L’USMA n’a jamais été aussi proche d’un titre de champion, depuis 2005…
C’est vrai que nous sommes bien partis, même si l’histoire reste à écrire quand même, car il y a encore des points à prendre et des matchs à gagner, mais ce qui est peu commun c’est cette trêve de trois semaines au mois d’avril difficile à gérer.
Vous voulez dire que cette trêve va couper votre élan…
Non, pas vraiment, car toutes les équipes sont dans le même cas, mais c’est vrai qu’une trêve en fin de saison c’est relativement rare, et il faudrait bien gérer cette période un peu bizarre. D’ailleurs, c’est pour cette raison que nous avons choisi de partir en Tunisie, notamment pour jouer des matchs et rompre un peu avec les habitudes. Nous avons pris cette option et j’espère que ça sera une bonne chose. On a joué l’équipe bis de l’Espérance de Tunis, mais nous aussi c’était l’équipe bis car on est partis sans nos internationaux retenus en équipe nationale, c’est quand même quatre joueurs qui ne sont pas avec nous à Tunis. Pour tout vous dire, en ce moment nous ne sommes pas propriétaires de nos joueurs.
On sent que ça vous agasse un peu…
Pas un peu, beaucoup même et je trouve que ce n’est pas normal.
Vous trouvez anormal que le coach national ne fasse des stages que pour les locaux.
Oui, ce n’est pas normal car je ne vois pas l’utilité de ces stages. Je pense qu’un bon travail collectif avec leurs équipes par rapport à leur niveau et à leurs qualités c’est suffisant, car là en stage ils ne font que travailler individuellement et j’appréhende beaucoup la fatigue et les blessures en cette fin de saison.
Avec 11 points d’avance, vous pouvez quand même vous permettre de vous préparer sans vos internationaux…
Et bien là oui, mais si on avait qu’un ou deux points d’avance, ça nous aurait vraiment compliqué la situation de se préparer sans quatre de nos joueurs avec tous les risques de fatigue et de blessures.
Vous êtes en train de battre tous les records, vous vous êtes fixé une barre ou un objectif à atteindre…
Une chose est sûre, c’est qu’on ne compte pas s’arrêter là car les joueurs ont vraiment envie d’aller le plus loin possible et je le ressens vraiment au quotidien avec eux. En plus, c’est bon pour le club, car les dirigeants qui découvraient ce milieu il y a de cela trois ans ont compris beaucoup de choses depuis, ce sont de grands hommes d’affaires et ils ont vite analysé les choses, et ils ne veulent pas s’arrêter là car ils ont des ambitions au niveau continental, mais cette saison a permis de faire franchir un palier à l’USMA.
On peut dire aussi que votre prédécesseur Roland Courbis vous a laissé une bonne assise, non ?
C’est clair, mais pas seulement au niveau du travail technique mais aussi par rapport à son discours avec certains cadres où il leur a fait comprendre certaines choses et ça m’a beaucoup aidé.
Pouvez-vous être plus explicite ?
Certains cadres avaient été avertis et ont été écartés par Roland Courbis justement, cela m’avait beaucoup aidé dans mon travail car dès mon arrivée ces derniers ont été très réceptifs à mon discours, je dirais qu’il m’a mâché un peu le travail.
L’une des particularités de Roland Courbis, c’est de se préparer en Algérie, jamais à l’étranger…
Ce n’est pas ma méthode à moi, la preuve c’est que nous sommes à Tunis actuellement, chacun a sa méthode et l’essentiel c’est que ça marche.
On dit que vous parlez beaucoup à vos joueurs, c’est vraiment utile…
Oui, beaucoup et puis il y a certains joueurs qui se sont libérés avec un peu de psychologie comme Bouazza et Ziaya. Ces derniers sont de bons joueurs mais il fallait débloquer certaines choses et ça s’est fait.
Votre psychologie a aussi œuvré à domicile, puisque votre équipe ne craque plus contrairement au passé…
On s’est plus lâchés avec plus d’animation dans le jeu, même si je tiens à préciser qu’on ne survole pas non plus le championnat, puisque tous nos matchs on les a gagnés à l’arraché, exception faite pour le Mouloudia d’Alger où le score était confortable, sinon tous les autres scores étaient serrés et à la dernière minute.
L’une des particularités du club cette saison aussi, c’est de lancer dans le bain de jeunes joueurs…
Ça fait partie de la politique générale prônée par le club, car les dirigeants veulent vraiment faire de la formation de haut niveau d’autant plus que nos jeunes ont un très bon potentiel, et quand il faut les faire monter on le fait même si ce n’est pas très évident avec le riche effectif du club, mais on arrive à le faire quand même.
Votre staff est composé de deux anciens joueurs usmistes, qu’apportent Dziri et Zeghdoud au sein de l’équipe ?
J’ai vraiment tenu à travailler avec eux. Après, dans le fonctionnement et le travail, j’ai eu la chance de m’entendre très vite avec ces deux anciens joueurs du club, en fait comme si j’avais tout le temps travaillé avec Bilel et Mounir. Ensuite, je dois dire que lorsque je suis arrivé en milieu de saison, je ne pensais pas que ça allait fonctionner aussi vite car ce n’est pas toujours évident de prendre le train en marche. Je vous avoue que j’ai eu le sentiment d’avoir toujours été là, que ce soit avec les joueurs, les dirigeants ou avec tous ceux qui sont dans ce club, c’est vraiment un sentiment bizarre. Bilel et Mounir, leur rôle est essentiel sur le terrain mais aussi vis-à-vis des joueurs car je leur demande de faire pas mal de choses à ce niveau-là. Je dirais que je les interpelle sur tous les aspects de mon métier, car ils connaissent et le football algérien et le club, sans oublier les autres membres du staff qui font un travail remarquable aussi.
