Carl Medjani : «Un Algérien n’a qu’un objectif : gagner»

C’est un Carl Medjani comme à son habitude, c'est-à-dire, posé, très à l’aise, connaissant bien ses dossiers, lucide et sans langue de bois aucune, qui a accordé un long entretien à nos confrères du bihebdomadaire sportif marocain Al-Mountakhab. Dans cet entretien, le «Harrachi de Valenciennes» fait un tour des échéances qui l’attendent en club, comme en équipe nationale d’ici la fin de saison. Nous vous proposons chers lecteurs un florilège des moments les plus intéressant de cet entretien accordé, avec un grand professionnalisme, par Carl Medjani, à trois jours d’un match capital qui l’attend en championnat face à Sochaux et à deux semaines du match certes amical, mais oh combien capital ! Algérie-Slovénie.

- Carl, Valenciennes a perdu 3 à 0 face au Paris SG lors de la dernière journée du championnat. Pas trop déçu de la physionomie du match…

- Je ne vous cache pas que cette rencontre a été très difficile pour toute mon équipe. Mais à notre décharge, nous avons affronté la meilleure équipe du championnat de France, qui est le champion sortant et qui se balade en Ligue des Champions. Donc, pour résumer, je vous dirais que ce score est logique, car si l’on avait fait un résultat ce jour-là au Parc-des- Princes, tout le monde aurait vu ça comme un exploit, donc voilà. C’était un match bonus pour nous, nous le savions…

- Malgré tout, vous avez osé…

- Nous avons tout tenté dans la mesure de nos moyens, et ils étaient trop forts. Mais ce genre de match face à des équipes de très haut niveau va nous aider à mieux appréhender le prochain match que nous devrons disputer à domicile, dans trois jours, face au FC Sochaux. Un match qui sera capital dans la course au maintien qui est notre objectif principal.

- Nordine Kourichi, l’adjoint de Vahid Halilhodzic, était présent au Parc-des-Princes pour vous superviser. On vous a vus longuement discuter. Que vous a-t-il dit ?

- Oui, c’est vrai, je confirme. Nous avons bien discuté avant, mais aussi après le match. On se connaît maintenant depuis trois ans et il est important qu’il y ait un suivi en équipe nationale et que le staff vienne de temps à autre à notre rencontre pour prendre, mais aussi donner des nouvelles de la sélection. Nous sommes une grande famille et nous avons tous un objectif commun, à savoir  être performant pour la Coupe du monde incha Allah. Et on va travailler dur pour ça.

- Puisque vous abordez la Coupe du monde, votre avis sur le groupe de l’Algérie ?

- Mon avis, il est simple, nous sommes le Petit Poucet du groupe. Nous serons les «outsiders» par excellence, la Belgique étant le favori du groupe. Notre gros avantage, c’est que nous n’avons rien n’à perdre dans cette compétition et vous connaissez l’honneur et la fierté des Algériens. Nous jouerons tous les matchs à fond et pour les gagner, et on fera les comptes après les trois matchs.

- Pensez-vous qu’il sera impératif de faire un bon résultat face à la Belgique, soit de gagner, soit de faire un résultat nul, pour mieux appréhender la suite ?

- Vous savez, ce que vous venez de dire ne sont que des spéculations, dont seuls vous les journalistes avez le secret. Nous sommes encore à quasiment quatre mois de la Coupe du monde et nous aurons le temps d’y penser le moment venu. Moi, je vous dis que la seule tactique sera de jouer tous les matchs à bloc et pour les gagner, sans calcul aucun. Un Algérien n’a qu’un objectif en entrant sur le terrain : gagner.

- L’Algérie est 26e au classement FIFA et deuxième nation africaine. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

- C’est une grande fierté car cela prouve que nous grandissons au fil des matchs et au fil des mois. C’est une juste récompense parce que nous travaillons beaucoup pour que notre équipe nationale devienne de plus en plus forte. Et moi, comme l’ensemble de mes coéquipiers, j’en suis sûr, suis fier que le drapeau national flotte haut sur le plan mondial, mais aussi, c’est très important, sur le continent africain.

- Vous êtes dans la liste pour affronter la Slovénie le 5 mars prochain. Un bon test, selon vous ?

- Bien sûr que oui. Ce match sera important. En plus, j’ai une confiance aveugle en mon sélectionneur national, le staff de l’équipe nationale et en la fédération. S’ils ont choisi cet adversaire, c’est qu’il est de valeur et surtout adapté à nos futures échéances, le but étant de faire un bon Mondial.

- Avez-vous déjà la tête à Blida ?

- Pour le moment, j’ai surtout la tête au stade Nungesser de Valenciennes où un match à six points m’attend samedi face à Sochaux, et un autre face à Reims. Mais, il est clair, et je ne vais pas faire dans la langue de bois, que depuis que j’ai reçu ma convocation en équipe nationale, la Slovénie occupe aussi mes pensées car je retourne toujours au pays avec plaisir et j’adore retrouver les supporters de l’équipe nationale.

- Halilhodzic risque de prolonger son contrat jusqu’en 2015. Un commentaire…

- Honnêtement, je ne suis pas au courant de cette nouvelle que vous me donnez. S’il prolonge, tant mieux. Mais comme je vous l’ai dit, ce genre de paramètre n’entre pas dans les prérogatives du joueur que je suis. En équipe nationale, chacun a son rôle. Moi, c’est le terrain uniquement et le reste concerne Vahid Halilhodzic et la Fédération algérienne de football.

- L’Algérie passera-t-elle enfin le premier tour du Mondial ?

- Ah ! ça je ne le sais pas. Nous verrons bien là-bas au moment du décompte final. Ce que je peux vous dire, c’est que nous irons là-bas avec beaucoup d’ambitions.

- Quel est votre sentiment, en temps que cadre de l’équipe, concernant Nabil Bentaleb, la nouvelle recrue des Fennecs ?

- Je l’ai vu jouer à la télévision et j’ai suivi à travers les medias l’évolution des choses. Aujourd’hui, nous savons qu’il a opté pour l’Algérie et je voudrais lui dire qu’il est le bienvenu, comme tout joueur susceptible d’apporter un plus à l’équipe nationale. L’essentiel étant de faire flotter haut le drapeau national.

- C’est une mentalité que l’on ne trouve pas dans toutes les sélections. L’Algérie a-t-elle mûri sur ce plan ?

- Je ne sais pas si c’est de la maturité ou quoi. Ce que je sais, c’est que nous  sommes prêts à accueillir tout jeune talent, qui amène un plus en équipe nationale et qui est disposé à nous rejoindre. Si le coach l’a ciblé et l’a convoqué, c’est qu’il a de grandes qualités, car la concurrence est féroce à son poste. Comme je vous l’ai dit, il est le bienvenu, comme tous les autres joueurs jeunes ou pas susceptibles de nous renforcer d’ici la Coupe du monde. L’équipe nationale appartient à tous les Algériens, nous sommes une famille et le but est de donner la meilleure image possible du pays et de son football dans une compétition qui sera vue par toute la planète. On accueillera tout le monde comme il se doit, car nous aussi à notre arrivée, nous avons été accueillis comme il se doit.

- Votre meilleur souvenir en équipe nationale…

- Je n’ai quasiment que des bons souvenirs en équipe nationale. Mais le plus grand pour moi, c’est le soir du 19 novembre 2013, lorsque nous avons décroché la qualification après trois ans de lutte acharnée.

M. B.

 

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