Djebbour : «C’est la Slovénie qui devrait nous craindre»

C’est un Rafik Djebbour très disponible qui a accepté de répondre au parterre de journalistes qui était venu l’accueillir à la sortie de l’avion. L’attaquant algérien de Nottingham Forest, qui affichait une grande maturité et une grande sérénité, a accepté de donner ses impressions concernant le stage et le match Algérie-Slovénie, et se livrant sans langue de bois aucune sur sa situation personnelle en club et en équipe nationale.

- Rafik Djebbour, cela fait longtemps que l’équipe nationale n’avait pas été regroupée. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

- Oui, cela fait très longtemps et honnêtement cela me manquait. El- Hamdoullah, on revient après cette longue trêve avec beaucoup plus de fraîcheur et d’ambition et incha Allah on va faire un bon match mercredi face à la Slovénie.

- Justement, ce match amical face à la Slovénie ressemble beaucoup à celui face à la Serbien il y a quatre ans, de par la proximité géographique et ethnique entre les deux équipes, la date du match et la proximité avec la Coupe du monde. Vous qui avez joué ce match il y a quatre ans, qu’en pensez-vous ?

- Honnêtement, je ne suis pas d’accord. Pour moi, ce n’est pas un remake et les deux situations ne sont pas du tout comparables. Nous avons aujourd’hui une équipe qui est plus stable. Il y a une unité au sein de ce groupe actuel et nous sommes tous fédérés autour d’un projet commun, aller le plus loin possible avec cette équipe. Cette équipe nationale est beaucoup plus forte,  solide et beaucoup plus apte à bousculer la Slovénie qu’il y a quatre ans, la Slovénie ou n’importe quel autre adversaire de ce calibre.

- Nous n’avons pas eu l’occasion de vous avoir sous la main. Alors la question que tout le monde se pose c’est : comment se sent Rafik Djebbour à la fois physiquement et moralement ?

- C’est plutôt compliqué pour moi à vrai dire. Je suis parti de Grèce en Turquie à la dernière minute. Il a fallu que je me batte en Turquie pour gagner ma place et retrouver la forme. Ensuite, une fois que j’avais pris mes marques à Sivasspor, il a fallu partir de Turquie en Angleterre à la dernière minute aussi. Là, pour la troisième fois dans ma carrière nouveau championnat, nouvelle culture et nouveau pays et il faut s’adapter très vite. Mais, je ne pouvais pas refuser car ce challenge, ce défi, qui m’ont été proposés par Nottingham Forest, je ne pouvais faire autrement que de les relever tant ils étaient excitants sur tous les plans, sportif comme extra-sportif. C’est un championnat qui est très rugueux, très physique, très tactique. Mais je suis très fier d’être en Angleterre et à moi de m’imposer comme j’ai toujours su le faire el-hamdoullah.

- Vous semblez très serein. Est-ce les six buts que vous avez inscrits cette saison. Cinq en Turquie et un but lors de votre premier match avec Forest qui vous rendent confiant ?

- Non, confiant ce n’est pas le mot. Disons qu’en Turquie c’était plus facile car le jeu était plus ouvert et me correspondait mieux. En Angleterre et plus précisément à Nottingham Forest, le jeu est un peu plus compliqué pour l’attaquant. Cela me rappelle le jeu de l’équipe nationale de Rabah Saâdane où la mission de l’attaquant était ingrate puisque j’abattais énormément de travail, et les occasions minimes. Je suis isolé tout seul en pointe et je dois faire la différence, ce n’est pas évident, mais je dois me battre jusqu’au bout pour inscrire le maximum de buts que je pourrai, pour faire la différence.

- Revenons à Algérie-Slovénie. Quelles sont vos ambitions pour ce stage d’abord et pour ce match ?

- Tout d’abord essayer de profiter de cette occasion pour avoir du temps de jeu. Je vais aussi essayer de marquer des points pour, pourquoi pas, imposer mon style d’attaquant et le jeu qui est le mien. Je suis motivé comme jamais et j’ai beaucoup d’ambition pour ce match. Nous sommes tous enthousiastes et il faut fédérer cette énergie positive et en profiter au maximum. C’est la Slovénie qui devrait nous craindre et pas l’inverse.

- Vous avez déjà joué face à la Slovénie il ya quatre ans à Polokwane. Pouvez-vous nous dire un petit mot et dresser un parallèle entre les deux matchs ? La Slovénie ayant beaucoup de joueurs qui jouent en Italie…

- Tant mieux pour eux. Mais j’ai envie de vous dire que j’ai plus peur au jour d’aujourd’hui de l’Algérie que de la Slovénie. C’est bien qu’ils soient là à jouer contre nous mais honnêtement, je préfère regarder notre équipe jouer. Car aujourd’hui nous avons énormément d’arguments à faire valoir. Nous avons de très grands joueurs et de futurs très grands joueurs et aujourd’hui ce sont nos adversaires qui nous regardent, ce ne sont pas nous qui les regardons comme par le passé. Nous devons nous concentrer sur nous- mêmes, commettre le moins de fautes possible, produire le jeu que nous produisons et ne pas perdre l’efficacité et le réalisme que nous avons aujourd’hui et qui nous faisaient défaut par le passé. Ce sont, à mon sens, les clés du match. Concernant le match d’il y a quatre ans face à cette même Slovénie, ce ne sont plus les mêmes joueurs et ça n’est plus le même contexte.

- En trois participations en Coupe du monde, nous n’avons pas pu passer le premier tour. Pensez-vous, qu’avec cette jeune génération, encadrée par quelques anciens, nous pourrons enfin jouer un second tour ?

- Complètement. En 2010, on jouait plus avec l’agressivité et l’honneur de porter le maillot national. Nous étions quasiment en mission d’Etat pour le pays. Aujourd’hui, même si les jeunes sont fiers de porter les couleurs algériennes, la preuve ils sont là et donnent le meilleur d’eux-mêmes, les choses se sont normalisées. Nous sommes devenus une équipe nationale classique, comme les autres, composée de grands joueurs qui jouent dans de grands clubs en Europe et nous n’avons plus de complexe avec personne. Aujourd’hui, on base plus le succès de l’équipe nationale sur le terrain et c’est sur le terrain qu’il y a cette complicité. Autrefois, c’était plus le cœur.

- En 2008, vous étiez le petit jeune qui arrive, aujourd’hui vous êtes l’ancien qui encadre les nouveaux. Quel est votre sentiment sur la question ?

- Vous insinuez que je suis vieux, c’est ça ? (rire).

- Non, juste votre maturité…

- Je sais, je plaisante. Honnêtement, c’est plus facile aujourd’hui. Le groupe qui incarne l’équipe nationale aujourd’hui est composé de joueurs plus mûrs, plus raisonnables et mieux préparés au très haut niveau et à la gestion de la pression et de la vie de groupe. Ce sont des jeunes pétris de qualités qui ont tous envie de réussir aussi bien en club, mais aussi en sélection. De plus, les choses sont encore plus simples pour eux, car il y a une organisation exemplaire de la sélection qui n’a plus rien n’à envier aux grandes nations du football mondial. Et il faut féliciter la fédération pour ça.

M. B.

 

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