La JSMB est en L2, qu’avez-vous à dire M. le président ?
Je suis bouche-bée. Ma maladie paraît moindre devant ce qu’endure mon club. Je suis sûr qu’en d’autre temps, la JSMB n’aurait jamais connu un tel sort.
Autrement, si vous étiez plus disponible, le club n’aurait pas rétrogradé ?
Certainement, il ne manquait rien à l’équipe. On avait besoin juste de travailler dans le calme pour répondre favorablement aux espérances. Malheureusement, on ne nous a pas aidés dans notre tâche et notre mission. Pire, on se faisait insultés pour un oui ou pour un non. Dès le début du championnat, les insultes fusaient.
Et pourquoi à votre avis ?
Je suis sûr d’une chose, ce ne sont pas les enfants de la JSMB qui ont fait ça. Ces derniers ont toujours été aux côtés de l’équipe. Ce genre de soi-disant supporters, de ma vie, je n’en ai vu de pareils à Béjaïa. C’est une bande de voyous qui ne vit que pour le seul but de nuire au club. Je leur dis, vous avez gagné, je vous laisse le club et faites-en ce que vous voulez.
Vous abandonnez carrément votre club…
Je n’en peux plus. Je n’ai plus les moyens pour lutter et faire face à cette pègre. Elle est trop nuisible, et seul, avec mon état de santé qui se dégrade, je ne peux leur tenir tête.
Et les membres du bureau, que font-ils ?
Les gens du club amateur sont tous vieux et n’ont plus la force d’antan, quant aux dirigeants, ils n’ont plus donné signe de vie.
Vous avez continué à gérer le club seul...
Si on peut dire ainsi. Mon état de santé ne me permettait pas de suivre l’équipe au quotidien. J’arrive, entre deux hospitalisations, à régulariser les joueurs et les entraîneurs.
Zafour disait que les joueurs étaient livrés à eux-mêmes...
C’est la triste réalité. Personne ne voulait s’occuper de ça. En fait, ils ne supportaient pas que ses pseudo-supporters viennent les insulter. Je les comprends.
A ce point, ils sont nocifs ?
Pire, vous savez, après la lourde défaite face à l’ESS, ils nous ont dressés un faux barrage à Tichy. Ils ont malmené notre délégation. C’était l’enfer.
Et vous avez cédé à leurs caprices en sacrifiant Saâdi, ils demandaient aussi la tête de l’entraîneur ?
Avec du recul, je pense que j’ai sauvé l’honneur de Saâdi. Ce jour-là, heureusement qu’il était resté à Sétif et il n’est pas revenu avec l’équipe. Il aurait été lynché. La horde sauvage était sans limite.
C’est la première fois que vous limogiez un entraîneur...
Je n’ai pas limogé Saâdi, on s’est séparés à l’amiable. Il y avait une forte tension, et en s’entendant avec lui de partir, je l’ai sauvé des mains de ces sauvages.
Et vous n’arrivez pas à déterminer qui ils sont ?
Si, on les connaît, c’est une bande de voyous qui ne mérite même qu’on parle d’elle. Elle a fait sa sale besogne et elle peut s’estimer maintenant heureuse, puisqu’elle a envoyé la JSMB en L2.
Donc, vous avez un avis sur ce groupe ?
Oui. A mon avis, ce sont des gens qu’on a virés, qui ne sont plus dans le sillage du club, qui a tout fait pour nous mener la vie dure.
Donc, vous n’êtes pas sûr qu’ils soient eux ?
A mon avis, ils doivent être de l’association qui se dénomme association de la JSMB qui a semé la zizanie. Je vais vous raconter un fait. Le jour du décès de ma mère qui avait 104 ans, il y avait foule au cimetière, au même moment, dans les artères de la ville, un groupuscule de cette association a fait une marche vers la DJS réclamant mon départ. Vous voyez à quel point est la bassesse. Ils auraient pu attendre au moins une semaine pour agir.
Et…
Et puis, à ma connaissance, j’ai publiquement annoncé mon départ. Je suis démissionnaire depuis septembre. Pourquoi personne ne s’est présenté pour reprendre le club ? Je me pose encore la question.
A mon avis, s’ils ne l’ont pas fait, c’est que leur but est clair : nuire à notre travail, c’est tout.
Aussi, ça peut être eux, comme ça peut venir d’en dehors de Béjaïa. Je pense qu’ils m’ont fait le même coup qu’ils ont fait à Hannachi il y a deux ans, et pourtant, je suis apolitique.
