Ce choc de la 7e journée du championnat d’Italie, opposant l’Inter de Milan à l’AS Roma, qui doit se dérouler samedi soir à 20h45, au stade Giuseppe-Meazza, plus communément appelé le stade San Siro de Milan, est le match le plus attendu par l’ensemble des acteurs du football italien, depuis le début de ce championnat de Serie A.

Et pour cause ! Car en plus d’opposer deux grands clubs italiens, que sont l’Inter et la Roma, ce match opposera les deux formations transalpine les plus en forme du moment. Si les Nerrazzuri, 4es à 4 points du leader, l’AS Roma, essayeront de profiter de l’avantage de recevoir pour empocher les trois points et revenir à la deuxième place, à 1 point des Romains, en passant devant Naples et la Juventus, du côté du club de « la louve », on aura à cœur de faire un bon résultat dans la capitale de l’Italie du nord, pour consolider cette place de leader de la Serie A. Mais à l’intérieur de ce Inter-Roma, il y aura un match dans le match. Un duel entre deux joueurs qui, en plus d’avoir comme point commun d’être des valeurs sûres de leurs équipes respectives, sont deux joueurs aux destins quasi similaires, à une exception près, la couleur du maillot national. Il s’agit de Saphir Taïder et de Mehdi Benatia.

Nés d’une mère algérienne et d’un père maghrébin

Le premier point commun entre le défenseur de l’AS Roma et le milieu de terrain de l’Inter, c’est qu’ils sont nés tous les deux d’une mère algérienne et d’un père maghrébin. Si pour Saphir Taïder, le papa vient de Tunisie, du côté de Mehdi Benatia, c’est du côté du « Mzab marocain » que se trouve l’origine du papa.

Ils sont nés et ont été formés en France

Le second point commun entre ces deux valeurs sûres maghrébines du Calcio, c’est leur lieu de naissance et leur cursus footballistique. Puisque les deux joueurs sont nés et ont été formés en France. Si du côté de Mehdi Benatia, plus âgé que Taïder de 5 ans, il est inscrit Courcouronnes, dans la banlieue sud de Paris, à côté de la rubrique « lieu de naissance », sur son état civil, du côté de Saphir, c’est du côté du Sud-Ouest de la France, dans la ville de Castres, que le Nerrazurri est venu au monde. Leurs familles résidant en France, c’est dans le pays de Kopa, Platini et Zidane qu’ils apprendront leur métier de footballeur. Talentueux, ils seront repérés dès leur jeune âge par des centres de formation de clubs professionnels. Si pour Saphir, l’apprentissage se fera à Toulouse, puis à Grenoble ; du côté de Mehdi, c’est du côté de l’INF Clairefontaine et de l’Olympique de Marseille qu’il fera ses gammes.

Incompris en France, ils explosent en Italie

Malgré leur talent énorme et la précocité de leur détection, ces deux joueurs n’ont pas eu l’avenir radieux que leur talent pouvait leur laisser espérer en France. Mehdi Benatia a dû se résoudre à quitter l’autoroute vers la Ligue 1 pour emprunter l’itinéraire bis vers la Ligue 2, pour enfin avoir du temps de jeu, Jose Anigo ne lui faisant pas confiance. Et ce n’est qu’après une saison blanche à Lorient et surtout deux saisons pleines dans la triste et grise division deux française que les fées du football se penchent enfin sur son berceau en 2010, pour le faire signer dans la botte italienne, à l’Udinese, où il va réellement exploser en Serie A et se faire un nom dans le football européen. Trois saisons complètes à Udine qui lui ouvriront les portes, cette année, du club de la capitale italienne cher à Francesco Totti, et entraîné par le Français Rudy Garcia, l’AS Roma. Pour Saphir Taïder, c’est surtout la crise économique et la faillite  de son club, Grenoble, qui l’ont empêché d’exploser en France. Car après un premier match, au Stade Vélodrome, et face à l’OM, à seulement 16 ans, le GF38, où évoluait aussi Sofiane Feghouli, a déposé le bilan et les joueurs ont été libérés sans préavis. Une situation qui a été fatale à pas mal de joueurs grenoblois, mais pas à Saphir Taïder et sa force de caractère. Le jeune joueur, libre de tout contrat, a signé à Bologne et a « fait son trou » à la force de son jarret et de son talent, jusqu’à se retrouver dans le 11 titulaire de l’Inter de Milan à seulement 20 ans.

