Comment résumeriez-vous les principales étapes de votre accession avec l’USMBA ?
Oui, tout va pour le mieux, le titre pour l’équipe du cœur et une accession méritée avec mon nouveau club. Mais je dois dire que dès le début, on savait que l’USM Bel-Abbès allait accéder.
Et pourquoi, donc ?
Au vu de notre effectif, avec des joueurs d’expérience, cela était prévisible. De plus, on y a ajouté la motivation et la solidarité, on y a cru et dès lors l’accession ne pouvait nous échapper. Mais il ne faut pas croire que tout était facile, même si on pouvait plier l’affaire à la fin de la phase aller. Avant le début de l’exercice, on parlait peu de l’USMBA dans les journaux, mais depuis que le club a étoffé son effectif, il est devenu l’attraction des médias, mais aussi la cible privilégiée, puisque beaucoup se sont ligués contre nous. Jusqu’à la dernière minute, on a tout fait pour nous empêcher de monter en Ligue 1. Beaucoup souhaitaient que d’autres clubs que l’ASMO et l’USMBA accèdent. Et pour y parvenir, tous les moyens ont été utilisés.
Oui, à l’image de cette histoire de combine entre Serar et certains joueurs de Hadjout…
Mais quelle combine ! Si le match était allé à son terme, on l’aurait gagné les doigts dans le nez. Dans cette affaire, on a juste été cléments avec Hadjout qui s’en est sorti avec une sanction gentille. Lors de la saison 2005-2006, l’USMA a perdu le titre à Tizi Ouzou, vous devez vous souvenir de tout ce qui s’est passé. On nous a donné match perdu et 3 points de retrait. Et encore, on a perdu le titre bêtement, à un point seulement, contre le NAHD. Comparez avec Hadjout… L’USMBA n’est pas une équipe qui combine. Au contraire, on a arrangé des choses contre nous et dans notre stade.
Des exemples ?
Le match de l’USMB, celui du NAHD, celui de Batna aussi sont tous une honte. Revoyez ce qui s’y est passé et vous pourrez le vérifier aisément. Sur le terrain, Bel-Abbès a dominé tout le monde. L’AS Khroub est la seule équipe qui nous a tenu tête, mais le temps d’une mi-temps seulement, parce que, après, on a largement repris le dessus. Et je ne parle pas des injustices de certains arbitres quand on jouait à l’extérieur. Tout ça parce qu’on a été jaloux d’une équipe constituée de joueurs de talent, de prestige, qui n’ont pas choisi de jouer pour d’autres clubs. Malgré tout, notre accession a été limpide et on l’a emportée haut la main, en étant premiers depuis le début. On a relevé un défi comme peu de gens peuvent le faire. C’est un exploit !
Où en est votre affaire avec le frère de Balegh, le frère du joueur de l’ASMO, qui vous a agressé ?
C’est un pseudosupporter, l’affaire suit son cours au niveau de la justice. J’attends la convocation pour y donner les suites que mérite cette affaire. Vous voyez tout ce qu’on a enduré ! En dépit de tout, on est restés sereins, on a joué au foot sans jamais songer à devenir des karatékas. On a respecté tout le monde, aujourd’hui, on mérite le respect de tous !
Comment vous êtes-vous retrouvé à Bel-Abbès ?
Je vous livre la version originale. J’étais sur la route en direction d’Oran, en compagnie du Farradji, pour aller récupérer notre argent du MCO. On est rentrés bredouilles, personne ne nous a reçus ni a voulu répondre à nos appels téléphoniques… Au retour, Serar a appelé Farradji pour s’informer de notre situation. Il lui dit de me faire savoir qu’il faut patienter, parce qu’il a un projet à nous suggérer avec Bel-Abbès. Quand Farradji, Belkaïd et moi avons signé, cela a incité d’autres joueurs expérimentés à nous suivre.
On prête à Serar l’intention de renouveler l’effectif, allez-vous poursuivre l’aventure avec l’USMBA ?
Maintenant qu’une équipe est née, je ne ferme pas la porte. J’ai marqué 12 buts, joué 28 matches sur 29, donné plus de 20 passes décisives, pensez-vous qu’on se passerait des services d’un joueur qui présente de telles statistiques ? Je vais vous le dire autrement : la seule équipe qui a fait la bêtise de lâcher Achiou, c’est l’USMA ! Toutes les autres fois, je suis parti de mon propre chef. Je sais ce que je vaux. Il m’est arrivé d’arrêter six mois, de revenir au top et de prétendre signer où je voulais. Dieu m’a donné le talent, j’ai un bon physique, à 35 ans, je peux vous assurer qu’un jeune de 20 ans ne pourra pas soutenir la comparaison avec moi. Je n’attends pas les gens pour voir s’ils me reconduiront, c’est moi qui vois et décide si je poursuis ou non. Si les mêmes hommes de l’USMBA restent, il n’y a pas de raison pour ne pas continuer. Sinon, je sais que j’ai toujours la cote et qu’on me désire encore partout. Je peux même vous faire quelques confidences à ce sujet.
Allez-y !
