Tlemçani : «Vahid a marginalisé Belfodil»

Abdelkader Tlemçani dit tout sur son non-engagement en 2012-2013, quand l’équipe était en Division 1 et son refus de travailler avec Bouali.

Abdelkader Tlemçani est né en 1963 à Oran. Il rejoint directement les cadets du RCGO sans passer par les minimes. Il y restera jusqu’en 1983, où il rejoint l’ASMO, entraînée à l’époque par Kaddour Bekhloufi. En 1986, il passa à l’USMBA avec laquelle il assura une accession en Nationale une, en 1988, et une coupe d’Algérie en 1991 face à la JS Kabylie de Meddane, Amara, Saïb, Haffaf et Adghigh. Il partit jouer après au Maroc durant deux saisons en première division avec le MAS de Fès et l’Ittihad de Casablanca (91-93). De retour au pays, il opta pour deux saisons au MCO (1993-1995) avant de retourner de nouveau à l’USMBA, où il évolua une seule saison (1995-1996). Tlemçani signa pour une saison au WAM (1996-1997) avant de réintégrer le club de ses premiers amours, le RCGO, avec lequel il restera jusqu’en 2001 en tant que joueur-entraîneur. Il mettra fin à sa carrière de joueur et choisit de passer de l’autres côté de la barrière pour s’occuper des jeunes. A l’orée de cette saison, il s’est occupé des U21 du MCO où il a travaillé pendant deux mois seulement avant de se retirer

 

Vos deux anciennes équipes, en l’occurrence l’ASMO et l’USMBA, viennent d’accéder en Ligue 1, quels sont vos premiers sentiments ?

Je salue l’accession de mes deux ex-équipes, l’ASMO et l’USMBA. Ce sont deux grandes équipes qui méritent amplement de jouer en Ligue 1, deux équipes où j’ai joué et où j’avais bien brillé aussi, surtout sous les couleurs de l’USMBA où ma renommée et ma popularité ont dépassé le seuil national. J’ai réussi une accession inoubliable en N1 avec l’USMBA en 1987-1988 et le plus beau, ce fut l’année d’après, soit en 1988-1989, quand nous avions fourni une très bonne saison et nous avons laissé filer le titre de champion d’Algérie remporté par la JSK, alors qu’on était premiers à quatre journées de la fin. Je félicite les deux équipes pour leur parcours cette saison en Ligue deux.

 

Avec l’accession de l’ASMO et de l’USMBA, le public de l’Ouest va assister à plus de matchs derbys, contrairement à la saison passé, où il n’y en avait  presque plus si ce n’est un MCO-ASO ?

Cette nouvelle saison verra la présence de quatre équipes : MCO, ASMO, USMBA et ASO. L’ASO, géographiquement parlant, ne jouait pas par le passé dans le groupe Ouest, elle jouait au Centre. Autrefois, dans les années 80, on était arrivés à voir huit équipes de l’Ouest en nationale une. Je me rappelle, il y avait le MCO, l’ASMO, l’USMBA, le WAT, la JSM Tiaret, le RC Relizane, le GC Mascara et le MC Saïda. Ces équipes ont beaucoup joué ensemble juste après l’indépendance durant les années 60, 70 et même 80, chose qu’on ne retrouve plus actuellement. La preuve, le MCO, le club phare de l’Ouest, piétine en Ligue 1 depuis huit ans et ne joue que la relégation. Ce qui explique que le niveau des clubs de l’Ouest a beaucoup reculé. L’USMBA a joué durant 20 ans et a arraché de bons résultats, le WAT a dominé le championnat durant les années 90 en détenant la coupe arabe à deux reprises avec les Dahleb et Bettadj. L’ASMO, avec les Kechamli et   Belkhatouat, a fait parler d’elle aussi. Elle a vécu le calvaire de huit ans en Ligue deux avant de revenir en élite grâce au bon travail de Mouassa et les efforts des joueurs.

 

Pourquoi ce recul, selon vous ?

C’est le manque d’expérience de certains et l’incompétence des autres. Même le choix des joueurs n’est pas judicieux. A notre époque, quand je jouais à l’USMBA…Où sont les enfants de Sidi Bel-Abbès, où sont les techniciens de cette grande ville et de cette équipe ? Qu’ont-ils formé depuis notre départ. Rien, le résultat est là. L’USMBA a végété durant dix-huit ans en division inférieure. Autrefois, un Tlemçani à l’USMBA, un Tasfaout à l’ASMO, un Mesabih au MCO… faisaient seuls la différence. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il n’y plus de joueurs talentueux et le bel exemple se trouve en EN dont la composante, en majorité, évolue à l’étranger.

 

Le derby 100% oranais, MCO-ASMO, va refaire surface cette saison. Pour quelqu’un qui l’a déjà vécu comme vous, comment les deux clubs vont-ils le vivre ?

