Le doyen des clubs algériens a gagné la coupe, comment le ressent-il un coach qui a envoyé tout un «peuple» au 7e ciel ?
C’est un honneur et un grand plaisir de gagner la coupe d’Algérie. On est très heureux pour ce sacre et voir ces fans qui sont sortis pour défiler nous rend très heureux. C’est l’extase. Nous sommes ravis d’avoir permis au peuple du MCA de sortir dans les rues pour partager cette grande joie.
Ça a été dur, mais vous avez réussi l’essentiel, n’est-ce pas ?
C’est une finale, c’était dur, car on affrontait une bonne équipe de la JSK qui voulait, comme nous, gagner le trophée. Dame coupe a choisi notre camp, c’est génial et on ne peut qu’être heureux de cette issue. On a atteint notre objectif, c’est le plus important.
Quel est le message d’un coach avant le coup d’envoi à son équipe pour la motiver ?
On a fait un montage vidéo où on a retracé notre parcours en coupe du début jusqu’à la fin. C’était notre façon de rappeler aux joueurs tous les efforts qu’on a fournis pour arriver à cette dernière étape. Pascal et moi avons travaillé dessus en allant sur un plateau. On a pris les moments forts en coupe et la joie après notre qualification contre l’USC. Un film de 6 minutes retraçant le chemin parcouru par l’équipe pour au stade ultime de l’épreuve. Ça a eu un impact sur le mental des joueurs. J’ai dit à mes joueurs : si vous parvenez à en faire de même en finale, vous pouvez gagner ce match.
Après, ce fut l’annonce des 18. On imagine qu’il y avait des mécontents, non ?
Chaque semaine, il y a des mécontents concernant qui va jouer ou pas. Tout le monde veut participer et c’est normal. Mais tout le monde sait qu’on ne peut pas faire jouer tout le monde. Il y a des choix à prendre, on l’a fait et on les assume pleinement. Mais au final, tout le monde est heureux. Car tout le monde fait passer l’intérêt du club avant le sien. Aujourd’hui, on a gagné la coupe et les mécontents sont contents.
Il y a eu certains qui n’ont pas hésité à le faire savoir comme Gherbi, qu’avez-vous à dire à son sujet ?
Je n’ai rien à dire sur Gherbi. Tout le monde a encouragé les joueurs qui allaient jouer. En plus, ce qu’on retient de cette finale, c’est Gherbi qui nous a fait gagner. Tranquille, il est allé marquer et nous offrir la coupe. Et c’est ce qu’il retiendra lui aussi de cette finale de la coupe d’Algérie. Il faut savoir qu’il y a 26 joueurs. Que le coach doit faire un choix pour choisir les 18 joueurs dans la liste des convoqués, c’est comme ça et pas autrement. Celui qui n’accepte pas ça doit jouer dans une équipe qui fait jouer juste 11 joueurs. Je ne comprends pas comment on voit de grands joueurs rester sur le banc sans le moindre problème. Je parle en général, pas seulement du Mouloudia d’Alger. On doit apprendre que le foot est fait pour les signataires. A la fin, on avait Bachiri qui était out seulement. Tout le reste du groupe était apte à jouer, mais j’ai fait mon choix.
Les joueurs n’ont pas parlé beaucoup dans la presse, est-ce votre décision pour que le groupe reste concentré ?
On a appris du passé en essayant de fouiner et demander pourquoi on a perdu l’année passée. Une rétrospective dans les médias. On a appris de nos erreurs et on a essayé de corriger tout cela. On a interdit aux joueurs de s’étaler dans la presse. Il y a eu une conférence de presse, tout le monde a parlé. Ça a été une bonne stratégie. On n’a pas trop communiquer, mais on a gagné la coupe, c’est le plus important. Les joueurs se sont exprimés sur le terrain et c’est ce qu’on voulait.
Puis, l’entame du match arrive et le MCA l’attaque en force, qu’en dites-vous ?
Une finale rend les joueurs super-motivés. Les joueurs ne voulaient pas revivre le cauchemar de l’an dernier et ont tenu à le montrer sur le terrain. C’est ce qu’on voulait voir sur les visages. Des joueurs qui se battent pour avoir le trophée. Ils ont réussi à le faire, ils sont à féliciter.
Encore une fois, le Mouloudia a marqué sur balle arrêtée…
C’est bien, ça devient une spécialité et c’est tant mieux pour nous. On n’arrive pas à refaire le coup contre Chéraga et Bordj, donc on marque encore sur balle arrêtée puisque ça nous permet de gagner la coupe. Donc, c’est très bien. Le plus important, c’était de gagner le trophée. C’était l’objectif de chaque élément, et le groupe a fait ce qu’il faut pour cela. Voilà, on est heureux et le mérite revient à cette détermination et cette rage de gagner.
