Vahid défie Raouraoua : «Je me déciderai après le Mondial»

Le sélectionneur national Vahid Halilhodzic était l’invité hier matin d’une émission sportive de la radio Chaîne III. Le driver des Fennecs en a profité pour faire le bilan de son année 2013 qu’il avait mal débutée avec une participation ratée à la CAN, mais qui s’est terminée en revanche en apothéose grâce au valeureux billet qualificatif au Mondial décroché au mois de novembre dernier.

Récemment, le Bosniaque et son patron, à savoir le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, se sont adonné à une partie de déclarations par presse interposée qu’on croyait terminée après la sortie médiatique de Raouraoua jeudi lors du forum de nos confrères de Dzaïr TV, mais finalement, Vahid est revenu une nouvelle fois pour défendre ses idées. Pis encore, cette fois, il a carrément défié le président de la FAF, notamment concernant la question de la prolongation de son contrat.

Alors qu’«El Hadj» affirme qu’il attend une réponse pour la fin du mois courant, l’ancien coach du PSG dément les propos de son employeur et affirme qu’il ne prendra aucune décision avant la fin du Mondial. Il ne veut pas entendre parler d’une quelconque date butoir. «Date butoir ? Qui a dit ça ? Ça, c’est un mensonge, il n’y a aucune date prévue. Mon contrat se termine après la Coupe du monde. Après la Coupe du monde, je réfléchirai sur ce que je dois faire, quelle décision je dois prendre. La décision m’appartient, pourquoi dois-je prendre une décision 6 mois avant la fin de mon contrat ? On verra ce qui va se passer en Coupe du monde, après je vais réfléchir sur ce que je dois faire. Ce sont des choses que je préfère dire en face pour que les gens sachent la vérité», a-t-il indiqué.

 

«J’ai des difficultés familiales qui me poussent à réfléchir doublement»

 

Pour le coach, la décision est liée à plusieurs paramètres. «Je prendrai la décision qui s’impose vis-à-vis de plusieurs choses, dont ma famille. Dernièrement, j’ai eu quelques difficultés familiales qui me poussent à réfléchir doublement, et je déciderai au moment opportun.»

 

«Je ne suis pas un mendiant»

Le Bosniaque continue ses raids. Il se dit libre de prendre les décisions qu’il veut. «Je n’ai de dettes envers personne, est-ce que vous comprenez-cela ? Vous savez, je ne suis pas un mendiant. Mon discours est honnête, certains veulent polémiquer, mais j’ai assez de boulot plus important que d’entrer en polémique avec ces gens là.»

 

«Je ne veux pas perturber mon groupe»

Vahid revient un peu en arrière pour nous rappeler qu’après la CAN, des gens se sont cachés et qu’il avait assumé toutes les responsabilités, même celles qui n’étaient pas les siennes. «Après l’échec de la CAN, c’est tout le monde qui s’est caché, y compris les dirigeants, et j’ai tout pris sur mon dos», avant d’ajouter : «Maintenant, je ne veux plus parler, de peur de dire des choses qui vont déstabiliser l’équipe, car certains vont en profiter pour parler ça et là.»

 

«Je confirme mon 1er pronostic, les Belges et les Russes sont favoris»

Critiqué après avoir minimisé les chances de qualif’ des Verts au 2e tour du Mondial, Coach Vahid ne veut plus reculer. «J’ai entendu dire que mes propos ont choqué certains. Voulez-vous que je vous raconte un conte de fée ou des mensonges, voulez-vous que je mente au peuple ? J’ai dit que ce sont des adversaires coriaces. J’ai regardé des K7 et je confirme ce que j’ai dit après le tirage. Les favoris sont la Belgique et la Russie. La presse belge parle même de la meilleure équipe de l’histoire de la Belgique et je peux vous dire qu’avec l’Espagne, c’est l’une des meilleures équipes en Europe.»

 

«Promettre de battre la Russie est irresponsable»

«La Russie a battu le Portugal de Ronaldo, c’est une référence ! L’école italienne est conçue pour avoir des résultats, pas pour produire du beau jeu. Donc, ça serait irresponsable de promettre une victoire contre la Russie. La Corée, c’est sa 8e édition de suite, ses joueurs jouent en Allemagne et en Angleterre, des titulaires, pas des remplaçants. Leur vitesse de course peut nous créer des problèmes. C’est ce qui nous manque à nous, des éléments explosifs comme ça, comme leurs éléments qui évoluent à Leverkusen, Sunderland ou Cardiff.»

 

«Moi défaitiste ? Ça ne va pas, non ?»

Quand on reproche à Vahid ses réflexions défaitistes, ce mot le met hors de lui. «Moi défaitiste ? Ça ne va pas, non ? Je ne dors pas une semaine après une défaite, allez le demander aux joueurs, depuis que je suis ici, je ne parle que de la gagne. Rappelez-vous quand je suis venu. Les gens me regardaient bizarrement lorsque je disais qu’il fallait aller gagner à l’extérieur. Il n’y avait pas cette culture, et aujourd’hui, on a même pu gagner plusieurs fois hors de nos bases, cela ne fut pas facile, mais ça reste ma fierté.»

«Tasfaout maîtrise parfaitement certaines choses internes»

Encore une fois, le coach explique les raisons du choix de Tasfaout comme adjoint. «Tasfaout, je voulais le rapprocher un peu plus de l’équipe. Je pensais avoir quelqu’un avec plus d’expérience, mais c’est compliqué, je prends les avis de tout le monde, et après, c’est moi qui décide. Il y a beaucoup de groupes de travail, c’est donc logiquement que j’ai pris Abdelhafid. Il a une connaissance parfaite du groupe, il peut maîtriser parfaitement certaines choses internes.»

