Merzekane : «Si j’étais arbitre j’expulserai tout le monde»

Il est un des joueurs les plus doués de sa génération, un des footballeurs les plus remarqués des années 80. Chaâbane Merzekane, cet atypique joueur de l’épopée des Verts des années fastes du football algérien est aujourd’hui consultant à la Radio Chaîne III. Observateurs averti, Merzekane porte un regard des plus objectifs sur le championnat algérien. Sans ménagement aucun, il nous livre ses impressions sûr la première phase du championnat qui tire à sa fin.

 

On joue le week-end prochain la dernière journée de la phase aller. Quels sont les enseignements qu’on peut en tirer ?

Beaucoup de choses. Tout d’abord il y a lieu de signaler que lors des quatre, voire cinq ou six dernières saisons, nous étions habitués de voir une ou deux équipes devant, creusant l’écart sur leurs poursuivants, alors que cette années qu’est-ce qu’on constate ? Et bien un regroupement massif dans les toutes premières places et aucune équipe n’est en mesure de faire le trou.

D’habitude, à la fin de la phase aller, on est sûr que ce sera telle ou telle équipe qui va finir la saison devant tout le monde et sera sacrée championne, c’était juste deux tout au plus trois équipes. Là qu’est-ce qu’on voit ? Au jour d’aujourd’hui bien malin celui qui vous donnera le nom du futur champion, tant le peloton reste groupé. Ce que l’on peut remarquer aussi c’est l’avènement du MOB dans le haut du tableau. Une équipe que personne ne donnait à cette position avant l’entame de la saison et voilà qu’elle fait sensation. On voit aussi El Harrach qui, au départ, avait eu quelques ratées à l’allumage et voilà qu’elle caracole tout en haut du classement. Après le départ de Charef et la venue d’Iaïche, d’aucuns pensaient que l’USMH allait avoir du mal à s’en remettre et voilà que l’USMH est leader et est bien parti pour décrocher le titre honorifique de champion d’automne. Il y a lieu de noter aussi le déclin du Mouloudia. Le plus gros budget du championnat national éprouve toutes les peines du monde à suivre le rythme et qui plus est, est éliminé de la coupe. Je parlerai aussi du NAHD qui fait souvent de belles choses en L2 et qui est en difficulté en L1. L’arrivée de Broos n’a pas eu l’effet escompté, il n’a rien apporté. Aït Djoudi avait récolté sept points lors de ses quatre derniers matches, le Belge ne fait pas mieux, vous savez. Mais bon, nous, c’est notre équipe, on est habitués à voir le NAHD comme ça en difficulté.

Sur un autre registre, il y a cette violence qui revient dans nos stades ces dernières semaines. Un commentaire ?

Pour combattre la violence, il nous faut impérativement rénover nos stades. Comme je l’ai toujours dit, il est anormal de venir quatre ou cinq heures avant pour pouvoir assister à un match. Il faut que nos infrastructures soient remises à jour. Ceci n’est certainement pas la panacée, mais c’est un premier pas pour éradiquer la violence. Quand le gars arrive une demi-heure avant le coup d’envoi et a sa place assurée, quand il sait qu’il peut prendre un rafraîchissement ou un café quand il veut, il est zen. Mais s’il est obligé d’être là cinq heures avant le match, sans pouvoir s’alimenter, cela fait monter un peu la tension chez lui. Il nous faut aussi interdire l’accès aux jeunes non accompagnés. Pourquoi n’ouvre-t-on pas des tribunes spéciales pour jeunes accompagnés de leurs parents comme cela se fait au Canada par exemple ? Il y a des solutions, il faut juste les appliquer. Vous pensez que le huis clos est une solution ? Pas moi.

On a trop parlé d’arbitrage ces dernières journées et des mauvaises prestations de certains arbitres. Qu’est-ce que vous dites à ce sujet ?

Et bien je le dis d’emblée si c’était l’arbitre j’expulserai tout le monde. C’est vrai, les arbitres font des erreurs, c’est un fait. Mais est-ce pour autant qu’on voit sur nos différents terrains des joueurs, des entraîneurs, voire même des présidents se ruer vers l’arbitre pour le bousculer et le malmener ? Il y a un minimum à respecter sur un terrain de football, ce que nous autres ont ne fait pas. Pourquoi tout cela ? Et bien c’est simple parce que nos footballeurs n’ont eu du professionnalisme que l’augmentation vertigineuse de leur salaire. Sur le plan de la communication ils sont nuls.

C'est-à-dire ?

Nos footballeurs d’abord ne connaissent pas les règles du jeu et ne sont pas très communicatifs et quand ils le sont, ils sont maladroits. Voyez par exemple Hachoud la dernière fois quand il s’en prend à ses attaquants. Et le surlendemain de sa sortie médiatique, ses coéquipiers lui répondent et c’est un début de polémique. Qu’en pensent les supporters de ces joueurs qui dans une même équipe se chamaillent par presse interposée ? C’est là une forme de violence qu’on installe insidieusement et inconsciemment avant même que commence le match. Les supporters sont forcément pour ou contre, voyez vous. Alors le mieux c’est de savoir communiquer et cela s’apprend, il y a des écoles pour ça.

M. O. 

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