Le FC Nantes jouait la montre
Alors qu’avant la venue de l’attaquant de l’équipe nationale, Islam Slimani, en France, le Football Club de Nantes Atlantique montrait un empressement pour enrôler rapidement l’Algérien. Le club de Loire-Atlantique frisait même l’agacement lorsque l’ancien belouizdadi avait des problèmes de visa, arguant du fait que l’Algérien devait rejoindre son futur nouveau club le plus rapidement possible. Du côté de Waldemar Kita, le président de Nantes, on multipliait même les déclarations de bonne intention aux médias, en annonçant que tout était pratiquement réglé et que la venue du joueur et de ses dirigeants ne servirait juste qu’à pratiquement parapher le contrat. Alors pourquoi, une fois qu’Islam Slimani, accompagné de son agent et de Monsieur Kerbadj, qui représente le Chabab Riadhi de Belouizdad, la donne a-t-elle changé ? Pourquoi le président nantais a-t-il fait une offre aussi petite et nous a même semblé pas pressé de reprendre les négociations, du moins de faire traîner les choses ? Quelle idée le FC Nantes avait dans la tête ? Une chose est sûre, dans cette partie de «poker menteur» qui se joue lors d’un transfert, rien n’est fait au hasard.
Les Canaris n’ont offert que 150 000 € au CRB et 25 000€ à Slimani
Car aujourd’hui, nous savons pourquoi avant-hier lundi, aux alentours de dix-huit heures, heure locale, le représentant du club pensionnaire du stade du 20-Août, Kerbadj, ainsi que les agents Bob et Berengué, ont quitté la table des négociations. Waldemar Kita venait de leur faire une offre de 150 000 euros pour le transfert de Slimani. Devant l’agacement et l’incompréhension des représentants du Chabab, qui ont demandé des explications, Kita a argumenté en leur disant «Un tiens vaut mieux que deux, tu l’auras !»
Kita a brandi la menace du verdict du TAS
En leur disant que le TAS, le tribunal arbitral du sport, allait dans les prochains jours, donné son verdict concernant le litige qui oppose Slimani à son ancien club, à savoir s’il est libre de tout contrat ou non, et qu’en cas de décision en faveur du joueur, ils n’empocheraient rien, le joueur devenant libre de signer où bon lui semble. Les dirigeants du CRB lui auraient rétorqué, sans se démonter ou se laisser impressionner, en lui disant qu’ils étaient sûrs que le TAS statuerait en leur faveur et que le FC Nantes était en train de perdre du temps inutilement. Mais d’où le président roumain du FC Nantes Atlantique tient-il ces informations ? Sans aucun doute du clan Slimani, car même si la délégation algéroise affichait une unité de façade, un schisme s’était bel et bien créé entre Islam Slimani et son agent, Choukri, d’une part, et Kerbadj et ses deux mandataires d’autre part.
L’agent de Slimani a voulu faire cavalier seul
Car même si la délégation du CRB est descendue dans le même hôtel parisien, il y a des gestes, des silences et des attitudes qui ne trompent pas. Lorsque le président de la Ligue de football professionnel, représentant du CR Belouizdad, et ses associés de circonstance du jour, ont quitté la table des négociations, Islam Slimani et Choukri, son agent, sont restés une demi-heure de plus à l’intérieur du siège parisien du FC Nantes. Selon les échos que nous avons obtenus des premières négociations, l’agent du goleador de l’équipe nationale serait persuadé de l’emporter au TAS dans le litige qui oppose son poulain au CRB et aurait convaincu son joueur de faire cavalier seul. Il se serait mis d’accord sur quasiment tout avec le FC Nantes et ne se serait pas investi ou immiscé dans l’autre volet de ce transfert, à savoir la part qui revient au Chabab Riadhi de Belouizdad. Le Chabab a contré la proposition de 150 000€ des Nantais par une contre-proposition d’un million d’euros. Et pour faire monter encore plus les enchères et forcer le club «breton», même si Nantes se trouve en Loire-Atlantique, qui jouait la montre, a été plus généreux. Le CR Belouizdad avait fait savoir à Kita que les négociations d’hier mardi seraient celles de la dernière chance, avant d’examiner les autres offres émanant du Portugal, comme d’ailleurs annoncé hier dans nos colonnes.
«Le CRB ne veut que sa part légitime»
Alors que le CR Belouizdad n’avait que moyennement apprécié la tentative de Nantes pour gagner du temps et essayer de «la faire à l’envers au Chabab», comme disent les jeunes, en tentant de prendre Slimani gratuitement. Du côté du joueur et de son entourage, on était inquiets de la somme demandée, une somme jugée excessive et qui pouvait faire capoter le transfert. Une inquiétude, dissipée par Kerbadj, lundi soir très tard, à la réception de l’hôtel Alexandre, où la délégation du CRB était logée, lorsqu’il a tenu en «off» à lever tout malentendu en déclarant les yeux dans les yeux à son joueur que le but du Chabab n’était pas de saboter son transfert, mais juste de défendre les intérêts du club qui a permis l’éclosion de ce joueur et lui a permis d’aller en équipe nationale. Il a aussi déclaré que cette somme de 1 million d’euros était «à débattre» et que le club «formateur» avait le droit au respect et à une part légitime. Enfin, il lui a assuré, les yeux dans les yeux, que quelle que soit l’issue des ces négociations, Slimani jouerait en Europe cette saison, et que le club n’avait aucun problème avec ça, bien au contraire.
250 000 euros pour le CRB et 30 000 euros pour le joueur : la dernière offre du FC Nantes
Comme nous vous l’avions annoncé dans notre édition d’hier, les deux parties s’étaient à nouveau donné rendez vous, hier mardi, à 9 heures du matin, pour le deuxième et dernier volet des négociations. Et malheureusement, si Waldemar Kita a tenu à faire un effort en proposant 100 000€ de plus, donc 250 000 € pour le CRB et 30 000 € de salaire, au lieu de 25 000€ pour Slimani, cette proposition ayant été jugée encore insuffisante par les Belouizdadis, Kerbadj a décidé de quitter la table des négociations en disant à Kita qu’il rentrait à Alger et que s’il devenait plus raisonnable, il connaissait son adresse.
Hier mardi, 10h, la délégation quitte l’hôtel direction l’aéroport
Après l’échec des négociations, Waldemar Kita est retourné à son siège situé à 5 minutes de marche de l’hôtel et n’en est ressorti qu’à 10h47, après avoir passé quelques coups de téléphone avec un sac de voyage léger, sans doute pour rentrer à Nantes. Du côté des Algériens, la note de l’hôtel a été payée aux alentours de 10h15 et un taxi a été demandé direction l’aéroport de Paris-Orly, direction Lisbonne, puisque là aussi tout était prêt, à savoir le billet d’avion de l’international algérien. Mais pour brouiller les pistes, le groupe a assuré au réceptionniste de l’hôtel, d’origine algérienne, avec qui ils avaient sympathisés, qu’il rentrait sur Alger, ce qui était bien évidemment faux. Si Islam Slimani est parti à Lisbonne, Mahfoud Kerbadj lui est rentré à Alger dans la soirée.
Mohamed Bouguerra