EN-Benlamri, Abeid et Belaïli : la marginalisation

Vahid Halilhodzic a dit beaucoup de choses intéressantes lors de son avant-dernier rendez-vous avec la presse nationale. Mais la chose la plus importante, qui mérite qu’on y revient, est celle relative à son ultime liste des joueurs sélectionnables. Une liste qui renferme des éléments qui ne méritent pas d’y être, mais qui y sont quand même et d’autres qui méritent d’y être, mais qui n’y sont pas.

Les chiffres donnés par le coach Vahid lors de sa conférence de presse à Alger mardi passé sont, certes, impressionnants. Mais plus impressionnant encore est cet art d’esquiver avec beaucoup de diplomatie, comme ça a toujours été le cas, les questions relatives aux joueurs «bannis» de l’EN et ceux qu’il s’acharne à convoquer, malgré leur niveau médiocre et leur incapacité à donner un plus à l’équipe.

 

La porte ne sera pas rouverte avant le Mondial  

Plus de 70 joueurs sont convoqués en équipe nationale depuis l’arrivée de Vahid Halilhodzic à la tête des Verts en août 2011. 28+3 ont réussi à durer dans le temps et à conserver leur place en sélection. Les autres sont écartés, momentanément pour certains (Boudebouz), définitivement pour d’autres (Ghezzal). «J’ai trouvé le groupe que je cherchais il y a 2 ans. Désormais, c’est avec ces 28 joueurs, en plus de 2 ou 3 autres éléments, que je continuerai à suivre et avec lesquels je travaillerai», dira-t-il lors de cette conférence. Ainsi, la porte de la sélection est momentanément fermée. Sans surprise de dernière minute, aucun autre nouveau nom ne sera appelé avant la Coupe du monde 2014 au Brésil. La liste finale contiendrait 32 joueurs. 22 seulement iront au Brésil en cas de qualification.        

 

Que s’est-il passé avec les olympiques d’Aït Djoudi ?

L’étrange dans cette histoire est qu’aucun joueur ayant pris part aux éliminatoires pour les Jeux olympiques de Londres 2012, sous la houlette de Azzedine Aït Djoudi, ne figure sur cette liste. Même le défenseur central de l’USMA, Chafaï Farouk, qui faisait l’exception, a fini par être «effacé». Même chose pour Chalali. Pourtant, du talent, ce n’est pas ce qui manquait dans ce groupe qui a raté la qualification aux JO bêtement. C’est pour dire que cette affaire en cache forcément une autre encore plus intéressante. Mille et une rumeurs ont été lancées à ce sujet, mais aucun officiel n’a voulu témoigner publiquement de ce qui s’était exactement passé après l’élimination. Certaines sources présentes sur les lieux nous ont confié, en off, que la non-convocation en équipe nationale A de certains joueurs est liée directement aux comportements de ces derniers lors du stage et, surtout, après l’élimination. Vahid, étant présent, a donc tout vu.

 

Le mérite de Benlamri crève l’écran

S’il y a bien un joueur qui mérite d’être sur la liste de Vahid, et qui possède  largement des qualités pour être un titulaire indiscutable au sein de cette équipe nationale, c’est bien le jeune défenseur de la JSK, Djamel Benlamri. Que ce soit au poste de latéral droit ou dans l’axe, le joueur formé au NAHD est bien meilleur, de l’avis de tous les techniciens auxquels nous avons posé la question, que tous ceux évoluant déjà en EN. Ce bijou que le staff technique continue à marginaliser peut régler pas mal de soucis au coach Vahid. Ce dernier le sait parfaitement. Les excuses avancées sont valables, mais pardonnables quand même. «Le jour où «votre» joueur sera un peu plus sérieux, je le convoquerai. Pour le moment, il n’a pas encore compris certaines choses…» C’était la réponse de Vahid à notre question concernant Benlamri. En fait, le Bosnien pense que Benlamri et Chaouchi, convoqués en juin 2012 à un stage à Dar Diaf, auraient simulé des blessures pour quitter le stage et partir en vacances. A cette époque-là, les locaux, en plus de Guedioura, étaient convoqués en stage avant les autres et travaillaient 3 fois par jour, d’où «la fuite» de Benlamri.

