Guendouz : «Cette génération peut aussi battre l’Allemagne»

Connu pour son franc-parler, l’ancien défenseur des Verts avoue qu’il est fier de la génération actuelle. S’exprimant sans aucun calcul, il affirme que l’équipe nationale est en mesure de battre l’Allemagne, l’un des favoris pour ce Mondial. Tout en disant qu’il y a un problème au niveau de l’axe, Guendouz pense que le rêve est permis à quelques jours de la rencontre face à la sélection allemande.

L’équipe nationale d’Algérie a arraché une qualification historique pour les 1/8 de finale en Coupe du monde, que pensez-vous de cette réalisation ?

C’est un pari réussi pour notre sélection. Le rêve s’est concrétisé enfin après 32 ans d’attente. Il y avait de la volonté de la part des joueurs pour réussir quelque chose en cette Coupe du monde. Ils ont réussi leur mission et je leur tire chapeau. C’est la qualification de tout un peuple. Je pense que tout le monde a contribué à cette qualification à commencer par les supporters, les autorités, le président de la FAF, l’entraîneur et les joueurs.

Vous êtes l’un des représentants de la génération de 82 qui a écrit en lettres d’or l’histoire du football algérien, comment avez-vous vécu cette qualification ?

A l’instar de tous les Algériens, je suis très content de cette qualification. Je profite de l’occasion pour dénoncer les propos d’un commentateur sur une chaîne de télévision qui n’a pas trouvé mieux que de dire après la qualification au deuxième tour, que la génération actuelle a détruit tout ce qu’a fait la génération de 82. Notre génération a marqué l’histoire et celle de 2014 va écrire une autre page dans l’histoire du football algérien. J’espère que cette qualification pour les 1/8 de finale sera le catalyseur pour notre football. C’est le moment ou jamais pour que le MJS et la FAF tirent vers le haut notre football. Ils doivent faire appel à toutes les compétences pour que notre championnat aille de l’avant.  Avec tous les moyens dont nous disposons, on peut faire mieux.

En disant les choses telles qu’elles sont vous vous êtes fait beaucoup d’ennemis, mais vous avez toujours défendu votre avis…

Moi, je ne caresse pas dans le sens du poil. Je ne suis pas un «chiat». Lorsque je constate qu’il y a des imperfections, je le dis sans faire de calcul. Raouraoua est derrière cette réussite, je ne le dis pas pour plaire à X ou Y, mais je le dis par conviction. Il a beaucoup donné pour le football algérien. Quand les médias me sollicitaient, je leur disais ce que je pense même après une victoire. Un succès ne devait pas être l’arbre qui cache la forêt. Face à la Russie, les joueurs ont mouillé leurs maillots et ils se sont donnés à fond sur le terrain. Cela m’a fait énormément plaisir, mais je déplore le geste de Cadamuro. Ce qu’il a fait ne fait pas partie de nos mœurs. D’ailleurs, il a pris bêtement un carton.

Que pensez-vous de Vahid Halilhodzic ?

Quoi qu’on dise de lui, il a réussi à qualifier l’équipe au deuxième tour. Vous savez, après la défaite concédée lors du premier match face à la Belgique, je suis intervenu sur une chaîne de télévision pour dire d’arrêter de critiquer Vahid. Aujourd’hui, il est au deuxième tour.

Vous êtes fier de cette génération, n’est-ce pas ?

Bien sûr, à l’instar de tous les Algériens, ce qui compte pour moi est qu’un joueur se donne à fond et mouille son maillot. Même dans la vie quotidienne, on n’aime pas quelqu’un qui triche dans son travail. Face à la Russie, nos joueurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour réaliser cet exploit et ils l’ont réussi. Ça fait plaisir, mais on ne doit pas dire qu’on est arrivés, car il ne faut pas se voiler la face, l’écrasante majorité des joueurs a été formée à l’étranger. Il est temps qu’on élève le niveau de notre championnat.

Des joueurs comme Slimani et Djabou ont été formés en Algérie…

Djabou n’a été convoqué en équipe qu’après son départ en Tunisie, alors qu’il avait joué 5 ou 6 ans en première division en Algérie, mais il n’a jamais été convoqué, cela veut dire qu’il n’avait pas le niveau. Tout ce que je souhaite est que le MJS et la FAF prennent les décisions qui s’imposent pour tirer vers le haut notre championnat.  

Ne pensez-vous pas que malgré la qualification aux 1/8 de finale, l’axe central de l’équipe nationale est fébrile ?

Effectivement, il y a un grand problème au niveau de l’axe central. Heureusement que Mbolhi est au meilleur de son niveau. On ne peut pas régler ce problème en un laps de temps réduit, mais je pense qu’avec la solidarité qui existe dans le groupe, les Verts vont le surmonter.

Le sélectionneur national a surpris plus d’un en laissant le capitaine Bougherra sur le banc face à la Russie…

Bougherra a commis beaucoup d’erreurs même dans les matches des éliminatoires.

Vous attendiez-vous à ce que Mbolhi affiche cette forme au Mondial, alors que certains avaient reproché à Vahid Halilhodzic d’avoir convoqué un gardien en manque de compétition ?

Sincèrement, je ne m’attendais pas à ce que Mbolhi affiche une telle forme. Il a réalisé plusieurs arrêts et il a beaucoup contribué à cette qualification.

Quels sont les joueurs qui vous ont impressionné jusqu’à maintenant ?

Il y a le gardien Mbolhi, Feghouli, Brahimi, Djabou et Slimani.

En parlant de Slimani, il a eu la chance comme vous. Vous aviez débuté le football à l’âge de 24 ans, alors que lui, il portait le maillot de la JSM Cheraga en 2010 avant de faire parler de lui en 2014 au Brésil…

Le facteur chance existe. Slimani est très efficace. Il a réussi à marquer deux buts et j’espère qu’il en marquera d’autres.

Les Verts affronteront l’Allemagne aux 1/8 de finale, croyez-vous au miracle ?

Pourquoi pas ! Le football n’est pas une science exacte. On doit croire en nos chances, car sur un seul match tout peut arriver.

Le rêve est permis alors…

Bien sûr, ce ne sera pas un match facile, mais notre équipe nationale est capable de passer aux ¼ de finale.

En 82, vous aviez battu la grande équipe de l’Allemagne, dites-nous en toute sincérité croyez-vous à la victoire avant le match ?

On était conscients de nos qualités et de notre niveau. On avait joué pour la gagne et notre solidarité nous avait permis de prendre le dessus sur l’Allemagne.

Que pensez-vous de l’équipe d’Allemagne ?

C’est une bonne équipe qui a une bonne stratégie de jeu. La mission de notre équipe nationale ne sera pas facile, mais rien n’est impossible surtout en football.

Quel conseil donnez-vous aux joueurs avant le match contre l’Allemagne ?

Tout d’abord, je pense que nos joueurs sont libérés. Leur objectif l’ont atteint en arrachant le billet qualificatif pour le deuxième tour. Ils doivent éviter d’encaisser pour espérer passer l’écueil des Allemands. Ils doivent aussi être solidaires sur le terrain. Je leur dirai que c’est maintenant ou jamais. Ils peuvent aller aux ¼ de finale.

Quel est votre favori pour cette Coupe du monde ?

Je pense que la coupe restera en Amérique. Le climat arrange les équipes d’Amérique et cela peut jouer un rôle déterminant dans cette coupe.

N. Boumali

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