 

«Quelqu’un en Algérie avait refusé de m’aider, lorsque je suis arrivé»

Enchaînant sur la question des adjoints, Vahid n’oublie pas la période quand il venait de prendre en main l’équipe à Marcoussis, lorsque des techniciens algériens avaient peur de l’aider dans sa mission. «La situation était tellement critique que quelqu’un en Algérie avait refusé de m’aider.»

 

«Après le match de la Slovénie, il y aura 2 ou 3 stages pour les locaux»

Le programme de préparation pour le Mondial commence à se dessiner. Le coach n’oublie pas les locaux, et c’est dans le réservoir du championnat local qu’il compte puiser en cas de défection dans son groupe initial. «Pour le moment, il y a 35 joueurs. Peut-être à cause des blessures ou l’inactivité de certains, c’est en Algérie que je peux trouver leurs remplaçants. Après le mois de mars, il y aura 2 à 3 stages pour les gardiens et quelques joueurs pour travailler. Si éventuellement, il y a des blessures, des éléments peuvent être rappelés. On ne doit pas oublier que 41% de ma liste sont des locaux.»

 

«J’aurais aimé jouer le match de mars à l’extérieur»

A cause d’une date FIFA très courte au mois de mars, Vahid a dû changer ses plans. Il comptait jouer un match à l’extérieur, mais pour plusieurs raisons, il a dû opter pour un match à Tchaker. «Au départ, je voulais jouer à l’extérieur, mais j’ai compris que ça sera court comme stage. Pour 3 jours, il nous restera que 2 jours, et il faudra passer beaucoup de messages. Puis, nous avons quelques engagements liés avec nos sponsors qui vont nous prendre du temps.»

 

«Belaïli n’est pas meilleur que Soudani, Djabou, Feghouli, Kadir ou Brahimi»

L’affaire Belaïli semble close. Le joueur peut dire adieu au Mondial. Vahid est catégorique. «Belaïli ? Vous pensez que ce joueur peut apporter un plus à l’équipe ? Est-ce que vous pensez qu’il est meilleur que Soudani, Djabou, Feghouli, Kadir ou Brahimi ? Ceux qui jouent à sa place, est-il plus fort qu’eux. Et puis, il n’est pas seul, il y a aussi quelques gars prioritaires qui peuvent m’intéresser en cas de défection. C’est pour ça que j’ai instauré une concurrence saine.»

 

«La préparation sera à la carte, et certains joueurs n’auront aucun jour de repos»

Avant la CAN, j’avais travaillé avec les blessés, Soudani et Slimani entre autres, et la préparation ne sera pas différente cette fois-ci aussi. Ça sera par groupe à cause des différentes dates de fin des championnats. Certains n’auront pas de jours de repos, certains auront 3 jours, d’autres 5 jours, c’est pour ça que je travaille beaucoup chez moi actuellement. C’est pour régler ce genre de détails.»

 

«La chicha à la CAN, le seul point noir dans la vie du groupe»

Vahid évoque aussi les difficultés qu’il a dû affronter depuis qu’il est arrivé. «Depuis mon arrivée, 2 à 3 jours ont été chassés, car ils se croyaient intouchables et n’acceptaient pas le banc. C’est un manque de respect vis-à-vis de leurs collègues. J’ai instauré un climat de complicité et de respect, cela doit régner, pas pour les joueurs seulement, mais aussi au sein des staffs. En somme, je n’avais pas beaucoup de problèmes. Il n’y avait aucune bagarre, ni insulte. Il y avait l’histoire de la chicha à la CAN, mais seulement ça. J’en suis content, car c’était la base qui m’a permis de réussir. Tout le monde est content, sauf les journalistes.»

 

«Changer 5 joueurs à la fois était un geste courageux de ma part»

Vahid se félicite encore d’avoir tenté le diable à Tchaker contre le Burkina. «Je sais pourquoi certains gars ont raté leur match à Ouaga, c’est pourquoi j’ai changé 5 joueurs au retour. C’était courageux de ma part. On a souffert au retour, mais défensivement, on était costauds. Zemma n’a touché aucun ballon, mais c’est notre plus mauvais match offensivement. C’était un problème psychologique. On était très naïfs.»

Et de s’attaquer encore à l’arbitre du match aller. «Un arbitre de 27 ans dirige un match de l’importance du match aller à Ouaga, voilà ce qui m’a fait craindre le pire au retour. Mais Dieu merci, les choses se sont bien passées.»

 

«J’aurais aimé avoir une relation meilleure avec les médias, je suis obligé de ne plus leur parler»

Le Bosniaque n’arrive toujours pas à comprendre, comme ses amis, pourquoi une certaine presse s’attaque-t-elle à lui, malgré ses exploits. Il se dit choqué par cette attitude. Pour lui, banaliser une qualif’ au Mondial est inadmissible. Il menace de rompre les relations avec la presse. «J’aurais aimé avoir une relation différente avec les médias, mais je suis obligé de ne plus parler avec les médias, car je suis très triste d’entendre autant de mensonges écrits sur moi. Il faut arrêter ça. Un petit peu de reconnaissance s’il vous plaît. C’est insupportable de voir mes exploits banalisés», conclut-il.

S. M. A.

 

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