En 2e mi-temps, le MCA a flanché physiquement, qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
Je ne suis pas d’accord. Ce n’était pas physiquement qu’on a flanché, mais plutôt mentalement. Quand on perd notre lucidité, il est tout à fait normal de perdre tous nos moyens. N’oublions pas qu’on avait ce petit avantage sur la JSK et on se voyait très proche du trophée et puis, on se retrouve à tout refaire pour l’avoir. C’était très difficile pour remonter la pente, mais les garçons l’ont fait malgré tout. Il restait 8 minutes, les joueurs se voyaient monter les marches pour avoir la coupe, mais l’égalisation arrive et tout le monde flippe. Il y a des Coupes du monde perdues comme ça. Mais, on a surmonté tout cela.
Que retenez-vous de tout cela ?
C’est que notre force, c’est d’avoir résisté contre vents et marées. Que les joueurs ont surmonté leur peur, la fatigue et la pression pour tenir tête à la JSK et croire en leurs chances de remporter la coupe. On savait qu’on n’avait pas le droit d’encaisser dans les prolongations et l’équipe a tout fait pour résister aux raids kabyles.
Peut-on dire que Bouali a gagné la bataille tactique face à Aït Djoudi ?
C’est vrai, on a beaucoup travaillé tactiquement depuis janvier. Si on a mis beaucoup de temps pour travailler dessus, c’est pour arriver à cette réussite. Il fallait mettre dans la tête du groupe ce que c’était un bloc et comment être super fort en place. Certes, le temps manque pour faire un travail de justesse, mais je pense qu’on est arrivés à faire 80% de notre travail. C’est une réussite totale puisque le fait de refaire la facette de l’équipe, ce n’était pas facile. Hamdoulah, notre objectif a été atteint.
Etes-vous satisfait?
Je ne suis jamais satisfait. Une partie est gagnée et incha Allah, il faut tout mettre en œuvre pour réaliser un bon parcours en championnat. Il faut trouver toute la lucidité pour chercher une place sur le podium. On mise sur la seconde ou la 3e place. On fera tout pour y parvenir. Même si ça sera difficile, on fera tout pour assurer.
Tout le monde a vu un Djemili comme un lion dans la cage…
Il a fait des arrêts extraordinaires. Ce qui me pousse à lancer un message aux fans pour leur dire qu’il ne faut jamais condamner un joueur. Il peut faire des fautes et revenir fort après. Tout le monde a fauté et a fait du bien quand il fallait le faire. Là, il faut le dire, on ne peut pas tout corriger dans un temps record. On est satisfaits car le groupe a résisté. Il s’entraîne dans des conditions difficiles. Mais il a réalisé le plus important et comme Djemili a fait son match, ses camarades aussi ont répondu présents au rendez-vous.
Que voulez-vous dire quand vous parlez de difficultés dans les entraînements ?
On n’a pas de terrain, on cherche tout le temps où s’entraîner. Pas de vestiaire où on peut prendre nos habitudes. Mais avec le peu qu’on a, on a réussi à avoir la coupe, c’est une grande satisfaction. Je pense que c’est la victoire des tripes. Contre tout, le groupe a résisté et aujourd’hui il a le droit de savourer cette consécration qu’on mérite amplement.
Consécration qui rime avec le retour du MCA en compétition africaine, qu’en dites-vous?
Vous savez, il y a un championnat à terminer et notre grand souhait c’est d’accrocher une place qualificative à la Ligue des champions. On ne brûle pas les étapes. Moi, je fonctionne comme ça. Ce sera difficile d’accrocher cette seconde place pour aller en Champions League, mais on fera tout pour y parvenir. On continuera à travailler dans le sérieux et la rigueur pour y arriver à cet objectif. Certes, la coupe de la CAF est un acquis et si on peut faire mieux, ce sera extraordinaire. On aura réalisé le doublé (rires).
Ne craignez-vous pas une démobilisation de votre équipe?
Justement, si on est rentrés directement à l’hôtel, c’est pour éviter ceci. J’aurai un discours avec les joueurs pour expliquer que le travail n’est pas fini. On essayera de les mobiliser et de leur faire comprendre qu’il faudra continuer à bosser. Ce sont des joueurs, des êtres humains avant tout. Ils sont fragiles. Ils sont en train de jouer. Ce sera à nous les responsables de leur dire qu’il y a du travail à faire et qu’il ne faut pas lâcher. On trouvera incha Allah les mots justes pour les sensibiliser, car, on n’est pas encore en vacances.
Justement, vous allez affronter l’USMH ce mardi, comment voyez-vous ce derby ?
