Quelques heures donc après Marc Wilmots, qui a choisi de venir accompagné de son meilleur défenseur, à savoir Vincent Kompany, Vahid s’est présenté seul pour affronter une série de questions, la plupart concernant la partie, mais cela ne l’a pas empêché d’évoquer son long travail à la tête de l’EN.
Au sujet de son inexpérience, vu que le coach s’apprête a prendre part à son premier Mondial en tant que coach, Vahid rappelle qu’il a déjà fait partie du groupe bosnien en 1982, sans oublier ce qui lui est arrivé avec la Côte d’Ivoire et son éviction à la veille du rendez-vous, des points qui le poussent à se surpasser pour réussir sa coupe : «J’ai déjà fait cette coupe en tant que joueur et même en tant que coach, mais Gbagbo n’était pas d’accord…je n’ai aucune pression personnellement, j’ai envie d’être acteur, si on doit mourir, on meurt avec honneur, mais je sais que c’est 40 millions de sélectionneurs algériens qui attendent actuellement beaucoup de moi, c’est une responsabilité, c’est pour ça que j’ai voulu inculquer la rage de vaincre et l’envie aux joueurs»
«Ne pas laisser de place aux regrets»
A la question de savoir dans quel état d’esprit il abordait le match d’aujourd’hui, le coach a rétorqué : «L’Algérie est venue là, elle est jeune et cherche l’exploit, les joueurs n ont pas de pression on n’a rien à perdre pour gagner, c’est dans ce sens qu’on s’est préparés, mais en Coupe du monde, il fait tout donner pour ne pas avoir de regrets.»
S.M.A
Il lave son linge sale en public et déclare :
«Il est temps de récolter les fruits de 3 ans de travail»
Vahid Halilhodzic a profité de la présence de la presse internationale hier au stade Mineirao pour évoquer ses relations difficiles avec les journalistes algériens en relatant l’histoire des insultes envers sa famille, chose qui n’a pas été du goût des représentants de la presse nationale sur place, d’autant que le sujet a été déjà débattu à Sidi Moussa et qu’il n’était pas nécessaire d’en rajouter une couche.
Le coach a profité pour rappeler qu’il est en même temps soutenu par l’Etat algérien et a émis le souhait d’atteindre enfin un match référence pour faire oublier celui de 1982 contre l’Allemagne : «Je reçois beaucoup de messages, du président de la République, du Premier ministre et du ministre des Sports, qui est venu ici, on parle beaucoup de 1982 et mon souhait, est de laisser un match qui fera parler de moi encore. Hier, je discutais avec des responsables en leur disant qu’il était temps de récolter le travail de 3 ans.»
S.M.A
Vahid et la langue kabyle
Pour la première fois depuis sa venue en sélection, Vahid a évoqué la langue kabyle. Quand on lui a posé la question par rapport à la langue française qui sera le point commun entre les joueurs de l’EN et ceux des Diables, il a rappelé que ses joueurs peuvent aussi s’exprimer en arabe, et même en kabyle : «Ils peuvent même parler kabyle, d’ailleurs durant le stage je les entend s’exprimer dans cette langue, moi déjà je commence à apprendre quelques mots», a-t-il dit avec humour.
S.M.A
Il en a gros sur le cœur, mais évite de polémiquer
«Les erreurs d’arbitrage ? Il faut faire avec»
La mésaventure vécue par Vahid au Burkina Faso ou même en Afrique du Sud avec les arbitres et qui lui ont coûté cher ne sont pas oubliées.
