EN : Belloumi-Madjer, souvenirs, souvenirs

«Allez les Fennecs… On est tous avec vous.» Depuis deux jours, ce slogan est sur les lèvres de tous les Algériens, certains en ayant même fait leur sonnerie de portable. Il a même contaminé l'ancienne star Lakhdar Belloumi, qui a vu la sélection actuelle entrer dans l'histoire en atteignant les huitièmes de finale de la Coupe du monde Brésil 2014. «Ils ont fait honneur à l'Algérie et au monde arabe avec cet exploit», estime l'ancien meneur des Verts au micro de FIFA.com. «Cette équipe a démontré que le football algérien possède de nombreux talents et des joueurs exceptionnels.»

 

Un sentiment partagé par son ancien coéquipier Rabah Madjer, l'une des plus grandes stars du football algérien. «L'équipe réalise un beau parcours jusqu'à maintenant. Les joueurs ont un beau potentiel. La plupart d'entre eux évoluent à l'étranger, ce qui a un impact positif sur les résultats», juge-t-il.

Intelligence et détermination

Belloumi n'avait que 23 ans et Madjer 24 lorsqu’ils ont foulé la pelouse du stade El Molinon de Gijon, pour leur entrée en lice à Espagne 1982, face à l'Allemagne de l’Ouest. A priori, il ne devait pas y avoir photo entre les doubles champions du monde et champions d'Europe en titre, et des Algériens néophytes dans l'épreuve. Malgré tout, les joueurs de Rachid Mekhloufi ont tenu bon toute la première mi-temps, avant que Madjer ne donne l'avantage à son pays à la 54e minute. Karl-Heinz Rummenigge a réussi à égaliser, mais Belloumi a inscrit le but d’une victoire historique. «Nous étions un peu effrayés de jouer contre cette grande équipe, qui était double championne du monde et possédait de nombreuses stars», se souvient Madjer. «Mais après le premier quart d'heure, la peur a laissé place à la confiance. Nous avons joué avec sérénité, intelligence et détermination.» «Nous sommes entrés dans l'histoire du football algérien dès notre première participation», ajoute Belloumi. «C'était un match difficile, car l'école allemande est connue pour sa puissance, mais nous avons réussi une performance inoubliable grâce à notre combativité.» Buteur à 34 reprises sous le maillot de la sélection algérienne, il se rappelle le but de la victoire comme si c’était hier. «Dix passes rapides, puis j'ai mis la balle au fond», raconte-t-il, sourire aux lèvres. «Nous avons réussi à inscrire ce but juste après l'égalisation. J'étais très content d'avoir mis un but à Schumacher, qui était l’un des plus grands gardiens du monde à l'époque.»

Une génération dorée

Selon Madjer, la victoire aurait même pu être plus large : «J'ai failli marquer un deuxième but, mais le ballon a frôlé le poteau», regrette-t-il. «C'est un grand honneur pour moi d'être l'auteur du premier but de l'Algérie en Coupe du monde, face à une équipe comme l'Allemagne.»

Avant Brésil 2014, l'Algérie n'était jamais parvenue à atteindre le second tour en trois participations. Le nul 1:1 face à la Russie a offert aux joueurs de Vahid Halilhodzic le point qu'il leur manquait pour atteindre les huitièmes de finale, provoquant des scènes de liesse dans toute l'Algérie. «Ils sont entrés dans l'histoire comme nous en 1982. Cette nouvelle génération dorée de 2014 est parvenue à se qualifier et les noms des joueurs resteront dans les mémoires», assure Belloumi.

Le destin a voulu que l'Algérie affronte l'Allemagne en huitième, pour un remake du duel de 1982. Madjer se frotte les mains dans l’optique de ces retrouvailles, qui auront lieu le 30 juin au stade Beira-Rio de Porto Alegre. «Ce match va faire renaître des souvenirs», prévoit l'ancien attaquant du FC Porto. «Avec mes partenaires de 1982, nous pourrions les battre à nouveau !» Madjer, qui a également participé à Mexique 1986, se montre confiant quant à la capacité des joueurs actuels à créer une nouvelle surprise : «Pourquoi pas ? Notre victoire est une source de motivation pour nos joueurs, qui sont déjà très déterminés», estime-t-il. «L'Allemagne est forte, mais en même temps, la logique et le football ne font pas bon ménage.»Belloumi ne peut que confirmer. «La sélection allemande actuelle possède de grands noms, mais la détermination de notre équipe est forte», martèle l’ancien meneur de jeu des Fennecs. «Ils doivent être à la hauteur de cette responsabilité, comme ils nous y ont habitués jusqu'à présent.»

 

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