Parmi les «victimes» de ce «plan social russo-monégasque», notre défenseur international, Carl Medjani, artisan de la montée en Ligue 1.
Son club compte le libérer
Carl Medjani était arrivé au mercato hivernal à l’AS Monaco pour aider le club, qui avait de sérieuses lacunes défensives, à boucher les trous et à accéder de la Ligue 2 à la Ligue 1. Medjani n’avait alors pas hésité à quitter la Ligue 1 et son club de l’AC Ajaccio pour le palier inférieur, car le projet monégasque était ambitieux et surtout lucratif, puisque, en franchissant la Méditerranée, de la Corse jusqu’au continent, il avait vu son salaire augmenter ostensiblement. Et pour cause, puisque le club de la principauté appartient désormais à un milliardaire russe, Dmitry Rybolovlev, qui a mis le paquet, financièrement parlant, pour l’installer au sommet de l’Europe et battre le Paris Saint Germain version Al-Khelaïfi, sur son territoire, celui de l’argent. Et pour arriver rapidement à ses fins, le président Rybolovlev a demandé à son directeur exécutif et à son directeur sportif un renouvellement de l’effectif à 80%, dans tous les secteurs du jeu et en ne prenant que les meilleurs joueurs de la planète. C’est ce jeu des chaises musicales à plusieurs centaines de millions d’euros en provenance de Russie qui risque d’être fatal à Carl Medjani, qui a été placé dans la charrette des nombreux joueurs libérés par le club du Rocher.
Il n’est pas le seul dans la charrette
Si, habituellement, il est normal qu’un club qui accède en Ligue 1 se renforce en vue de tenir la distance à l’échelon au-dessus et renouvelle 50% de son effectif, il semble qu’à l’AS Monaco, le turn-over soit total. Le russophone directeur général exécutif de l’AS Monaco, Konstantin Zyryanov, et son compère directeur sportif, Vadim Vasilyev, qui lui est francophone, ont été très clairs sur le sujet. Le président Rybolovlev veut un club compétitif et il a donné carte blanche à ses subordonnés pour recruter du «lourd». Et de la même manière que la ligne d’attaque, où même le Sénégalais Ibrahima Touré, qui a marqué énormément de buts, dont celui de la montée, ont été priés de voir ailleurs, pour faire de la place aux Falcao and co, 90% de la défense va subir le même sort. Car Vadim Vassilyev a prié les défenseurs Gary Kagelmacher, Andreas Wolf et, bien sûr, Carl Medjani de partir ailleurs pour les remplacer par de plus gros calibres.
Monaco veut une défense Ligue des champions
Du côté de l’AS Monaco et de son équipe dirigeante, l’heure est plus à atteindre les objectifs assignés par le président, qu’à faire du sentiment. Même si cette saison le club du Rocher, promu en Ligue 1, ne jouera pas la Coupe d’Europe, il veut quand même se doter d’un effectif «Ligue des champions» pour se qualifier à cette compétition européenne et se roder pour essayer de la remporter dès la première participation sous l’ère Rybolovlev. Et après avoir soigné l’attaque, l’heure est venue de recruter cette fameuse défense «Ligue des champions». Claudio Ranieri, l’entraîneur monégasque, a demandé une défense composée de Nicolas Isimat-Mirin, Ricardo Carvalho, Cedric Mongongu et Eric Abidal. Le seul rescapé de la défense précédente étant Andrea Raggi. Lucas Digne est aussi l’objet des convoitises de Vassilyev, mais le Paris SG n’a pas dit son dernier mot. Les supporters de l’AS Monaco devraient avoir une équipe de rêve la saison prochaine et le rêve se fera sans Medjani.
Carl devra rebondir rapidement
L’international algérien n’a rien à regretter, car il fallait s’attendre à cette «course aux armements» monégasque, d’autant plus que le système fiscal de la principauté est très avantageux. Grâce à cette pige de 6 mois à l’ASM, l’Algérien a participé à un challenge intéressant, celui de la montée, et a vu son salaire sérieusement réévalué alors qu’à Ajaccio il n’aurait connu que le stress de la course au maintien et un salaire aussi modeste que les finances du club. Toutefois, Medjani et ses agents devront jouer serré pour rebondir et retrouver rapidement un club de Ligue 1. La France étant le pays des fromages et des étiquettes, il risque vite d’être étiqueté «joueur de Ligue 2 », voire joueur de la montée, un peu comme l’a longtemps été Hameur Bouazza en Angleterre. Bouazza avait accédé à la Premier League avec trois clubs de Championship et à chaque fois il faisait partie de la charrette. Medjani devra vite régler sa situation en signant en première division européenne, même chez un promu, pour éviter de subir la mésaventure que d’autres ont subie avant lui, à savoir faire accéder chaque année un club en Ligue 1 et ne plus jamais goûter aux charmes de l’élite.