L’engouement suscité par cette rencontre décisive a dépassé les espérances puisque, dès l’approche de ce rendez-vous, l’effervescence a atteint son paroxysme. Les inconditionnels des Verts se sont bien préparés pour ce match en sortant les plus belles tuniques des Fennecs pour aller les soutenir lors de la «guerre» de Tchaker. Tous les chemins mènent à Blida, théâtre du dernier combat pour le sésame ultime, le billet en direction de Rio pour la Coupe du monde. Donc, avant-hier soir, nous avons décidé de nous déplacer à la ville des Roses pour voir les derniers préparatifs des supporters et surtout comment ils allaient passer la nuit, les conditions météos étant extrêmement difficiles ces derniers jours. En longeant la route en direction de Blida, nous avons croisé plusieurs véhicules venant d’un peu partout qui allaient droit au stade pour y passer la nuit, histoire d’avoir une option à l’ouverture des portes à 9h du matin. A peine rentré dans la wilaya, voilà que des centaines de jeunes ont accroché des drapeaux, des banderoles et tout autre forme de soutien aux capés de Vahid Halilhodzic. Quelques centaines de mètres plus loin, c’est carrément la fête, des centaines de véhicules sont sortis défiler et on y voit des gens de tout âge, filles et garçons. Tous emmenés par une ferveur et des chansons vantant les mérites de Taïder et ses camarades. Des images qui rappellent 2009 et la qualification historique face à l’Egypte.
Parking, fast-food, tout est bon à prendre
Une fois arrivés devant le stade Mustapha Tchaker, le nombre de supporters augmentait sensiblement. Nous nous sommes alors approchés de deux fans venus de Boussaâda. L’un se prénomme Lyes et l’autre Sofiane, ils nous racontent dans quelles conditions ils allaient passer la nuit : «Nous sommes venus de loin, très loin, Boussaâda n’est pas la porte à côté. Cependant, pour l’équipe nationale, rien n’est impossible. Les conditions météos sont difficiles, mais on s’y adapte.» Lorsque nous leur avons posé la question sur l’endroit où ils se restauraient, ils affirment : «Dieu merci, sur ce point, nous n’avons pas à nous plaindre. Nous avons trouvé plein de bonnes gens qui nous ont proposé des repas chauds ou même invités chez eux pour le dîner, chose que nous avons déclinée pour la seule raison que si on part, on pourrait le payer très cher en ratant l’ouverture des portes. Le risque est trop grand. Alors, pour meubler avec la faim, on se restaure ici et là, il y a des vendeurs ambulants et des fast-foods pour manger.» Après ça, nous avons demandé à nos interlocuteurs où comptaient-ils passer la nuit, et la réponse fut sans aucune hésitation : «Vous avez vu il y a un grand parking, alors on va passer la nuit ici. C’est la meilleure solution si nous voulons être parés pour l’ouverture des portes. Il y a des gens qui dorment près du stade, mais dès le lever du jour, ils seront chassés par le service d’ordre. Alors, mieux vaut passer la nuit ici dans ce parking que d’aller chercher un endroit qui compromettrait nos chances d’entrer au stade.» Même son de cloche chez Samy, fan invétéré du MCO : «Je vais dormir dans ma voiture qui est ici. Je sais que ce n’est pas évident, mais, bon, aucun sacrifice, aucune victoire.»
Pour l’amour d’El Khedra
L’impact que peut avoir le sport roi sur les Algériens n’a pas d’égal. En effet, rares sont les supporters d’autres pays à braver la pluie, le vent et le froid pour aller passer toute une nuit à la belle étoile pour la plupart afin d’attendre l’ouverture des portes de Mustapha Tchaker pour passer 10h à attendre le coup d’envoi de la rencontre des Verts face au Burkina Faso. Les espoirs de 40 millions d’Algériens sont placés en Vahid et ses troupes pour offrir l’ivresse de la joie à des fans qui ne veulent que fêter une qualification en Coupe du monde 4 ans après l’Afrique du Sud. Ces supporters n’ont pas d’intérêt ni d’ambition ni quoi que ce soit, seulement, ils sont portés par une chose, l’amour de l’équipe nationale. Une sélection qui a su regagner le cœur du public pour le ramener au stade et faire en sorte qu’il soit toujours heureux et fier de voir les Fennecs se produire. Un sentiment que nous envient beaucoup d’ailleurs, car le lien fort qu’ont tissé les supporters avec l’EN n’a pas de limites malgré les défaites, les déceptions, les inconditionnels de l’équipe nationale sont toujours présents pour encourager les leurs lorsque le moment l’exige. N’est-ce pas là finalement la plus grande force de cette EN ? Forcément.
Un dispositif sécuritaire impressionnant
Bien qu’il faisait nuit lorsque nous étions à Tchaker, la police était déjà sur place pour assurer la sécurité de tout le monde. Des barrières ont été mises aux alentours de l’enceinte pour ne pas déplorer d’incidents durant la nuit. En plus, beaucoup de policiers étaient dans les rues et suivaient avec attention le mouvement des supporters et s’attelaient à ce qu’il n’y ait aucun débordement.
Accès interdit à l’hôtel des Burkinabés
Par la suite, nous avons voulu faire un saut du côté du lieu de résidence des Burkinabés, au boulevard des 20 Mètres. Cependant, pour des raisons sécuritaires, on s’est vu empêcher l’accès à l’Hôtel des roses.
Alger aussi en fête
C’est vers les coups de 23h que nous avons quitté la wilaya de Blida pour rentrer sur la capitale et prendre la température dans les plus grands fiefs de l’Algérois et voir ce qui s’y passait. Ainsi, dès notre arrivée devant la présidence (Golf), les klaxons retentissaient et les nombreux véhicules prenaient tous la même direction, le quartier général de la capitale, la place Audin. Une fois arrivés sur place, nous avons pu nous rendre compte de la grandeur de l’évènement, des fumigènes, des klaxons, des youyous et surtout les vuvuzella qui sont en la circonstance les vedettes de ce match retour. Une ambiance fraternelle entre des supporters qui n’attendent qu’une chose, ressortir le lendemain pour une durée indéterminée afin de fêter la qualification. D’ailleurs, la fête a duré plusieurs heures et ne s’est arrêtée qu’au petit matin pour certains. Le tout sous le regard bienveillant et attentionné des services de police qui gardaient les yeux bien ouverts pour ne pas avoir de débordements. Pour leur part, les supporters ont lancé une répétition générale de ce qui devait être le défilé de la victoire tout en espérant que ça arriverait, car, entre répétition et réalité, tout peut changer en une fraction de seconde. Sacré supporters, ils ne cesseront jamais de nous surprendre.
I. Z.