On imagine que depuis quelques jours votre téléphone n’arrête pas de sonner, managers ou présidents de club vous contactent ?
Effectivement, mon téléphone sonne plus que d’habitude. Le rythme est devenu plus soutenu. Des fois, je suis obligé de le mettre en silencieux, autrement je passerai la journée à parler au téléphone.
Les offres pleuvent donc ?
Pas autant que ça. Ce sont plutôt des journalistes qui viennent aux nouvelles. La plupart veulent rabâcher les anciennes histoires dont je ne veux plus en parler.
Comme cette histoire de suspension...
Entre autre. C’est du passé pour moi. On a pris des mesures à mon encontre, ce qui est fait et fait ça ne sert à rien de revenir dessus. Tout le monde connaît l’histoire et que chacun fasse sa propre opinion sur cette affaire. Moi, j’ai tourné cette page et celle de l’EN, je ne veux pas en parler, je veux laisser l’équipe se préparer en toute sérénité et lui souhaiter beaucoup de succès au Mondial.
Revenons à votre téléphone. Il ne vous a rien ramené comme bonnes nouvelles…
Si, quand même, il y a des appels intéressants…
Des propositions…
Oui, des agents m’ont demandé de travailler avec eux, je leur ai dit que je vais coopérer dans le cas où ils arriveraient à me trouver ce que je veux. De ma vie, je n’ai jamais fonctionné avec les agents.
Que vous ont-ils proposé alors ?
Rien de concret. Des généralités, genre je vais te placer dans tel ou tel club ou des dirigeants qui m’appellent pour me dire que je fais partie d’une liste. Moi, je suis ouvert aux négociations et je ne le ferai que quand c’est sérieux
Et ça vous donne envie de reprendre du terrain…
D’abord, ça m’honore en sachant que ma cote est restée intacte après une année d’absence. Il y a des gens qui sont reconnaissants envers l’homme que je suis ou le technicien et cela me fait beaucoup plaisir et me donne, comme vous le dites, l’envie de reprendre du terrain.
On parle de vous au CRB, au NAHD, au MCA et pas mal d’autres clubs, comment allez-vous trancher pour telle ou telle formation ?
D’abord, je tiens à dire au monde du foot que je suis très enthousiaste à reprendre du terrain. Ça me manque vraiment, mais je ne vais pas dire au premier venu. J’ai mes exigences et mes conditions, si je ne trouve pas mon compte, je ne vais pas prendre.
Financièrement, vous êtes-vous fixé une fourchette pour accepter une offre ?
Absolument pas. Je ne travaille pas pour de l’argent ou du moins pas uniquement pour ça. Moi, ce qui m’intéresse, c’est un vrai projet. Je suis partant pour quelque chose de solide. Pour un vrai projet, mais ça m’étonnerait que je trouve ce que je veux.
Ah bon !
Mis à part un ou deux clubs, aucun autre n’est en mesure d’offrir les moyens pour travailler à l’aise. Quand j’entends des entraîneurs ou des joueurs qui n’ont pas été payés depuis 5, 6, voire 7 mois, je reste pessimiste. Nos clubs sont gérés au jour le jour, presque à l’aveuglette. C’est ce qui fait mal à notre football.
Le professionnalisme n’a pas encore donné ses fruits…
Je pense qu’on a placé la charrue avant les bœufs. Les clubs n’étaient pas suffisamment préparés pour aller dans ce chemin. Il fallait à mon avis procéder par étape. Aller vers le non-amateurisme en premier lieu, préparer les dirigeants à leurs nouvelles fonctions, leur apprendre ce que c’est que le professionnalisme et lancer ce grand chantier. Ensuite, il fallait que l’Etat assiste les clubs dans cette voie. Il fallait les doter d’infrastructures et de centres de formation quitte à ce qu’il les construise et les mettre aux services des clubs.
Il était prévu que nos clubs aient des assiettes de terrain pour construire leur centre de formation…
Mais ce n’est pas encore fait. C’est important cet outil. Il faut faire comme dans les pays du Golf où l’Etat a mis les moyens à la disposition des clubs et on voit à présent l’évolution que ces derniers ont connue. Il est impératif que l’Etat vienne en aide aux clubs.
Mais il y aussi la démission des anciens joueurs et dirigeants qui ont laissé place aux arrivistes dans le monde du foot…
Oui, mais ont-ils réellement le choix ?
Au RCA, les dirigeants et entraîneur sont d’anciens joueurs et ils ont fait du bon boulot…
Je reconnais qu’Amani a fait du grand travail au RCA. Avec Cherif El-Ouazzani, il a trouvé le complice idéal pour réussir son projet, mais ça reste insuffisant si les moyens financiers ne suivent pas. Djamel et Cherif ne font que freiner les problèmes. Je le dis et je le redis, il est impératif que l’Etat vienne au secours des clubs.