 

Belaïli, reconnu partout, sauf dans son pays

Belaïli est considéré par certains spécialistes comme étant le meilleur talent que l’Algérie ait connu depuis les années 90. Star incontestée dans l’un des meilleurs championnats en Afrique, Youcef Belaïli, 21 ans, est bien parti pour être le meilleur joueur africain évoluant dans le continent noir cette année. Son salaire avoisinerait les 10 millions de dinars par mois. Les offres qu’il reçoit chaque jour de la part de clubs européens prestigieux feront rêver même les Boudebouz, Brahimi et autres Taïder et Kadir. C’est pour dire que le talent et le mérite de ce joueur sont incontestables. Mais le coach Vahid ne le voit pas ou ne veut pas le voir. A l’un de ses collaborateurs, le coach aurait lancé : «Je me parlez plus de ce joueur.» Pour expliquer cela, nous avons mené une petite enquête qui nous a menés à deux hypothèses : la première dit que Youcef Belaïli aurait été grillé par une personne de l’ouest du pays proche du président Raouraoua. La seconde hypothèse, plus crédible que la première, dit «que le numéro 10 de l’EST s’est très mal comporté lors du tournoi final au Maroc, notamment après l’élimination des JO. Vahid, qui était présent sur place, a tout vu et noté.

 

Abeid, le mystère  

Le troisième olympien à ne pas figurer dans les petits papiers de Vahid Halilhodzic est le jeune milieu de terrain défensif du Panatinaïkos, Mehdi Abeid.  21 ans, lui aussi, cet excellent joueur n’a jamais été convoqué en équipe nationale. Même quand les Verts souffraient dans le milieu de terrain défensif (Lacen suspendu, puis ne jouait plus avec son club Getafe, Lemouchia passait une année blanche au Club Africain, Medjani à l’origine défenseur, mais utilisé au milieu, sans oublier Tedjar qui a été convoqué tout le temps pour rien…), Vahid Halilhodzic n’a jamais pensé faire appel à lui. La seule et unique fois où la question concernant l’ancien Lensois lui a été posée, il répondit : «Abeid devait être convoqué pour ce match retour face à la Libye. Il allait même commencer le match, mais comme il est préoccupé par son transfert (il allait partir en prêt à Johnston), nous avons jugé utile de le laisser finaliser son prêt en Turquie ou en Ecosse.» Depuis quand le Bosnien se préoccupe-t-il des affaires personnelles de ses joueurs ? Depuis quand fait-il passer l’intérêt personnel de ses éléments avant celui de la sélection? C’est pour dire que la marginalisation de Mehdi Abeid est mystérieuse, pour ne pas dire autre chose. A moins que Vahid ait remarqué quelque chose le concernant lorsqu’il suivait les Olympiques d’Aït Djoudi. Ce joueur qui a choisi l’Algérie à 19 ans, surtout lui, mérite vraiment une chance avec les Verts.  

«Avant de choisir le joueur, je choisis l’homme»

 

Pour diverses raisons, Vahid a dû écarter pas mal de joueurs depuis son arrivée à la tête des Verts. Ghezzal, Metref, Chalali, Remmache, Ziani, Belhadj, Bouzid, Abdoun et Meghni ont tous été évincés de l’EN, alors qu’ils étaient toujours opérationnels. Bien que le temps ait fini par lui donner raison concernant la plupart d’entre eux, il ne demeure pas moins que les joueurs dont nous avons décrits sont jeunes, valeureux et peuvent constituer l’avenir de l’EN dans un avenir très proche, si l’occasion leur sera donnée. Vahid Halilhodzic a dit lors de sa dernière conférence «qu’il choisit l’homme avant le joueur», et a ajouté «qu’un excellent joueur peut facilement casser le groupe et diviser les rangs, s’il n’adhère pas à la politique générale et au règlement intérieur». Et bien, Benlamri, Abeid et Belaïli ont peut-être commis des erreurs de jeunesse par le passé, mais ils restent des Algériens très attachés à leur pays, de braves types (leurs présidents, entraîneurs et coéquipiers en clubs en témoigneront). Ils méritent d’avoir une seconde chance, non pas pour leur faire plaisir, mais parce que l’EN a besoin d’eux.

A. B.

 

 

 

 

 

 

 

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