Et par rapport à vos relations avec vos dirigeants…
Ce qui me plaît chez mes dirigeants, c’est qu’ils veulent un club rigoureux, organisé et structuré et ça me convient tout à fait. J’ai vraiment carte blanche et ça se passe très bien.
Même s’il y a le challenge de la CAN puisque des sélections africaines vous veulent…
Si c’est pour aller dans une petite sélection africaine et ne pas se qualifier pour la CAN, ça ne sert à rien, avant tout c’est le projet sportif qui m’intéresse.
Finalement, que gardez-vous de votre passage à l’ESS alors qu’on vous a accusé de ne pas être revenu à temps pour jouer un match de coupe d’Afrique ?
D’abord, c’est faux, j’ai rejoint l’équipe à temps. Les vraies raisons étaient qu’il existait des tensions par rapport au fait que je n’étais pas rémunéré comme c’était prévu. Mais bon, je ne garde que de bons souvenirs car j’ai vécu un vrai bonheur avec Sétif et cela à tous les niveaux.
On va parler de l’équipe nationale, pensez-vous que le président de la FAF a eu raison de mettre la pression sur Vahid Halilhodzic quant à son éventuelle prolongation de contrat ?
Moi, je ne vais pas employer le mot pression, mais je dirais qu’il a eu raison d’entamer ce débat maintenant, car les éliminatoires de la CAN arriveront très vite après la Coupe du monde et il était obligé d’anticiper les choses. Personnellement, j’estime qu’il serait mieux que Vahid reste.
Christian Gourcuff a visité Alger la semaine dernière, un mot sur ce coach.
Gourcuff est un très bon entraîneur, le problème c’est que c’est le type d’entraîneur qui met un système en place bien précis, et pour cela il lui faut du temps, or là il n’en aura pas et c’est ça le problème.
Pensez-vous réellement que l’Algérie a ses chances pour passer au deuxième tour ?
Tout dépendra du premier match, s’il y a un exploit face à la Belgique, ça va tout déclencher et pour cela il faut optimiser sur la préparation et tout donner sur ce premier match. Par contre, s’il y a défaite, ça ne sera pas facile après.
D’après vous, comment faire pour contrer Eden Hazard ?
La solution, c’est d’avoir un bloc d’équipe défensif et c’est ce que fait Vahid. Après, le joueur qui sera sur Hazard il est clair qu’il aura du travail, maintenant avec la vidéo on peut étudier certaines choses même si les grands joueurs ont la particularité d’être imprévisibles. Mais bon, il faut surtout penser au travail collectif.
Pour vous, la liste des 23 sera difficile à faire…
Non, pas du tout pour la simple raison que Vahid doit déjà la connaître.
«C’est mieux que Vahid reste après le Mondial»
«Pour passer, il faudrait tout miser sur la Belgique»
«La liste des 23, Vahid la connaît déjà»
«Depuis trois ans, les Haddad ont compris beaucoup de choses dans le foot»
«Si on me donne les moyens d’aller loin en Champions League, je resterai»
«Quitter l’USMA pour une petite sélection africaine, ça ne m’intéresse pas»
«A l’USMA, j’ai le sentiment d’avoir toujours été là»
Bio-express Hubert Velud
Hubert Velud, né le 8 juin 1959 à Villefranche-sur-Saône (Rhône), est un footballeur français reconverti entraîneur.
Hubert Velud évolua comme gardien de but. Il effectue toute sa carrière professionnelle de joueur au Stade de Reims.
En tant qu'entraîneur, il est champion de France de National en 2002 avec le Clermont Foot Auvergne permettant donc au club d'accéder pour la première fois de son histoire à la Ligue 2.
En septembre 2009, il est nommé sélectionneur national du Togo, qu'il qualifie pour la CAN 2010. Suite à une attaque menée par des rebelles angolais à l'encontre du bus de la sélection togolaise le 8 janvier 2010, il est touché au bras par une balle.
Le 25 mai 2010, il démissionne de son poste de sélectionneur du Togo pour s'engager avec l'U Créteil-Lusitanos, club qu'il a déjà entraîné lors de la saison 2005-2006. Il entraîne ensuite des clubs au Maghreb : l'équipe marocaine du Hassania d'Agadir, le Stade Tunisien et l'équipe algérienne de l'ES Sétif. Au terme de la saison 2012/13, il remporte le doublé championnat et coupe d'Algérie avec l'ES Sétif.
En novembre 2013, il prend les destinées du club algérois de l'USMA, en remplacement de Rolland Courbis.
Deux mois après sa prise de fonction au sein de l'USM Alger, il ajoute un nouveau trophée à son palmarès, en remportant la Supercoupe d'Algérie 2013 (2-0) à Blida contre son ancien club, l’ES Sétif.
Le miraculé de Cabinda
Le vendredi 8 janvier 2010 l’équipe du Togo, dont il était le sélectionneur, avait été attaquée par des indépendantistes avant la CAN 2010 sur la route menant à Cabinda, en Angola. Le technicien français n’oubliera jamais ce jour dramatique qui a coûté la vie à deux membres de son staff.
Béni des dieux
«J’étais quelque part en Afrique, couché dans un bus avec des balles volant au-dessus de ma tête. Aujourd’hui, je suis parmi vous… Je suis béni des dieux. Je suis très heureux d’être toujours sur terre. Je me le dis chaque jour et je pense à mes deux frères, Amelete Abalo (entraîneur adjoint) et Stan Ocloo (chargé de la communication), qui sont morts à Cabinda. Je pense beaucoup à eux.» C’est sûr, Velud n’oubliera jamais cette date.