L’ex-mondialiste 1982 et 1986, Fawzi Mansouri, estime que l’EN actuelle, version Halilhodzic, doit améliorer son jeu collectif, et surtout jouer plusieurs matches amicaux afin qu’elle soit prête pour le Mondial 2014. L’ex-latéral gauche des Verts ne comprend pas pourquoi le sélectionneur national n’arrive pas encore à stabiliser son effectif, préférant à chaque fois chambouler son onze, comme ce fut le cas lors du dernier match disputé contre le Burkina Faso la semaine dernière à Tchaker. Même si actuellement, il est loin des terrains, il suit toujours l’actualité sportive en Algérie, et surtout les sorties de l’EN.

- Comment avez-vous vécu le dernier match gagné par l’EN contre le Burkina Faso ?

- J’étais stressé comme tous les Algériens, compte tenu de l’enjeu du match et du résultat de l’aller. Heureusement que Bougherra était là pour inscrire ce fameux but qui nous a propulsés pour la 4^e fois en Coupe du monde.

- Comment avez-vous trouvé le rendement de l’EN ?

- Sincèrement, on n’a rien vu de bon, puisque l’EN a eu du mal à rentrer dans le match, la pression était énorme sur les épaules des joueurs. En seconde mi-temps, il y a eu cette action qui a amené le but, puis par la suite, notre EN a défendu son but jusqu’au coup de sifflet final. L’essentiel a été réalisé, puisque l’objectif principal était la qualification pour le Mondial.

- Maintenant que l’EN est qualifiée pour le Mondial 2014, que faut-il faire pour que cette EN soit prête pour ce grand rendez-vous footballistique planétaire ?

- A mon avis, cette EN doit jouer plusieurs matches amicaux, si elle veut améliorer sa cohésion, et surtout son animation de jeu.

- On vous sent un peu sceptique malgré cette qualification pour le Mondial 2014…

- En tant qu’Algérien, je suis content et fier de cette qualification, mais d’un autre côté, je suis réaliste, car cette EN ne m’a pas emballé depuis le début des éliminatoires de la Coupe du monde.

- Mais l’objectif principal est atteint, puisque les Verts seront au Brésil ?

- Certes, une qualification pour un Mondial est quelque chose d’important, mais, à mon avis, il faut être ambitieux, car c’est notre 4^e participation à cette grande manifestation footballistique mondiale. Si on veut bien représenter le pays, il faut bien préparer ce rendez-vous, car le public algérien est exigeant.

- Quels sont les joueurs algériens actuels de l’EN qui vous ont convaincus ?

- Franchement, les joueurs actuels ne sont pas constants dans leurs performances, ils alternent le bon et le moins bon. C’est pour cela que je dis que cette EN n’est pas très convaincante.

- Indirectement, vous critiquez certains choix du sélectionneur national ?

- Je ne suis pas en train de tirer à boulets rouges sur le sélectionneur national, mais juste de donner mon avis sur certaines choses qui m’ont paru anormales.

- Pouvez-vous être plus explicite ?

- Je pense que tout le monde est du même avis. Je m’interroge sur les changements perpétuels opérés par le sélectionneur national depuis sa prise en main de l’EN. A chaque fois, il convoque de nouveaux joueurs, alors  que la logique veut qu’il stabilise son effectif. Lors du dernier match contre le Burkina Faso qualificatif pour le Mondial 2014, il a pris un grand risque en alignant des joueurs qui n’ont pas  l’habitude de jouer ensemble dans un match aussi crucial. A chaque fois, il chamboule son groupe, ce qui fragilise beaucoup le jeu collectif de l’équipe. D’ailleurs, tout le monde a remarqué que cette EN manque de cohésion et surtout de constance. C’est un grand  problème que le sélectionneur devra résoudre avant le Mondial.

- Pour l’instant, le sélectionneur a un groupe élargi de 40 joueurs, pensez-vous que cette EN doit être renforcée ou non ?

- Le sélectionneur national a essayé 80 joueurs, si je ne me trompe pas, et il continue toujours à chercher des joueurs dans des postes bien précis. Je trouve ça anormal, car on est à 6 mois du Mondial, et par conséquent, il est impératif d’arrêter un groupe restreint, car l’EN a besoin de stabilité.