Déjà, heureusement, qu’il y a deux coaches amis. On va prendre une journée de repos que je pense est bien méritée, puis on attaquera la préparation de la prochaine journée. On va faire le vide avant, c’est important. Ce qui est sûr, à partir de samedi, on va retrousser les manches et travailler pour se présenter face aux Harrachis prêts à cette épreuve. Ce sera difficile. Les gens veulent faire la fête. La coupe est pour les fans, on n’a pas le droit de faire la fête chaque jour. On doit travailler pour que les supporters restent contents tout le temps.
Vous êtes en fin de contrat, comment voyez vous votre avenir avec le Mouloudia?
Je suis content de gagner un titre avec le Mouloudia. C’est la séptima et c’est quelque chose de grandiose. C’est une satisfaction pour nous tout de même. Il faut savoir quand vous devenez coach du MCA ce n’est pas évident d’aller chercher les objectifs. Mais, croyez- moi, quand vous gagnez un titre avec le MCA, c’est quelque chose de grand. Ce n’est pas la même saveur quand vous le gagnez avec un autre club. Pour revenir à votre question, je dirais en toute sincérité que je n’ai pas encore fait le ménage dans ma tête. J’étais concentré seulement sur la coupe. J’aurais tout le temps nécessaire de songer à mon avenir. Mais, je tiens à insister que je ne suis pas un demandeur d’emploi. Après la coupe gagnée, je vais me concentrer sur le championnat et surtout au match de mardi pour bien le préparer. Je ne brûle pas les étapes. Il reste une place sur le podium que je veux gagner aussi avec le MCA.
Est-ce que la direction du club vous a proposé un prolongement de contrat ?
Ecoutez, je ne pense pas que c’est le bon moment de parler de tout cela, car on n’en est pas encore là. A force de me répéter, la saison n’est pas terminée. Cela dit, pour être franc, la direction ne m’a rien signifié à ce sujet. Tout le monde était concentré sur la coupe. Maintenant, on va se concentrer sur le championnat. On verra par la suite ce que nous réserve le destin.
Admettez-vous que gagner la coupe favorise votre poursuite de l’aventure avec le MCA?
Ce que je dis c’est : est-ce que nos responsables ont pensé à un projet sérieux pour bâtir sur de très bonnes bases afin d’assurer un grand club à l’avenir ? Je ne sais pas comment dire les choses. Mais ce dont je suis persuadé, c’est qu’on ne peut pas continuer à travailler comme ça le jour au jour. Un jour c’est la pluie, un autre c’est le beau temps. Avec ou sans moi, c’est important que le MCA pense à un projet qui puisse mener le club à une réussite continentale. C’est un club qui le mérite vraiment.
Vous avez traversé des moments durs avec notamment l’agression lors du derby face à l’USMA. Est-ce une victoire personnelle pour vous ?
Je ne pense jamais comme ça. D’ailleurs, je dédie le trophée à celui qui m’a agressé. Je travaille avec un groupe. Aucun joueur ne peut nous faire gagner. Je l’ai toujours dit à mes joueurs, personne n’est plus important que le groupe. C’est la force collective qui prime. Il n’y a pas de joueur babaha.
C’est une satisfaction personnelle ?
Oui, quand même, car on m’a fait beaucoup de mal. Même si après j’ai compris que ce n’était pas moi qui étais visé. Je suis revenu quand j’ai compris que n’importe quel coach aurait pu vivre la même chose. On récolte un titre, c’est l’essentiel. C’est une joie partagée par tout le peuple du Mouloudia d’Alger.
En parlant de ce peuple qui attendait ce sacre avec impatience, qu’avez-vous à lui dire ?
Ceux qui doutent de la qualité de leur équipe, ce sont à eux de la juger. Ils ont droit de ne pas être contents. C’est leur droit aujourd’hui d’être heureux. Je les félicite pour ce 7e sacre. Bravo aux gens qui sont venus nous aider. Je n’ai promis la coupe qu’à deux personnes. Je crois qu’aujourd’hui je peux dire que j’ai tenu ma promesse.
On peut savoir à qui ?
A mes défunts parents. Je suis monté à Tlemcen me recueillir sur la tombe de mes parents et je leur ai promis la victoire de l’équipe en finale. J’aimerais bien prendre la coupe et aller la leur offrir. Je suis vraiment heureux.
A. Z.
«Aujourd’hui, on a gagné la coupe et les mécontents sont contents
«On n’a pas le droit de faire la fête chaque jour, il faudra se remettre au travail
«J’avais promis à mes défunts parents de gagner la finale, et je l’ai fait»
«Chnaoua ! On a gagné la séptima»
«Mon avenir ? Pas maintenant»