate en sanglots et demande à ce que le face-à-face soit interrompu)».

 

«J’ai horreur de la trahison et de la lâcheté»

Vahid Halilhodzic a avoué lors de cette émission qu’il est trop naïf et cette naïveté lui a coûté souvent des déceptions monstres. «On me présente comme un homme malin et intelligent, mais la vérité, c’est que je me fais souvent faire avoir à cause de ma naïveté. J’ai été trahi plusieurs fois parce que j’offre ma confiance assez facilement», dira Vahid avant de poursuivre : «Ce que je déteste le plus dans ce bas monde, en plus d’être comparé aux militaires, c’est la lâcheté des hommes, la trahison. Je ne sais pas si je suis un homme bien, mais je fais tout pour l’être.» Pour résumer ses grands traits de caractère, il dira : «Je dirais que je suis un humanisme, un pacifiste, un idéaliste peut-être et surtout un perfectionniste. Je n’aime pas faire les choses à moitié. Je n’aime pas me contenter de la moyenne. Je veux le sommet. Avec moi, c’est soit gagner, gagner et puis gagner, ou alors, je quitte le navire. Le seul plaisir que je trouve dans le sport, c’est la victoire. Autre chose, ça ne m’intéresse pas du tout.»

 

«Je dis à mes joueurs : aimez le ballon plus que vos femmes»

«Oui, j’ai demandé à mes joueurs d’aimer le ballon plus que leurs femmes et je vais vous dire pourquoi. Aujourd’hui, avoir dans les jambes vous rapporte plus que si vous aviez dans la tête. Parce que c’est le cas, j’estime qu’aimer et respecter le football est le moins que l’ont puisse rendre au ballon. En résumé, je leur dis : en vous levant le matin, embrassez vos femmes, mais embrassez juste après un ballon. Vous le lui deviez bien !» avouera le coach Vahid. Par ailleurs, concernant les vacances d’été,  il dira : «Après ces deux matchs gagnés à extérieur, je dirais que mes vacances sont bien méritées… mais, vous savez, nous les entraîneurs, on ne prend pas vraiment de congé. C’est une période délicate de l’année. Certains de mes joueurs vont devoir changer de club, d’autres prendront des décisions qui ne vont pas forcément dans le sens que nous espérions…Il faut donc rester connectés, tout le temps…»

 

«Mes joueurs me chambrent en m’appelant le lapin»

Quand Vahid a posé ses valises en Algérie, tous les joueurs ont eu peur de travailler avec cet entraîneur auquel  les Français ont mis l’étiquette de dictateur. Aujourd’hui, on peut dire qu’entre le coach et ses joueurs, c’est la confiance, l’amitié et plus encore qui les lient. «Je suis des fois dur avec mes joueurs, mais mes intentions sont bonnes. Je les piques pour provoquer certaines réactions positives. Je ne suis pas méchant, ni insensible, mais, des fois, secouer le cocotier est inévitable… Après les deux victoires à l’extérieur, les joueurs ont chanté et dansé dans le bus et dans l’avion. Pour me chambrer ou se venger de moi, je ne sais pas, ils m’ont surnommé le lapin. Ils chantaient, lapin, lapin, lapin… et ça m’a fait rigoler.»  

 

«Mon rêve le plus cher, emmener cette équipe au Brésil»

 Avant de terminer cette émission, Vahid Halilhodzic a fait savoir à son interlocutrice qu’elle l’a touché avec certaines questions avant de terminer sur son rêve le plus cher : «Cette équipe est jeune et a une grande marge de progression. On a une grande chance de jouer une Coupe du monde au Brésil ! Il ne faut pas qu’ils la ratent. Ça ne dépendra pas que de moi, ça dépendra aussi de la forme de mes joueurs. Mon rêve le plus cher, c’est ça, jouer avec l’Algérie le Mondial 2014 au Brésil. On a un match à la mi-août contre le Niger ou la Guinée. Normalement, ça sera la Guinée, et après ça, on devra affronter le Mali et enfin joueur les barrages. Il faut bien travailler, rester concentrés et, incha Allah, on ira au Mondial.» 

  

 

A. M.

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

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