Ne pensez-vous que le mieux aurait été de maintenir l’équipe de Medane ou celle de votre frère Zahir qui ont fait un excellent travail à la JSMB ?
Zahir ne voulait pas rester. Au contraire, il me conseillait de me retirer. Il a vu de ses propres yeux que le climat est devenu nauséabonde et qu’il fallait qu’il se retire. Il a vu juste.
Et pour Medane ?
Je crois que dans ma longue carrière de dirigeant, j’ai rarement croisé une compétence de la trempe de Hakim Medane. Il a fait un excellent travail avec nous, il m’a déchargé de beaucoup de responsabilités. Il me tenait au courant de ce qu’il fait et il a travaillé en véritable professionnel. Et quand on a quelqu’un qui est aussi dévoué et surtout compétent que lui, évidemment, on fera tout pour le garder.
Mais il a refusé de rester, c’est ça ?
Oui, malheureusement pour moi et pour la JSMB. Medane ne pouvait plus rester encore au club, il avait ses propres raisons que je respecte.
Et s’il revient ?
S’il revient, je ne quitterai pas le club. Je vais dormir sur mes deux oreilles.
Au lieu de démissionner, n’aurait-il pas été préférable pour vous de confier les rênes du club à une équipe dirigeante que vous désignerez ?
C’est mieux comme vous le dites, mais où allons-nous trouver ces compétences ? Et puis, croyez-moi, je suis vraiment fatigué. Mon état de santé ne me permet plus de me consacrer à la chose footballistique. C’est plus fort que moi.
Vous dites que vous avez démissionné en septembre, pourquoi avoir continué encore à gérer le club ?
Je suis parti exactement le 23 septembre. Je suis démissionnaire depuis cette date, mais comme il n’y avait personne qui s’est présenté pour prendre le relais, j’ai décidé de continuer à aider le club. J’avais peur qu’on déclare forfait général. J’ai mis la main à la poche comme toujours.
Combien aviez-vous dépensé cette année ?
Ce n’est pas parce que je trouve le sujet tabou, mais je ne veux pas aborder ce sujet. Disons que j’ai mis des centaines de millions pour maintenir le club en vie.
Qu’allez-vous faire maintenant ?
Je rentre chez moi, comme dirait l’autre. Je suis tellement fatigué que je leur laisse la JSMB.
Et vous resterez supporter de ce club ?
Mieux, si une équipe dirigeante fiable et solide prendra le relais, je suis prêt à l’a sponsorisée. Je vais les aider du mieux que je peux, comme si je suis toujours au club.
Où est Redjradj ?
Cette question revient sur toutes les lèvres à Béjaïa. Cela fait un bon moment que le directeur général du club n’a plus donné signe de vie. Même Boualem Tiab ne sait pas où il se trouve : «On devait se voir pour régulariser la situation des joueurs, je n’arrive pas à le joindre. Il a disparu !», s’est-il tout simplement étonné le président de la JSMB. Selon des échos en provenance de Béjaïa, Rachid Redjradj convoite un poste à la LFP.
BIO EXPRESS
C’est un 26 novembre de l’année 1945 que Boualem Tiab a ouvert ses yeux à Béjaïa. Depuis tout jeune, il côtoie le monde de la balle ronde, les Tiab sont une grande famille qui a porté et dirigé la JSMB du temps de l’indépendance et surtout après. Boualem Tiab a fait toute sa carrière de joueur chez les Vert et Rouge. Il a joué huit en seniors, car en 1970, il devient dirigeant au club, et en 1974, il présidera la JSMB. L’avènement de la réforme l’oblige à céder son poste de responsabilité et le club est alors dissout. Il sera récupéré par une société étatique qui va lui changer ses couleurs. Ce n’est plus la JSMB. Amoureux du club, Boualem décide alors de recréer le club, de racheter les dettes de l’Ecotex et de faire par la suite de la JSMB une fierté de toute une région. Le rachat s’est conclu en 1991. Sept ans plus tard, il fera accéder le club en première division. Six ans plus tard, le club connaît sa première rétrogradation. La JSMB restera 2 ans en L2. En 2006-2007, les Vert et Rouge retrouvent l’élite et se classent 3es. C’est leur meilleur parcours. L’année d’après, Tiab offre à Béjaïa son 1er titre, la coupe d’Algérie, et une participation avec les honneurs aux compétitions africaines. La JSMB jouera la finale de l’UNAF. Universitaire en sciences éco, Boualem Tiab a su gérer de main de maître la JSMB, comme il le fait également avec ses grosses entreprises actuellement.