Le moins que l’on puisse dire, c’est que personne ne s’attendait à voir Rafik Djebbour signer à Chypre à l’intersaison. Très discret depuis quelques mois, et à l’occasion du grand match de Ligue des champions ce soir de son équipe l’APOEL Nicosie qui recevra le PSG, l’ancien buteur de l’Olympiakos a bien voulu répondre à nos interrogations : le choix de Chypre, sa forme, ses ambitions quant à un retour en EN. Entretien.

Une défaite face au FC Barcelone et un nul contre l’AJAX d’Amsterdam, l’objectif demain (NDLR : entretien réalisé hier après-midi) c’est de gagner face au PSG chez vous à domicile, n’est-ce pas ?

On va essayer de rester bien en place dans notre organisation et sereins dans notre jeu en tentant encore une fois de donner une belle image de notre équipe,  l’APOEL Nicosie, en l’occurrence.  Il faut savoir qu’à chaque fois on n’était pas loin de réaliser un exploit que ce soit à Barcelone (défaite 1 à  0) ou contre l’AJAX avec ce résulta nul (un but partout). On veut rester soudés avec une très bonne organisation. Nous avons des joueurs  qui ne sont certes pas de grands noms, mais qui renferment de très bonnes qualités et qui sont surtout animés d’une grande envie.

Comment on prépare ce match face à une équipe du PSG qui a battu le FC Barcelone lors de la précédente journée ?

Et bien le plus normalement du monde. Personnellement, cet univers de la Ligue des champions, je le connais bien au même titre que beaucoup d’autres joueurs de notre équipe qui ont déjà eu à disputer cette compétition. On a tout à fait conscience que le PSG est une grande équipe renfermant des joueurs de qualité avec beaucoup d’argent investi au cours de ces trois dernières années, mais bon ça reste malgré tout une équipe vulnérable puisqu’elle a fait match nul contre l’AJAX d’Amsterdam et en championnat ils ont fait aussi trois contre-performances, donc à nous de jouer notre carte pour assumer notre rang d’une équipe qui joue une Ligue des champions.

C’est quoi l’objectif de votre équipe dans cette Ligue des champions ?

Et bien on vise la troisième place dans ce groupe F. C’est clairement l’objectif affiché.

Et dans le championnat, vu que vous êtes leader…

Franchement on ne sait pas encore, on verra au fur et à mesure des rencontres, car on préfère gérer match par match.

Durant l’intersaison, personne ne vous attendait évoluer à Chypre, donc pourquoi ce choix ?

D’abord, Girgos Donis, un entraîneur grec que je connais bien et qui me fait énormément confiance. Le fait aussi de pouvoir retrouver la compétition européenne avec cette Ligue des champions. Aussi, je parle grec et ça m’aide ici puisque c’est la même langue. Il y a le fait aussi que je connais bien la région. Je dirais que j’ai fait un choix plus basé sur la confiance et sur ce que je connais que de prendre un risque et de partir dans une aventure inconnue.

Vous évoquez les risques, justement la saison dernière vous avez opté pour le club turc de Sivasspor pour ensuite atterrir à Nottingham Forest, une saison ratée, non ?

Ratée ? Non, je ne suis pas tout à fait d’accord car j’ai quand même joué, juste que physiquement je me suis mal préparé et de ce fait je n’ai pas pu répondre sur le terrain de la meilleure des manières. Quand on signe dans un club, il faut une certaine stabilité et il faut être bien préparé, ce qui n’était pas mon cas. Je dirais qu’on n’a pas fait les choses qu’il fallait afin que je sois dans les meilleures conditions.

Sincèrement, regrettez-vous d’avoir quitté la Grèce et l’Olympiakos où vous étiez une véritable star ?

Non, pas du tout, je ne regrette pas. C’est un choix voulu de ma part. Après 8 ans passés en Grèce, je voulais découvrir autre chose. Moi, je ne dirais pas que mon passage en Turquie a été un échec. Après pour ce qui est de l’Angleterre, et sans pour autant polémiquer car ce n’est pas le but aujourd’hui, c’est plutôt l’entraîneur qui ne voulait pas de joueurs francophones dans l’équipe. Donc, je ne regrette pas du tout mes choix. J’estime que j’ai pu découvrir quelque chose de nouveau avec de nouvelles langues et cultures, et sur le plan personnel, c’est vraiment très important pour moi que ce soit dans le football ou dans ma vie de tous les jours.

Vous avez certainement dû suivre les performances des Verts au Brésil, comment avez-vous vécu tout cela ?

