Rabier : «Avec Gourcuff, j’ai gagné la Gambardella»

Jean-Paul Rabier, l’ancien entraîneur du MCA, a joué avec Christian Gourcuff, le sélectionneur de l’équipe d’Algérie. Il livre à Compétition quelques souvenirs que les deux compères ont partagé durant leur jeunesse.

Vous avez joué avec Christian Gourcuff, pouvez-vous nous en parler ?

Cela fait quand même un bout de temps que je n’ai pas revu Christian. Ensemble, sous le maillot du Stade Rennais, on a gagné la Coupe Gambardella contre l’AS Brest, en 1973. Lui jouait milieu offensif et moi milieu défensif. Le match s’est terminé sur le score de 1 à 1 et on l’a emporté aux tirs au but. C’était un beau derby breton joué en plus à Quimper, en Bretagne, et qui avait réuni 10 000 spectateurs. Une assistance très appréciable pour des juniors de l’époque. On était de jeunes joueurs, on logeait dans un foyer, je me souviens que Christian occupait la chambre à côté de la mienne.

Vous étiez proches, donc ?

On était logés au même étage, pas loin du stade qu’on rejoignait le soir pour l’entraînement. Chacun avait ses activités en termes d’école. Il était en train de passer ses diplômes pour être prof de maths, si mes souvenirs sont bons. On se connaît très bien. Mais je ne l’ai pas revu depuis quatre ans, environ.

Que pouvez-vous nous dire de Gourcuff l’entraîneur ?

Il a fait ses preuves, il a pris en main l’équipe de Lorient et l’a faite énormément progresser. Il a ses conceptions qui, quand il était jeune, étaient plus prononcées. Au fil du temps, elles ont naturellement évolué. On change par rapport aux aspirations initiales, c’est la vie qui veut ça. Christian a une philosophie du football que j’apprécie, c’est clair.

Deux matches et déjà deux victoires avec l’Algérie, c’est bien parti ?

Oui, ça prouve qu’il a su s’adapter très rapidement à l’extérieur du pays. C’est la deuxième fois qu’il exerce son métier hors de la France. La première fois, c’était au Qatar, d’ailleurs c’est là-bas qu’on s’était vus la dernière fois. Il m’avait dit que si un jour on l’appelait de l’étranger, il repartirait volontiers pour une nouvelle aventure. C’est ce qu’il a fait avec l’Algérie, sauf que c’est la première fois qu’il prend une sélection nationale. Christian a un bagage bien au-dessus de la moyenne, il s’est installé de façon très intelligente au niveau de l’équipe d’Algérie. Cela ne me surprend pas car il a aussi hérité d’une équipe qui a beaucoup de qualités.

L’équipe d’Algérie vous a séduit ?

Elle a quand même montré au Brésil qu’elle sera une très belle équipe dans un futur proche.

On décrit souvent Christian Gourcuff comme un gars timide, soit l’opposé de Vahid Halilhodzic…

Ben, oui, chacun a sa personnalité. Vahid est plus quelqu’un qui a bourlingué. Il a dû quitter la Yougoslavie, chacun connaît son parcours d’homme. Il a dû se battre pour se faire un nom. Il a été un très grand avant-centre. En tant que footballeur, Christian n’a pas eu le même parcours que Vahid, mais grâce à ses études poussées, il a su s’adapter rapidement au football dont il était un passionné. Christian avait un seul et unique objectif : les études d’abord ! il y remarquablement réussi, ensuite il est passé au football. Dès l’âge de 18 ans, il s’était fixé un plan de carrière.

Une anecdote sur Gourcuff ?

J’en ai une qui le fera peut-être sourire. Quand il revenait de l’école, il faisait ses devoirs en vitesse, parce que c’était extrêmement facile pour lui, l’intellectuel. Après, il descendait sur le petit terrain de basket, en contrebas, et avec son ballon, il jonglait, il jonglait, pendant des heures !

Donnez-nous un peu de vos nouvelles ?

Depuis mon dernier passage au Mouloudia, je n’ai repris aucun club. Après le MCA, je suis donc revenu en France où je me suis attardé sur mes activités personnelles. Maintenant j’en ai fini, le foot. me démange un peu. Si une opportunité se présente, pourquoi pas !

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