Si un club vous propose un projet similaire à celui du RCA, êtes-vous partant ?
Oui. Si on me laisse travailler tranquillement et que j’ai les outils pour le faire, oui, je suis partant. Je veux juste avoir affaire à des gens honnêtes qui croient en ce qu’ils font.
Même si cela vous conduit en L2…
Je n’ai aucun problème ni aucun complexe vis-à-vis de cela. Moi je m’inscris dans la durée. Mon rêve a toujours été de former. Si on m’offre cette possibilité, je suis prêt à travailler même si cela se fera au détriment de mes indemnités.
Vous avez passé une année à observer la scène footballistique, quel est votre constat à présent ?
Effectivement, cela m’a permis d’avoir du recul et de mieux voir certaines choses qui se sont produites et, ma foi, je suis sorti avec la conclusion qu’on va de mal en pis. C’est ce qui me laisse encore hésitant à revenir.
Pas sûr de vous revoir dans un club ?
Non, je dis que j’hésite à revenir, maintenant, s’il y a un projet sérieux, une équipe dirigeante qui sait ce qu’elle veut, je suis partant. Le bricolage ne m’intéresse plus.
En toute clarté, quel est le club idéal que vous voulez entraîner ?
En Algérie, tous les clubs sont bons à prendre, mais ils sont victimes de cette impécuniosité qui les freine dans leur évolution. C’est une question de moyens, d’infrastructures et de dirigeants dignes de ce nom qu’il faut régler pour que notre foot avance comme c’est le cas dans les pays du Golf.
Vous parlez beaucoup des pays du Golf..
Ce qu’ils ont fait est bon, à mon avis.
Ça vous tente d’aller travailler là-bas…
Beaucoup même. Je suis vraiment tenté par une expérience dans ces pays. C’est tentant. Cela vous permet d’exercer votre métier en toute quiétude.
Des offres…
Non, pas d’une manière officielle. Des touches pas plus jusqu'à l’heure.
La JSMB en L2 et Tiab déclare forfait et décide de ne plus diriger ce club, son club. Un mot peut-être…
C’est un pont d’histoire qui me relie à la JSMB et aux Tiab. Ce club fait partie de mon vécu et ce qui lui arrive me peine. J’ai une pensée pour les Tiab, Boualem et Zahir, qui ont beaucoup donné pour leur club. Malheureusement pour eux, ils étaient mal entourés. Boualem aurait pu mettre en place une équipe digne de confiance pour diriger la JSMB.
H. B.
Bio express
Que ce soit en club ou en sélection, Djamel Menad a tout gagné. Avec le fameux Jumbo-Jet, il a tout pris, du championnat national, qu’il a remporté à cinq reprises, aux coupes d’Algérie également, mais aussi avec le CRB en 78, et aux titres africains comme la coupe des champions, obtenue en 1981 et la coupe des coupes arrachée en 1995 avec la JSK. Son meilleur sacre reste tout de même cette CAN, qu’il a remportée avec l’EN en 1990, avec, en sus, le titre de meilleur buteur de la compétition. Menad, ce natif du 22 juillet1960, a également eu une carrière d’entraîneur très bien entamée à l’USMA en 2005 et parfaitement soignée notamment à la JSMB, puis au CRB et au MCA. Avec ces deux clubs algérois, il était à deux doigts de remporter ses premiers titres en tant qu’entraîneur. Avec le Chabab, il terminera sur le podium en championnat et ratera la finale de la coupe. Une finale qu’il perdra l’année d’après avec le MCA et, pire, par la faute des dirigeants de ce club, il payera l’entêtement de la direction qui avait décidé que l’équipe boycotte la cérémonie de remise des trophées.
Le formateur a soif de terrains
L’année qu’il vient de passer loin des terrains a renforcé les convictions de Djamel Menad, que seul le vrai travail paye et que le bricolage finit toujours par perdre. Le club qui le recrutera aura affaire à un Djamel Menad tout neuf et qui ne demande qu’à travailler et mettre ses envies en place. Il va le faire, mais pas à n’importe quel prix. L’homme reste fidèle à ses principes, il ne se laisse pas faire et aime travailler dans la quiétude. Ce n’est pas l’argent qui le fait courir, c’est l’amour du foot qui l’attire le plus et avec lequel il veut contribuer à sa manière à former une autre génération de bons footballeurs, car le pays n’a jamais manqué de talents. Ces derniers avaient juste besoin d’être encadrés et Djamel se montre disponible à qui veut l’entendre.