Eh bien, ce n’est pas le cas du nouveau venu Ryad Mahrez. En effet, le joueur de Leicester n’a jamais mis les pieds dans un centre de formation français ni d’un autre pays d’ailleurs : «J’estime que j’ai un parcours assez atypique. J’ai joué en pro sans avoir fait de centre de formation, ce qui est très très rare dans le football de haut niveau actuellement. J’ai joué dans un club de CFA en Bretagne avant de partir pour le Havre, où j’ai commencé en CFA avant d’intégrer l’équipe A. Comme dans chaque carrière, les souvenirs qu’on garde en mémoire sont toujours ceux du début, et du Havre Athletic Club, je n’en garde que des bons.» Et de poursuivre : «Je ne m’entraînais pas tous les jours, et c’est peut-être pour ça que des coachs du HAC m’ont repéré. On voyait que je pouvais devenir un bon footballeur et progresser avec un peu plus de travail. Franchement, je ne regrette pas d’être passé par ce club qui en est le doyen en France.»
C’est dire que, pour le nouveau venu en équipe nationale, cette première convocation chez les Verts est une belle consécration, mais ce n’est pas pour autant qu’il s’arrêtera là, son objectif, c’est d’aller en coupe du monde et convaincre Vahid Halilhodzic à partir de ce samedi au centre technique national de Sidi Moussa.
A. H. A.
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Sa qualité : et si c’était son insouciance ?
Même s’il ne sait pas encore s’il sera pris dans la liste des 23 joueurs sélectionnés pour la coupe du monde, il n’en demeure pas moins que Ryad Mahrez a de fortes chances de faire partie du voyage pour le Brésil, le 7 juin prochain, mais quand on discute avec l’enfant de Sarcelles, on a presque l’impression qu’il ne se rend pas compte de cela, tellement il prend les choses simplement et sans aucune pression. «Mon sentiment normal quoi, même mes amis et potes me disent : tu ne te rends pas compte de ce qui t’arrive. Je leur dis peut-être bien, mais je suis comme ça», nous a avoué le joueur de Leicester.
Une accession, un titre de Championship, et le fait qu’il évoluera dans la cour des grands la saison prochaine, tout cela, le nouveau joueur de l’équipe nationale le vit au jour le jour. «Jouer face aux grands la saison prochaine, je n’ai pas vraiment le temps d’y penser, tellement il y a des événements qui s’enchaînent pour moi au cours de ces dernières semaines», nous a-t-il affirmé. Et quand on l’interroge sur ce qu’il peut apporter à la sélection algérienne, Ryad Mahrez dira : «Je préfère laisser les gens parler de moi, mais si je pouvais apporter quelque chose, je dirai mon insouciance», nous a-t-il précisé.
Oui, cette insouciance qui pourrait peut-être faire la différence dans un grand match dans une coupe du monde. Un joueur qui joue sans pression et qui se fait plaisir sur le terrain sans pour autant se dire qu’il joue face à une grosse équipe, ça pourrait en effet faire la différence à un moment donné de la rencontre, surtout quand l’enjeu est grand. Mahrez sait pertinemment qu’il n’est pas encore en coupe du monde, mais a conscience déjà de la chose positive qu’il peut apporter, cette insouciance qui nous a fait défaut récemment lors de la dernière coupe d’Afrique des nations où notre équipe nationale était tout simplement tétanisée par l’enjeu du tournoi.
A. H. A.
Il vient chaque été en Algérie
Si certains joueurs de notre équipe nationale n’ont découvert le pays qu’une fois convoqué en équipe nationale, ça ne sera certainement pas le cas pour Ryad Mahrez. En effet, il vient chaque été en Algérie, et plus précisément à Tlemcen dans son village de Beni Snous, pour rendre visite à la famille. Sa dernière visite remonte à l’été dernier.
Mahrez : «Mon pied droit ne me sert pas qu’à monter dans le bus»
Pour ceux qui ne connaissent pas bien Ryad Mahrez, il évolue comme milieu de terrain offensif gauche, mais il peut aussi jouer sur le côté droit sans aucun souci. Quand on l’interroge sur sa capacité à jouer à droite, il dira en toute modetie : «Certes, je suis gaucher, mais disons que le pied droit ne me sert pas qu’à monter dans le bus.»
Son ancien coach à Sarcelles : «Il avait une motivation hors norme»
«Tout est parti d’ici à Sarcelles depuis qu’il était tout petit. D’ailleurs, il était en juniors et on l’a surclassé en seniors et un soir il me dit : ‘‘Moi, j’en ai marre, il faut que je parte’’ et il en voulait vraiment. D’ailleurs, il jouait tout le temps. Même à 4h du matin, on le voyait avec un ballon. Une motivation hors norme. Je l’ai eu à 13 ans et aussi à 18 ans. Et un jour, un ami de Quimper nous a dit : ‘‘Je suis à la recherche d’un milieu gauche qui peut évoluer à droite et ça tombait bien’’. Ryad est donc parti faire un essai et ils l’ont gardé. Un an après, le club du Havre le repère et de là tout a commencé. Nous, Ryad, c’est notre fierté ici. C’est l’un des rares gauchers à avoir un bon pied droit et, incha Allah, il ira en coupe du monde.»