Un début de saison exceptionnel

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux joueurs, arrivés cette saison dans leurs clubs respectifs, n’ont pas raté leur entrée sous leurs nouvelle couleurs. Nous pouvons même dire que les responsables du recrutement ont dû être félicités tant le casting a été bon. Et les statistiques sont là pour l’attester. Saphir Taïder a disputé 5 rencontres de Serie A sur 6 possibles. Il a passé 235 minutes sur le terrain puisqu’il a été titulaire 2 fois et remplaçant 3 fois. Lors de ces 235 minutes, il a inscrit un but face à Sassuolo lors de la 4e journée. Mehdi Benatia, lui, a disputé 6 matchs sur les 6 possibles et a joué à chaque fois les 90 minutes, soit 540 minutes passées sur les terrains de Serie A. Durant ces 6 journées, il a inscrit deux buts lors des deux dernières journées, un face à la Sampdoria et un autre face à Bologne, l’ancien club de Taïder. Même si sur le plan des statistiques, on pourrait croire que Benatia a l’avantage, il ne faut pas oublier que le Mrocain a eu plus de temps d’acclimatation. Car il est arrivé à la Roma en juin dernier, en début de mercato, alors que Taïder est arrivé début septembre, à la dernière minute de la clôture de ce marché des transferts estival.

La même passion mais pas le même maillot

Même si dans leur carrière internationale il ya encore beaucoup de points communs entre ces deux joueurs, puisqu’ils ont tous les deux évolué en équipe de France des jeunes catégories, avant d’opter pour une équipe nationale africaine, même maghrébine, grâce au fameux « choix du cœur », pour paraphraser Didier Drogba, ces deux joueurs ont fait un choix différent en ce qui concerne l’équipe nationale. Même si ces deux joueurs étaient très proches du pays de leur père, à savoir la Tunisie pour Taïder et le Maroc pour Benatia, en ce qui concerne les vacances d’été, etc. En ce qui concerne le choix des équipes nationales, si le cœur de Saphir a penché pour le maillot vert des Fennecs algériens, faisant plaisir par la même à sa maman, du côté de Mehdi, le cœur a opté pour le maillot rouge des Lions de l’Atlas et du papa. Comble de l’ironie, c’est face à l’Algérie que Benatia a ouvert son compteur buts lors du 4 à 0 de Marrakech en laissant exploser une joie immense. Du côté de l’entourage de Saphir Taïder, on assure que si l’Algérie et la Tunisie venaient à s’affronter, il jouerait le match à fond en faveur de l’Algérie, mais que, à ‘limage de l’Allemand Podolsky face à la Pologne, il ne manifesterait pas sa joie en cas de but et de victoire algérienne, par respect.

Ouaga pour l’un, Agadir pour l’autre

A l’issue de ce choc palpitant entre le club de la capitale de toute l’Italie et la capitale des sécessionnistes du Nord, la fameuse Padanie, et quel qu’en soit le résultats, ces deux joueurs que le destin a si souvent rapproché s’envoleront direction l’Afrique, pour servir leur pays. Si pour l’Algérien, il y a un match barrage aller capital, à Ouagadougou, face au Burkina Faso, du côté du Marocain, direction l’inauguration du stade flambant neuf d’Agadir, avec un match amical face aux Bafana Bafana.

Avec Belfodil pour que la fête soit parfaite

Ce match Inter – Roma tiendra assurément ses promesses, tant l’enjeu est important. Souhaitons, pour que la fête maghrébine soit parfaite, que l’autre Algérien de l’Inter, Ishak Belfodil, participe aussi à ce match. Une chose est sûre, samedi soir, tous les Marocains soutiendront l’AS Roma et tous les Algériens l’Inter.

 

 « Nous allons à Ouaga pour gagner »

Saphir Taïder devenu une pièce maîtresse sur l’échiquier de Vahid Halilhodzic depuis qu’il a rejoint notre équipe nationale a voulu montrer la voie à dix jours du rendez-vous capital qui mettra aux prises les Verts avec les Burkinabés le  12 octobre prochain. En une phrase sur sa page facebook, Saphir Taïder a voulu prciser : « Nous allons à Ouagadougou pour gagner et non en touristes », avant de finir par le slogant des supporters de notre équipe nationale : « 1,2,3 viva l’Algérie »