J’étais tout simplement fier de cette équipe nationale, une équipe qui a su revenir au premier plan sur la scène mondiale et surtout le niveau qu’elle a pu montrer, notamment lors du huitième de finale face à l’Allemagne en s’inclinant dans les dernières minutes de jeu. Un énorme exploit et quelque chose de très grand. Je ne vous cache pas que j’étais même surpris du niveau qu’on a pu montrer, notamment lors de ce match. Mais comme je viens de le dire, surtout beaucoup de fierté comme tous les Algériens. Maintenant le joueur que je suis, il est clair que j’aurais aimé être dans le groupe et faire partie de cette aventure et jouer ne serait-ce que quelques minutes avec le reste de mes coéquipiers. En tous les cas une chose est sûre, j’ai des amis et des frères qui jouent au sein de cette équipe nationale et j’étais très content pour eux.

Cette équipe nationale a confirmé après le Mondial avec quatre victoires consécutives et un nouveau coach en la qualité de Gourcuff…

Il y a une base qui a été construite au sein de cette équipe en mettant en place un groupe compétitif avec notamment de grands moyens qui ont été mis à la disposition des Verts afin de les mettre dans les meilleures conditions. Du fait qu’il y avait déjà une base, le nouvel entraîneur a trouvé une équipe costaud et prête et lui a apporté sa touche personnelle, une touche qui a fait que l’équipe enchaîne ces quatre victoires durant ces éliminatoires de la CAN 2015.

Vous qui avait joué en France, vous avez certainement dû croiser Christian Gourcuff…

J’avoue qu’on ne s’est pas croisés récemment, mais c’est un entraîneur que  je connais et que je respecte et qui est très respecté aussi avec de belles idées de jeu et une bonne philosophie.

Si vous deviez faire votre bilan de ce début de saison, comment vous le qualifierez ?

Je suis arrivé à l’APOEL Nicosie au mois d’août où les conditions climatiques étaient très difficiles puisque le mercure affichait les 45° avec un taux d’humidité très élevé, c’est pour dire que ce n’était pas facile pour moi de me préparer. Aujourd’hui, le climat est plus agréable. Donc, j’estime que c’est un début léger mais le meilleur de RafikDjebbour est à venir.

Un but marqué lors du dernier match…

Je retrouve des jambes. Certes, je n’ai joué qu’une seule rencontre jusque-là mais je pense qu’après deux ou trois matchs je retrouverai mon niveau et je ferai mal. 

Vous qui n’aviez pas fait la CAN 2012 et la CAN 2013, votre objectif c’est de convaincre le sélectionneur en vue de la CAN 2015 ?

Je ne vous cache pas que je jouerai ma carte à fond en donnant le maximum de moi-même. Aujourd’hui, si l’entraîneur veut compter sur mon expérience et sur mes qualités de joueur tant mieux, mais s’il ne le fait pas tant pis et je jouerai le jeu. Maintenant si on me fait comprendre en équipe nationale qu’on ne veut plus de mes services et qu’on ne comptera pas sur moi à l’avenir, à ce moment-là je prendrai ma décision en temps voulu. Mais pour l’instant, j’ai 30 ans, j’ai des jambes, je joue et je suis toujours en Ligue des champions et je vais montrer de quoi je suis capable. Donc, si l’entraîneur me fait appel je répondrai avec plaisir comme je l’ai toujours fait.  

Ce matin en conférence de presse d’avant-match (NDLR : entretien réalisé hier après-midi) vous avez déclaré que quelque part vous dérangiez en EN parce que vous n’avez jamais été impliqué dans un complot, voulez-vous être un peu plus explicite ?

Par complot j'entends dire ou je voulais principalement parler de la circulation d'idées fausses à mon égard en sélection. Beaucoup de choses fausses ont été dites à mon sujet et je peux vous dire que toutes ces spéculations m'ont portés préjudice. Néanmoins, et malgré tout ce qui a été dit et avec tout ce que j’ai pu endurer, je n'ai jamais voulu y répondre que ce soit verbalement ou par des coups bas. J’ai tout simplement laissé faire.

Vous dites aussi que vous l’avez payé cher, pensez-vous qu’à cause de cela vous avez été évincé de l’EN ?

Non pas à cause de cela, mais je pense sincèrement que cela a affecté mon image.

Vous avez conclu ce matin par cette phrase : « Vaut mieux vivre 10 ans comme un lion que 100 ans comme un mouton », que vouliez-vous dire exactement ?

En fait, c’est tout simple. Les Algériens sont réputés pour être des gens fiers, je suis Algérien avant tout et Je reste malgré tout digne et je ne fais pas défaut à mes valeurs et donc je souhaiterai rester digne et vivre selon ce dicton. Mais en citant ce dicton j’en ai parlé de façon générale et c’est à dissocier avec ce que j’ai dit avant cela et le foot, que ce soit en sélection ou ailleurs.  

Asma H. A.

 

 

 

 

A. H. A.

«Face au PSG, ce soir, on tentera de créer l’exploit»

«Voilà pourquoi j’ai choisi Nicosie»

«Après 2 ou 3 matchs, je ferai mal»

«Je ne regrette pas d’avoir quitté la Grèce»