Il a tenu à nous montrer son club et son stade de toujours
Même s’il était très fatigué, Ryad Mahrez a tenu à nous montrer le stade de tous ses débuts, un terrain où il a commencé ses premiers pas en tant que footballeur, un stade avec une pelouse synthétique qui se trouve à cinq minutes en voiture de chez lui.
Le joueur monte dans sa voiture, prie deux de ses copains de monter avec nous et nous demande de le suivre.
A peine descendus de voiture, Mahrez vient vers nous et commence à nous parler de ce stade : «Eh bien, c’est là que tout a commencé. Vous voyez ces petits derrière, il y a quelques années, c’est moi qui étais à leur places.» Et il commence à nous décrire le lieu. «Vous avez de ce côté les vestiaires. Ici, je connais tout le monde. D’ailleurs, chaque entraîneur de ce club a fait partie de ma vie à un moment donné. Donc, je les remercie tous d’avoir cru en moi et de m’avoir permis d’être le footballeur que je suis maintenant», nous déclare Mahrez tout content de nous montrer un terrain qui, pour lui, restera à jamais mythique.
Absent depuis plusieurs mois du quartier en raison de l’enchaînement des matchs en Championship, ses vieux copains et ses anciens coachs viennent le saluer dès qu’il l’aperçoivent au stade : «Salut frèro, alors t’es rentré, t’es en vacances, c’est bon ?» Mahez réplique : «Que pour trois jours seulement, car je rentre en sélection samedi.» Son ancien entraîneur enchaîne : «Eh bien, bravo pour ce que tu viens de réaliser. T’imagines la saison prochaine, tu vas jouer contre des joueurs énormes et des grandes équipes, un truc de Ouf, vraiment, je te félicite.» Ryad sourit, mais ne s’emballe pas : «Oui, c’est pas mal, on verra bien comment ça se passera la saison prochaine.»
Cinq minutes de foot avec les potes
Mahrez : «C’est avec eux que j’ai appris à dribbler»
Même si des gamins s’entraînaient derrière sur le terrain, Ryad Mahrez n’a pas pu s’empêcher de toucher au ballon et de faire des passes avec ses potes. En effet, pendant un peu plus de cinq minutes, l’international algérien s’est remémoré le bon vieux temps avec ses amis, qui évoluent toujours en amateur avec ce même club, à Sarcelles. «Je suis toujours content de les retrouver et de jouer avec eux, même si ce ne sont que quelques passes. Mais, je vous avoue que j’ai aussi beaucoup appris auprès d’eux», nous a-t-il déclaré. Interrogé sur sa qualité de dribble, puisque pas plus tard que samedi dernier il avait réussi à provoquer un penalty grâce à sa force de pénétration, l’enfant de Sarcelles dira : «Vous savez, je suis un joueur qui aime dribbler et provoquer l’adversaire. J’ai appris à dribbler avec mes potes, car j’exerçais beaucoup contre eux et au final c’était eux mes premières victimes.» Une taquinerie que ses copains prennent bien puisqu’ils ont tous rigolé.
Déjà un trophée et une médaille dans le salon
Quand on rentre dans le salon des Mahrez, la première chose qui attire notre attention est le joli trophée transparent en forme de ballon posé soigneusement sur la table. «Eh bien, c’est le trophée du meilleur but inscrit cette saison en Championship, un trophée qui m’a été décerné par un groupe de plusieurs sponsors. Franchement, j’étais très content de cette consécration, car avoir un trophée après seulement quatre mois dans ce club, ça m’a vraiment fait plaisir. Mon but s’est aussi classé deuxième en championnat et c’est plutôt pas mal», nous a-t-il dit.
On pouvait aussi remarquer une très belle médaille accrochée sur laquelle on pouvait lire : Champion 2013-2014 : «C’est la médaille que nous avons eues après avoir été sacrés champions cette saison.»
Il y avait aussi deux cadres de Ryad accrochés au mur, mais pas avec son nouveau club, Leicester, mais avec celui qu’il l’a fait connaître, le Havre Athletic club (HAC). «C’est un club que je n’oublierai jamais, car c’est là où j’ai vraiment progressé et où j’ai fait mon apprentissage dans le haut niveau en pro. C’est pour cette raison que je garde ce cadre accroché dans notre salon», nous a avoué le nouveau venu chez les Verts.
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