- Le choix des 23 joueurs pour le Mondial ne sera pas chose aisée pour le sélectionneur national…

- Le choix sera difficile, mais il faut trancher, et surtout ne pas faire l’erreur des deux Coupes du monde 1982 et 1986.

- Pouvez-vous nous expliquez ces erreurs ?

- Justement, puisque l’occasion m’est offerte pour m’exprimer en tant que mondialiste 1982 et 1986,  je me souviens bien qu’il y a eu des joueurs qui ont fait les éliminatoires du début jusqu’à la fin, avant de se retrouver hors liste des joueurs retenus pour la Coupe du monde. En tant qu’ancien international, je dis et je redis que si on veut réussir un bon parcours en Coupe du monde, il faut miser sur une ossature composée des joueurs qui ont participé aux éliminatoires du début jusqu’à la fin. La stabilité de l’effectif va permettre au sélectionneur national d’avancer positivement, et surtout d’améliorer certains aspects importants, comme la cohésion et l’organisation tactique.

- Que faut-il améliorer pour que cette EN soit plus solide ?

- Je pense que le sélectionneur doit obligatoirement stabiliser sa défense et son milieu de terrain en premier, avant de passer au secteur offensif. Concernant la défense, il est impératif de stabiliser ce compartiment, car c’est à partir de là que la construction du jeu  commence. A chaque fois que l’EN joue, le sélectionneur change sa défense. C’est pour cela que nous avons du mal à bien assurer derrière. Même cette histoire de gardien de but m’intrigue.

- Vous faites allusion à la titularisation de Zemmamouche contre le Burkina Faso à la place du titulaire habituel Mbolhi ?

- Un gardien de but qui n’a pas de temps de jeu ne peut pas être compétitif dans une Coupe du monde. C’est une évidence, mais ce qui m’a surpris, c’est le fait d’enlever Mbolhi  dans un match aussi important sans donner d’explication, alors que dans tous les matches disputés jusque-là, il a misé sur ce portier.

- En tant qu’ancien latéral gauche de l’EN, que pensez-vous des deux latéraux actuels, en l’occurrence Mesbah et Ghoulam ?

- Pour ce qui est de Mesbah, je pense que c’est un défenseur qui manque terriblement de temps de jeu, ce qui fait qu’il n’est pas compétitif. A Parme, ça ne marche pas pour lui, ce qui fait qu’il doit chercher un club qui puisse lui permettre d’avoir du temps de jeu, car en Coupe du monde, ça ne pardonne pas. Concernant Ghoulam, malgré le fait qu’il est régulier à Saint-Etienne, il manque terriblement d’expérience. Il possède beaucoup de qualités, mais il n’a pas encore atteint le niveau  escompté.

- Pensez-vous que Belhadj peut encore rendre des services à l’EN ?

- Sincèrement, je suis pour le rappel de Belhadj en EN. C’est un joueur explosif, expérimenté, qui peut apporter sa vivacité et sa clairvoyance dans le jeu des Verts. C’est une solution de plus pour le sélectionneur national.

- Et Boudebouz ?

- Il est en train de retrouver son meilleur niveau avec Bastia. Pour moi, c’est un joueur qui peut rendre d’énormes services à notre EN dans l’animation offensive. Il a beaucoup de qualités et son retour ne sera que bénéfique pour les Fennecs.

- Un mot avant de conclure…

- Je regrette que la FAF n’ait pu inviter les joueurs de 1982, 1986 et 2010 pour le match disputé contre le Burkina Faso. Enfin, je félicite mon ami Nourredine Korichi pour cette qualification au Brésil et je lui souhaite bonne chance.

K. H.

 

Les intertitres

«Belhadj et Boudebouz ont largement leurs places en EN»

«Il faut que Vahid stabilise son effectif»

«Les changements perpétuels ont influé sur le jeu de l’équipe»

«Je regrette que la FAF n’ait pu inviter les Mondialistes de 1982 et 1986»