Les supporters des deux équipes nous parlaient souvent des derbys de notre équipe. On nous dit que la différence est énorme entre notre génération et celle d’aujourd’hui. Ils n’assistent plus au spectacle, au beau football, au festival de buts, ils ne voient que des passes longues, droite ou gauche, passes latérales, il n’y a plus de coordination entre les joueurs. Il n’y pas un maître sur le terrain qui fait des merveilles. On ne voit que des balles arrêtées qui sont souvent ponctuées par un but ou autre sur un cafouillage. On ne voit plus des buts construits, bien faits. Tout cela fait fuir le public des stades. A Oran, le stade Bouakeul ne fait plus le plein, à l’exception d’un match capital. Regardez le public du MCO, il ne va plus au stade, alors que, par le passé, durant les années 80 et 90, le stade était plein à craquer.  Personnellement, je suis vraiment déçu par la faiblesse du niveau. C’est pour cela je ne vais plus pour voir le MCO ou l’ASMO. Les joueurs ne savent plus se placer, ni faire un dédoublement, ni faire un appel ou créer une fausse piste. A mon époque, il y avait des joueurs qui jouaient sans ballon, ils partaient en profondeur pour récupérer le cuir par la suite en pleine surface…

 

Passons maintenant à votre passage en EN. Il semble que vous aviez raté une belle carrière en Europe ?

Mon passage en l’EN fut lors des éliminatoires de la coupe du monde en Italie, en 1990. Le match contre le Zimbabwe fut mon meilleur souvenir où j’ai réussi à donner une passe décisive à Madjer qui a marqué un joli but. Nous avions gagné par trois buts à un et j’ai fourni une très bonne prestation. En tout, j’ai joué 16 rencontres avec l’EN. J’avais des contacts très avancés par la suite avec une équipe européenne, mais le critère à l’époque, qui limitait l’âge à 28 ans pour quitter le pays, a été mon seul handicap et qui a brisé mon parcours footballistique.

 

Mais vous aviez par la suite quitté l’USMBA pour tenter une expérience au Maroc ?

J’ai eu l’honneur d’aller au Maroc où j’ai joué au MAS de Fès qui venait de gagner la coupe du trône. Les dirigeants de ce club m’ont contacté pour aller fêter avec eux le sacre, mais j’ai dû décliner leur invitation à cause des mes obligations familiales (raisons de santé de ma fille handicapée).

 

Rares sont les joueurs adulés par le public d’El-Khadra, mais Tlemçani en avait fait partie de ces joueurs…

Quand je jouais à l’USMBA, je ne pensais qu’à faire plaisir aux supporters. Parfois, on ne me payait pas, mais, malgré cela, je donnais le meilleur de moi-même à cause du public qui venait voir jouer et applaudir Abdelkader Tlemçani. Je ne regrette rien de cela, car mon parcours avec cette équipe était comble et riche en buts et en événements.

 

Que pensez-vous de l’EN d’aujourd’hui, version Halilhodzic ?

Les deux prochaines rencontres amicales en Suisse contre l’Arménie et la Roumanie avant le Mondial sont importantes. C’est sur deux matchs amicaux que Vahid se fixera. Le coach de l’EN va certainement arrêter son onze qui affrontera la Belgique le 17 juin prochain, un adversaire de taille qui revient très fort sur la scène européenne. Il serait très difficile pour notre EN de battre ses trois adversaires (Belgique-Corée du Sud-Russie). A mon avis, la Corée du Sud, qui paraît la plus prenable, a douze participations au Mondial. Toutefois, on doit être optimistes et je souhaite que notre EN gagne son premier match contre la Belgique pour lui permettre de bien gérer les deux autres matchs. En 2010, nous avions perdu notre premier match contre la Slovénie, cela avait été ressenti comme un coup très dur par les joueurs sur le plan mental.

 

Pensez-vous que le coach a pris les meilleurs joueurs ?

Vous savez que le choix des joueurs à quelques jours du Mondial n’est pas une chose aisée pour un coach. J’en ai déjà parlé récemment avec Cheikh Saâdane qui m’a affirmé que le tri est une lourde mission. Vous avez des joueurs qui furent constamment présents aux éliminatoires, aux différents stages, aux matchs officiels et amicaux et ils se voient écartés à quelques jours du Mondial. Il m’avait dit qu’il fallait se mettre à sa place pour évaluer et estimer cette grande responsabilité… La dernière liste livrée par le coach où il avait éliminé Khoualed de l’USMA m’a surpris. Mesbah, qui a beaucoup perdu de son talent et a connu une régression inquiétante, ne mérite pas de faire partie des 23, car, on a un joueur de qualité et plein d’avenir, Ghoulam, qui sait défendre et attaquer. Bougherra… sans commentaires. Il reste le problème du milieu de terrain. Bentaleb a été convoqué, mais n’a pas joué durant les six derniers matchs. Ceci est un autre point d’interrogation. Feghouli et Ghilas sont deux bons joueurs et méritent largement leur place au Mondial. Le point noir reste Belfodil et Djebbour. Ce dernier n’a rien donné, malheureusement, à l’EN en raison de sa marginalisation par le coach Vahid qui ne lui avait pas donné toutes ses chances, alors que Belfodil n’en a pas eu assez.      

M. B. 

 

 

 

Tlemçani (accroupi, premier à partir de la droite) avec l’équipe de l’USMBA vainqueur de la coupe d’Algérie en 1991.

 

 

«Parfois, on ne me payait pas, mais, malgré cela, je donnais le meilleur de moi-même pour le public qui venait me voir jouer et m’applaudir

 

«Où sont les enfants de Sidi Bel-Abbès, où sont les techniciens de cette grande ville et de cette équipe, qu’ont-ils formé depuis notre départ ? Rien, le résultat est là. L’USMBA a végété durant 18 ans en division inférieure

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