Mercato : un seul vainqueur, Vahid

Tous les médias spécialisés et d’une manière générale tous les passionnés de football ont veillé avant-hier, vendredi, jusqu’à minuit pour suivre le mercato hivernal jusqu’au dernier dixième de seconde, analyser et faire le bilan.

Côté algérien, nous pouvons aisément dire qu’à minuit une, la très grande majorité des joueurs qui avaient un problème de temps de jeu, là où ils se trouvaient, ont solutionné leur problème. Si, lorsqu’un mercato se passe bien, on a tendance à encenser le talent des joueurs et la maestria des agents, qui sont quand même sur la ligne de front dans ce genre d’exercice, cette année, il n’y a qu’un seul véritable vainqueur dans ce mercato, et ce, sur tous les plans, il nomme Vahid Halilhodzic, l’entraîneur national.

Tous les joueurs en danger ont changé de club

Le bilan de ce mercato est plus que positif pour quasiment tout le monde. Carl Medjani, qui semblait scotché au banc de touche d’Olympiakos, a retrouvé le onze de départ d’un match, dans le nord de la France, à Valenciennes. Pareil pour les deux autres défenseurs dont la place en équipe nationale était menacée, à savoir Liassine Cadamuro et Djamel Mesbah qui ont rebondi en quittant leur club, la Real Sociedad et Parme, pour Majorque et Livourne. Le club de Livourne qu’Ishak Belfodil, qui devait se contenter de miettes de matchs à l’Inter de Milan, a décidé de rejoindre sous forme de prêt. Et que dire de Rafik Djebbour, qui revient en Championship anglaise, à Nottingham Forrest, après six mois de purgatoire dans la campagne turque, à Sivaspor, un club rural du fin fond de la Turquie, où il n’a jamais trouvé ses marques. Même Faouzi Ghoulam, qui n’était pas en difficulté à Saint-Etienne, loin de là, a profité de ce mercato pour signer dans un grand club, le Napoli, avec une augmentation salariale en prime. Si du côté de ces joueurs et de leur agent, on chante «la ballade des gens heureux», du côté de Mehdi Lacen, qui n’a pas réussi à quitter Getafe, et de son entourage, le tube à la mode doit être plutôt «noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir !»

Mehdi Lacen a failli et Belkalem est en danger

Le vice-capitaine des Verts se trouve dans la zone rouge, c'est-à-dire la zone de danger, avec un temps de jeu quasi «nul» depuis le début de la saison avec Getafe et l’apparition de quelques jeunes milieux récupérateurs aux dent longues comme Mehdi Abeid et Bentaleb, qui est venu s’ajouter à la concurrence de Guedioura, Mostefa et surtout Saphir Taïder. Alors que Lacen avait déclaré publiquement vouloir quitter Getafe, et que son président, dans un point de presse, avait également pris acte publiquement de la volonté de son joueur de s’en aller et lui avait même souhaité bonne chance, malheureusement, nous sommes le 2 février, le mercato est fini, et Mehdi Lacen fait toujours partie de l’effectif du club de la banlieue de Madrid, et rien n’indique que son temps de jeu augmentera. Si tel était le cas, avec le critère de sélection numéro 1 de Vahid Halilhodzic, à savoir le temps de jeu, le milieu récupérateur de Getafe verrait son aventure brésilienne très compromise. Un autre joueur est en danger, mais lui pour cause de blessure. C’est le défenseur de Watford, Essaïd Belkalem, qui, s’il ne se rétablit pas vite, risque de manquer le «money time».

Il y a quatre ans, Saâdane avait eu le même problème

Le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, qui, avant de prendre en main l’équipe nationale, avait beaucoup consulté pour savoir par quoi ses prédécesseurs sont passés, avait été très clair dès sa mise en place. Il conditionnera la place en équipe nationale d’un joueur par son temps de jeu en club, car il veut éviter de subir le même sort que Rabah Saâdane, qui avait vu sa préparation et sa coupe du monde gâchées par le fait que, au lendemain d’Oumdourmane et de la CAN 2010, l’essentiel de son effectif ne jouait plus en club avec toutes les pertes de rythme et les pépins physique que cela occasionne. Saâdane avait beau déplorer ce problème de temps de jeu lors de ses points de presse, il n’a rien pu faire pour endiguer le fait que Karim Ziani ne jouait plus à Wolfsburg, que Yahia ne jouait plus à Bochum, que Djebbour ne jouait plus à l’AEK Athène, par exemple. Halilhodzic, qui pense qu’il vaut mieux avoir des joueurs moyens, mais affutés, plutôt que des champions du monde en manque de compétition, a pris le problème à bras-le-corps en obligeant les joueurs à rechercher du temps de jeu, quel qu’en soit le sacrifice en termes de prestige du club ou de salaire en plaçant les minutes jouées comme condition sine qua non pour aller au Brésil.

La rigueur a du bon

Si Rabah Saâdane se contentait de «conseiller» à ses joueurs de changer d’air, des joueurs qui, bien souvent, refusaient de partir pour ne pas perdre de l’argent, du soleil et des amis, Halilhodzic lui les a «obligés» à retrouver du temps de jeu, quitte à aller en Ligue 2, quitte à aller dans le froid et quitte à voir son salaire divisé par 2. Sinon, c’est à la télévision qu’il verra la Coupe du monde. Les joueurs savent que, dans la tête du Bosnien, aucun joueur n’est protégé et c’est cette peur de ne pas figurer dans les 23 qui a fait que tous les joueurs se sont vraiment employés pour changer de club et ont fait tous les sacrifices qui vont avec. Comme quoi, la rigueur voulue et instaurée par le Bosnien a du bon.

Halilhodzic est le seul maître à bord

Dorénavant, Vahid Halilhodzic a prouvé qu’il est le seul «détenteur des clés du camion équipe nationale» comme on dit familièrement. Il est le seul maître à bord en sélection et aucun joueur n’a de statut spécial. Tout le monde est logé à la même enseigne. Il a placé le temps de jeu au centre des débats et tous les joueurs se sont exécutés. C’est lui le maître absolu du jeu.

Mohamed Bouguerra

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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