Burkina Faso - Algérie
C’est ce match d’appui, disputé par les poulains du Cheikh Saâdane, qui était de fait un match barrage à l’extérieur, qui va nous servir de base de travail, de point de comparaison, entre la génération précédente, pour éviter d’éventuels erreurs, commises en 2009 et que les Fennecs de 2013 devront éviter.
Une génération 2009, qui avait su relever le défi et dont les rescapés que sont Bougherra, Yebda, mais aussi le président Raouraoua, Walid Sadi et Djahid Zefzaf, feront tout pour aider cette nouvelle génération jeune et très ambitieuse, drivée par Vahid Halilhodzic, pour qu’elle puisse accomplir sa mission.
Avant d’entrer plus dans les détails, nous pouvons d’ores et déjà constater que, hormis le manque d’expérience, l’équipe nationale version 2013 aura, grâce à Dieu, des conditions plus favorables que la génération précédente et cela sur tous les plans.
Un avant-match plus serein
Le premier facteur favorable pour Feghouli and Co sera le climat qui va précéder la rencontre de Ouagadougou. Et lorsque nous disons climat, il ne s’agit pas de météorologie mais de l’ambiance médiatico-politique qui va précéder le match. On se souvient tous de ce torrent de boue et de poubelles qui déferlaient des différents médias égyptiens, où chacun y allait de sa petite phrase pour déstabiliser l’équipe nationale. Des déclarations ordurières envers toute l’Algérie, qui n’avaient rien à voir avec le football, émanant à la fois de présentateurs TV, de chanteuses, d’acteurs ou autre et qui avaient abouti à l’agression physique de l’équipe nationale à son arrivée au Caire. Cette fois-ci, rien de tout cela ne sera au programme. Il n’ya aucun antagonisme entre l’Algérie et le Burkina Faso qui sont deux pays frères. Les déclarations de «trash talking» (parler poubelle comme disent les Américains ), ce n’est pas le genre de la maison, et que ce soit à Ouaga ou à Blida, la rivalité ne sera que sportive et le meilleur l’emportera. Ce climat apaisé va permettre à coach Vahid de travailler dans la sérénité, sans recevoir des pics quotidiens venant de l’adversaire en étant obligé de surenchérir par la suite.
Un groupe plus étoffé
Bien que la génération Ziani, comme on l’appelle, était une génération valeureuse et talentueuse, en toute objectivité, lorsqu’on analyse la valeur intrinsèque des deux groupes, on est forcés de constater qu’il ya plus de densité dans la génération de 2013. A la fois sur le prestige des clubs dans lesquels ils évoluent, mais aussi sur la profondeur de banc. Rabah Saâdane aime à répéter qu’il a réussi la performance de qualifier l’Algérie à la CAN et à la Coupe du monde 2010, avec un groupe de 15 joueurs de très haut niveau. Alors que pour affronter une telle échéance il faut au minimum doubler chaque poste. Et c’est le problème qu’avait rencontré le Cheikh lors du match de barrage au Soudan et surtout lors de la CAN 2010 en Angola, où après une hécatombe de blessures et de fatigue, les joueurs titulaires blessés étaient remplacés par des joueurs bien inférieurs intrinsèquement. Aujourd’hui, Vahid Halilhodzic dispose d’au moins 20 joueurs de très haut niveau, qui évoluent quasiment tous à haut, voire très haut niveau pour certains, qu’il s’agisse des locaux ou des expatriés. Il n’y a qu’à voir les listes des convoqués. On peut y lire Inter de Milan, FC Porto, Valence… La meilleure des preuves est le banc des remplaçants face au Mali. Lorsque vous pouvez vous permettre le luxe de vous passer de Feghouli, Brahimi, Belkalem, Slimani, Lacen, Guedioura, etc. c’est que vous avez de la profondeur de banc. Enfin, pour parler seulement du poste d’attaquant pour donner un exemple concret, en 2009, nous ne disposions que de Rafik Djebbour et Abdelkader Ghezzal à ce poste et Karim Matmour qui dépannait à ce poste, alors qu’aujourd’hui nous avons Soudani, Slimani, Ghilas, Belfodil et Aoudia qui sont tous des titulaires en puissance.