A cinq ou six matches de la fin du championnat, mon téléphone s’est déjà mis à sonner. Je ne peux citer les noms des clubs, je ne veux pas faire de la pub aux autres, mais je peux vous assurer qu’on me réclame même à l’étranger, précisément du Moyen-Orient.
«La seule équipe qui a fait la bêtise de lâcher Achiou, c’est l’USMA !», peut-on revenir sur cette phrase choc !
Ecoutez, quand vous adoptez un chat ou un hamster ou même un rat durant 20 ans, quand il vous quitte, vous déprimez. Moi, je suis né à l’USMA, j’y ai grandi, alors c’est comme si on m’avait renvoyé de la maison. En principe, quand on veut retaper sa voiture, on change les pièces défectueuses, pas celles en bon très état, et qui a évité au club la relégation. Si l’USMA avait grandi et avait ramené des joueurs meilleurs qu’Achiou, j’aurais applaudi. Ça me fait d’ailleurs plaisir de voir Ferhat et les autres jeunes qui éclosent, parce que j’étais comme eux. Mais me remplacer par des joueurs qui ne m’égalent pas, je dis non ! Cela ne m’affecte plus, j’en reparle juste pour que les gens n’oublient pas.
Tu en veux à Haddad ?
Cela fait partie du passé, je n’en veux pas vraiment à Haddad, mais son entourage qui l’a très mal conseillé. Il débutait dans le milieu et on l’a trompé. Aujourd’hui, avec un peu d’acquis, il n’aurait pas commis cette erreur. Il m’avait promis que les enfants du club resteraient au club. Je ne lui en veux pas à en mourir, mais je dis qu’il y a certaines manières avec lesquelles on doit se comporter avec les enfants de l’USMA. Sinon, je reste un fidèle des Rouge et Noir, je suis content de son sacre et je serai toujours enchanté de les voir gagner.
Même si dans votre famille, on dénombre pas mal de fans du MCA…
Il est vrai que sur une fratrie au nombre de neuf, mes aînés sont Mouloudéens, mais moi et ceux qui sont venus sommes tous des Usmistes qui ont joué à l’USMA.
Est-il vrai que vous avez failli signer un jour au MCA ?
A cette époque, les gens disaient que je faisais du chantage à l’USMA pour des histoires d’argent. Alors, pour montrer ma bonne fois et à quel point je suis correct, je suis resté six mois à l’arrêt. Jouer au MCA était le rêve de mon grand frère, un chauvin du Doyen. J’aurais aimé jouer au MCA, un grand club qui fait rêver tous les joueurs. J’aurais aimé l’ajouter dans mon CV, mais le mektoub en a voulu autrement. Mais ma carrière n’est pas finie, peut-être que je finirais par porter le maillot du MCA. En tout cas, j’en ai les capacités. Mon niveau est encore supérieur à celui des meilleurs joueurs de la Ligue 1. Je le dis en toute modestie, sans prétention aucune. J’ajoute que si j’étais resté à l’USMA, j’aurai réintégré l’équipe nationale !
A ce point ?
Mais j’en ai fourni la preuve auparavant, je l’ai déjà fait. Quand j’ai quitté la JSK, je suis resté six mois à l’arrêt, j’étais à El-Biar. Cela ne m’a pas empêché ensuite de revenir et d’endosser une nouvelle fois le maillot vert. Donc, je peux le refaire.
Vous comptez jouer encore jusqu’à quel âge ?
Jusqu’à ce que je n’en pourrai plus !
On dit que vous avez les qualités pour devenir un grand entraîneur…
Oui, c’est vrai. Je suis un bon meneur d’hommes, je sais parler aux gens, j’ai une bonne vision du football et je suis peut-être l’un des meilleurs sur le plan tactique. J’assimile les choses vite, j’ai déjà le diplôme d’entraîneur premier degré. Alors, incha Allah, le jour où mes jambes ne me supporteront plus, je passerai de l’autre côté de la barrière.
H. D.
Bio Express
Né le 27 avril 1979 à Alger, Hocine Achiou est un ancien international algérien qui a débuté sa carrière à l’ES Ben Aknoun. Mais c’est essentiellement à l’USM Alger qu’il a construit sa gloire. Ensuite, il a évolué au FC Aarau, en Suisse, avant de porter les maillots de la JS Kabylie, l’ASO Chlef, le MC Oran et l’USM Bel-Abbès. Avec l’USMA, il a été quatre fois champion d’Algérie, a raflé quatre coupes d’Algérie et a joué deux demi-finales de la Champions League. Avec les Verts, il a joué la CAN-2004, comptant 4 buts pour 31 sélections.
«Seuls Maradona, Weah et Messi ont marqué un but comme harami»
Hocine Achiou a laissé un but pour la postérité. Lors de la CAN-2004, en Tunisie, il a passé en revue toute la défense égyptienne, d’un gardien de but à l’autre, pour marquer le but de la victoire. «Il n’y a pas beaucoup de joueurs au monde qui ont marqué un but comme le mien lors de la CAN-2004 en Tunisie contre l’Egypte. Seuls Maradona, Weah, Messi et moi ont marqué de cette façon, d’un but à l’autre ! Alors harami restera pour toute la vie. C’est le meilleur de ma carrière, en plus de celui inscrit face au MCA», affirme celui qu’on surnomme harami.