Saâdi : «L’entraîneur algérien est considéré comme un chien»

Noureddine Saâdi est très remonté sur les conditions de travail du technicien local. Il n’hésite pas à l’assimiler à celle de la race canine…

Quel regard portez-vous sur l’entraîneur algérien ?

On assiste aujourd’hui à une dévalorisation extraordinaire du technicien algérien qui, comme on dit chez nous, est obligé de nager en surveillant ses habits. Quand un entraîneur étranger vient travailler chez nous, obligation est faite par la fédération au club de lui remettre un chèque de garantie. Les clubs sont également tenus de payer les joueurs sous contrat sous peine d’être interdits de recrutement. Le pauvre entraîneur algérien, honnête et qui travaille, doit courir les tribunaux pour avoir son argent parce qu’un dirigeant véreux n’a pas voulu le payer. Moi-même, je suis concerné.

Vous avez un litige avec quel club ?

Ce n’est pas l’objet de mon propos, je ne voudrais pas régler mon problème personnel à travers la presse. Je veux attirer l’attention du bureau fédéral pour lui dire que la valorisation de notre football passe automatiquement par la valorisation de son encadrement. Dans tous les pays du Maghreb, les entraîneurs sont assistés par leur fédération en cas de litige, sauf chez nous. Les techniciens sont aussi dans la même situation que les enseignants.

C’est-à-dire ?

Les enseignants ne peuvent se sentir à l’aise et prodiguer des leçons avec des classes de 65 élèves, et la progression des ces derniers ne peut pas se faire dans de telles conditions. Dans le football, c’est la même chose. Si on continue à considérer l’entraîneur algérien comme un chien, on ne pourra pas relever le niveau.

Comme un chien, carrément ?

Oui, parce que le technicien algérien est considéré comme tel aujourd’hui. Je vais me montrer plus explicite. Ailleurs, en Tunisie par exemple,  quand un technicien étranger quitte un club, il doit repartir chez lui une année, il ne peut pas revenir dans la même saison. Chez nous, il n’y a aucun règlement qui régit cela. Par ailleurs, je trouve qu’il n’y a pas de gens courageux pour prendre des décisions par rapport à une minorité qui fait la loi.

Que voulez-vous dire par là ?

A travers le pays, dans chaque club, on trouve entre une vingtaine et une cinquantaine de voyous, d’ultras qui s’érigent en maîtres des lieux et dont les dirigeants et même les joueurs ont peur. Je crois que le moment est venu de leur faire face.

Comment ?

La meilleure manière est d’imposer le huis clos à tout le monde, à l’entraînement ! Aussi, je suis outré de voir, ces derniers temps, le nombre de caméras qui prennent place à l’entraînement. On filme tout et je trouve anormal qu’aucun dirigeant ne s’y oppose pour dire que ça ne se fait pas, et de par le monde. Là, on montre toute la mascarade enregistrée à l’entraînement. Moi, quand j’ai en charge un club, je n’accepte pas ça. Je ne suis pas contre la presse, mais l’entraînement doit s’effectuer dans la sérénité.

H. D.

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