Le coach y est revenu hier avec une certaine retenue, devant les représentants de la FIFA que le Bosniaque n’a pas voulu contrarier, il reconnaît néanmoins qu’il a des choses à dire, histoire de mettre la pression à quelques heures de son premier match en Coupe du monde contre la Belgique. «J’ai déjà critiqué les arbitres, le monsieur là à côté de moi (NDLR, El-Hadi Hamel, commissaire FIFA des medias) m’en a fait le reproche, mais je n’ai pas accepté que mon travail de 3 ans tombe sur une décision d’un arbitre. Qui est derrière ça ? Je ne sais pas, je garde ça pour moi, avec des expulsions, parfois des cartons gratuits, ou même des buts refusés, c’’est difficile de comprendre mais il faut faire avec, je n’accepte pas ça, je n’oublierai jamais le match contre le Burkina Faso, j’ai dit ça, car ce n’était pas normal, je suis libre, je peux parler, mais je ne le ferai pas.»
S. M. A.
Le coach évoque la Belgique avec une touche d’optimisme
«Ils sont favoris, mais les favoris ne gagnent pas toujours»
«On tient notre plan anti-Belges»
Après plusieurs jours de préparation, Vahid a, semble-t-il, laissé la pression de côté et la prudence, puisqu’hier c’est un coach serein et qui a même affiché son optimisme qu’on a retrouvé en conférence de presse.
Le Bosniaque rappelle que la Belgique est un groupe de joueurs talentueux, il ne faut donc pas se focaliser sur Hazard, comme l’a déclaré la veille Kourichi à Sorocaba. «On a préparé une stratégie anti-Belges et pas seulement Hazard, chaque joueur apportera sa contribution, un joueur comme Mertens, il est irrégulier mais peut jouer le rôle d’Hazard, il ne faut donc pas se laisser avoir, il y a aussi des stratégies en parallèle pour bloquer Lukaku, Fellaini, De Bryuine, que j’aime bien, car il est généreux comme Di Maria du Real, il y a aussi Miralas ou Chadli, ainsi que le petit Kosovar anglais-bosniaque-belge (NDLR : Januzaj) lui aussi est dangereux, autrement dit, j’ai un plan anti-Belges sportivement bien sûr à ne pas confondre avec autre chose.»
«J’ai vu leurs faiblesses en amical»
«La Belgique est la favorite, mais le favori ne gagne pas toujours.
Est-ce qu’on va gagner ? On verra ça demain, cette équipe possède des joueurs d’exception, c’est la meilleure d’après eux de toute l’histoire du football belge.» Et d’ajouter : «Ils ont l’un des meilleurs gardiens d’Europe, il est tellement sûr, mais au même moment, je sais que la Belgique possède certaines faiblesses, notamment sur les matches amicaux qu’ils ont joués, mais même le Brésil et l’Espagne j’ai vu leurs faiblesses, mais est-ce que on a les qualités pour en profiter ? Ça, c’est autre chose.»
«Ils se trompent s’ils s’attendent à une victoire facile»
Wilmots paraissait confiant plus tôt dans la journée, Vahid a contre-attaqué : «Les gens s’attendent à une victoire facile, je ne suis pas d’accord.» Et d’ajouter : «On connaît les joueurs Belges, j’attends beaucoup de ce match, c’est pour ça on a travaillé beaucoup de petits détails. Depuis 3 mois, on a préparé des vidéos individuelles et collectives, Wilmots a fait de même. Qu’est-ce qu’il a fait ? Je ne sais pas, mais pour lui c’est plus difficile, son équipe est là depuis 3 à 4 ans. Quand Hazard, ne joue pas, je sais qui va le remplacer et Lukaku aussi, avec différentes organisations, j’ai bien décortiqué leur jeu, je connais leurs points forts et ils ont quelques faiblesses, il va falloir en profiter.»
«On a plus d’expérience, mais leurs joueurs jouent la C1»
L’expérience d’avoir déjà joué un Mondial a son importance, mais Vahid pense que les matches de la Ligue des champions aussi : «On a déjà 3 à 4 éléments qui ont fait le Mondial, mais les Belges jouent la C1, un Hazard, un Lukaku, un Kompany ou un Van Buyten n’ont pas l’expérience du Mondial, mais ils ont celle de la Ligue des champions.»