Concernant le temps de jeu, égalité entre les deux générations
Beaucoup de nos confrères, relayés par des techniciens, des observateurs du football et la rue algérienne sont inquiets du faible temps de jeu des joueurs de l’équipe nationale, à quelques jours du match barrage face aux Etalons du Burkina Faso. Cette situation certes problématique, l’équipe nationale sait exactement comment la gérer puisque le même souci avait touché la génération Oumdourmane. Il n’y a qu’à se pencher sur les archives et lire les journaux de l’époque pour s’apercevoir qu’en 2009 Antar Yahia blessé, ne jouait plus avec Bochum, que Yazid Mansouri ne jouait pas avec Lorient, que Karim Ziani ne jouait pas avec Wolfsburg, que Bezzaz, Meghni, Kamel Ghilas et Halliche aussi ne jouaient quasiment pas en club. Et malgré cela, ils ont fait deux grands matchs, 180 minutes, à trois jours d’intervalle et ont battu la plus grande équipe d’Afrique de l’époque, l’Egypte, composée à 90% de joueurs du 11 type d’Al Ahly qui étaient tous titulaires en puissance. Gageons que cette nouvelle génération, épaulée par un staff compétent et qui a fait ses preuves avec des joueurs professionnels et expérimenté, saura gérer ce paramètre. D’autant plus que chez l’adversaire, le Burkina Faso, il n’y a pas que des titulaires en puissance, loin de là.
Une vie de groupe plus apaisée avec plus de moyens
Il y a un autre facteur, très important, peut-être le plus important de tous, dans le cadre d’un déplacement «commando» à Ouagadougou, c’est celui de la vie de groupe. Ce groupe, contrairement aux précédents, est plus apaisé. L’ancienne génération, bien que très soudée, étaient sans cesse perturbée dans sa vie de groupe par des problèmes d’organisation et a dû se battre à chaque stage, pour permettre à celle de 2013, d’évoluer dans les mêmes conditions qu’une équipe nationale digne de ce nom. Feghouli, Brahimi et Taïder ne sont plus perturbés par des problèmes de salubrité d’hôtel, de primes non versées, d’équipement Le coq sportif indigne d’une équipe de football, de remboursement de billets d’avion, etc. Même si à partir de Rwanda – Algérie, les choses ont commencé à aller mieux pour la génération Ziani, il aura fallu l’arrivée du duo Halilhodzic – Raouraoua, pour voir l’équipe nationale débarrassée de tous ses vieux démons et pouvoir enfin se concentrer sur le jeu.
Une culture de la gagne retrouvée
Tous les spécialistes des sports collectifs vous le diront, l’entraîneur bâtit le schéma de jeu et sa tactique en fonction du groupe dont il dispose et de sa personnalité propre. Rabah Saâdane, lorsqu’on l’interroge sur ce sujet, a toujours bien expliqué les choses. Si son équipe jouait très défensivement, avec une seule pointe, pour ne pas encaisser, viser le nul et essayer de marquer sur un contre ou un coup de pied arrêté, c’est avant tout parce que dans son effectif il disposait plus de joueurs à vocation défensive et qu’il faisait face à une pénurie d’attaquants «tueurs des surfaces» à ce moment-là. Vahid Halilhodzic lui, qui est un entraîneur aussi chevronné que Cheikh Saâdane, a profité de la génération dont il dispose, celle des Taïder, Feghouli, Brahimi, Soudani, Slimani, Ghilas, Aoudia et Belfodil, qui sont des joueurs à vocation très offensive, pour dessiner un schéma tactique qui lui sied parfaitement, puisque c’est un ancien attaquant, un schéma tactique basé sur l’offensive à outrance, non plus seulement à domicile, mais aussi à l’extérieur. Vahid Halilhodzic, qui a horreur des défaites, mais aussi des matchs nuls, a su imposer à ce groupe jeune la culture de la gagne, comme il l’avait fait avec les Eléphants de Côte d’Ivoire. Il n’ya qu’à voir le bilan de cette phase des poules, avec 15 points pris sur 18 possibles et des victoires avec des buts quasiment tous marqués dans le jeu. C’est cet «esprit Vahid» qui permettra à nos joueurs de revenir du «pays des hommes intègres» avec un résultat.
Mohamed Bouguerra