S. M. A.
Vahid parle foot et confirme partiellement ses hésitations
«J’ai dû effectuer des changements en défense»
Le foot avant tout c’est des tactiques de jeu et un travail sur le terrain. Vahid a beaucoup évoqué ce volet hier, il a reconnu qu’il y avait des problèmes en défense qu’il a pu remarquer après les matches amicaux disputés en Suisse. «On a vu certaines choses dans les matches amicaux, on ne rentre pas dans les détails, mais depuis, on y a travaillé sans arrêt pour les améliorer, j’ai changé surtout derrière, j’ai eu beaucoup de problèmes et quelques manques d’organisation dans le compartiment défensif, on a essayé d’effacer certaines défaillances, c’est difficile.»
«J’ai 2 équipes qui proposent un foot attractif»
On sait que le coach a longtemps hésité pour le poste de défenseur central, ainsi que pour celui d’ailier gauche, mais il n’a pas voulu les évoquer hier même s’il a donné des signes d’avoir opéré quelques remaniements. «Dans le foot, on peut prendre une équipe, et le lendemain dire : joker, je change, il y avait plusieurs postes en balance mais après ça, plusieurs facteurs entraient en jeu, dont l’expérience, la forme, à droite à gauche, etc.
Il y a des joueurs qui ont retrouvé leur forme, maintenant on a 2 équipes complètement différentes et elles ont proposé un football assez attractif, j’ai vu des défaillances, mais après les matches en Suisse, j’ai basé le travail sur les phases tactiques, offensives et défensives, balles arrêtées, etc. J’ai pris le groupe collectivement et individuellement pour étudier cette équipe de la Belgique.»
«Les Brésiliens aiment le spectacle, on fera tout pour gagner leur sympathie»
Vahid a, semble-t-il, un autre but en tête à travers son Mondial. En plus des buts qu’il veut atteindre avec son équipe, il veut montrer un bon visage et impressionner la planète du foot et le pays du foot. «Il nous faut 3 exploits, depuis mon arrivée c’est presque 2 buts par match, je sais que les Brésiliens aiment le spectacle, on va faire tout pour gagner leur sympathie.»
«Des entraîneurs comme moi, il n’y en a pas beaucoup !»
En évoquant d’éventuelles surprises dans le onze, Vahid ne donne rien. Fidele à sa réputation, il préfère ne rien dévoiler, il n’oublie pas de rappeler et surtout de se féliciter d’avoir toujours pu tromper la presse. «La presse se trompe souvent. Quand on joue un match comme ça, il y a des détails, des milliers, le jeu en profondeur, en largeur, etc. C’est facile de comprendre et très difficile à appliquer, j’ai eu plusieurs réunions de travail, je ne pense pas qu’il y est des entraîneurs qui font ça, même ici au Mondial, étant donné que je reçois des échos de leur méthode de travail, en somme, les surpriseq ? Je ne sais pas, vous verrez au début de la partie.»
«On est prêts pour le Mondial»
Comme conclusion, Vahid pense que son équipe est prête pour le Mondial. «Mes joueurs savent ce qu’on attend d’eux pour demain, l’équipe d’Algérie est prête pour la Coupe du monde, il y a des faiblesses qui m’ont agacé, mais je suis conscient qu’on peut faire un bon match, car contre la Roumanie on a montré qu’on pouvait être disciplinés défensivement et offensivement», a-t-il conclu.
S. M. A.
Il explique le choix de Halliche sans citer son nom
«L’expérience et le retour de certains joueurs à leur forme ont influencé mes choix»
Halliche et Mahrez seraient donc les deux changements que Vahid a décidés d’opérer, il n’a pas voulu évoquer les hésitations qu’il avait dans ces postes, mais à travers un passage il a insinué sur les raisons qui l’ont poussé à choisir Halliche au lieu de Cadamuro, l’expérience de l’enfant de Bach Djerrah de 2010 aurait pesé dans la balance en plus de son retour en force dans les ultimes moments de la préparation. «L’expérience et le retour de certains joueurs à leur forme ont influencé mes choix», a-t-il dit.
S. M. A.