«Enterré prématurément»
Le jour du départ de la sélection nationale en Guinée équatoriale, et quelques jours après l’annonce du forfait de Belkalem et la blessure confirmée de Halliche, on avait fait un petit dossier dans lequel on disait que « Bougherra a été enterré prématurément ». Beaucoup n’étaient pas d’accord avec ça. Plusieurs personnes du domaine nous ont interpellés pour nous dire et avec force que «compter sur le vieux Bougherra était un suicide». Aujourd’hui, on a envie de dire (et c’est déjà fait) que Madjid Bougherra est toujours là, aussi performant et aussi en forme qu’il ne l’a peut-être jamais été. Beaucoup d’entraîneurs répètent sans cesse que «dans le football, il n’existe qu’une seule vérité, celle du terrain». Si l’on applique ceci dans notre cas, on dira, sans peur ou risque d’être contredit que le Magic a prouvé sur le rectangle vert qu’il est apte, peut-être plus que le sont les autres à tenir sa place. Combien de fois faut-il le prouver pour que l’on comprenne que cette équipe a besoin de Madjid autant qu’elle a besoin de Mbolhi, Brahimi, ou autres Slimani ?
Physiquement présent, techniquement au top et l’expérience en atout majeur
Le profil de Bougherra est parfait. Avec son 193cm et 90kg, il est le défenseur idéal dans ce genre de tournois. Dans un match comme celui d’avant-hier, ne pas avoir ces qualités là peut te mettre en difficulté. Madjid a gagné tous ses duels aériens comme à terre. Son expérience en Europe, au Golfe et en Afrique lui donne la capacité de gérer ses efforts et de jouer intelligemment de façon à ce qu’il puisse terminer le match comme il l’a commencé, et ce quelles que soient les conditions climatiques et les enjeux du match. Qu’il soit âgé de 32 ans n’est certainement pas une tare, ou un défaut, mais une qualité, un atout dont l’équipe a besoin, surtout dans le poste qu’il occupe. Madjid Bougherra est le patron de la défense par excellence. Lors des deux derniers matchs et sans diminuer de la valeur de Halliche, Medjani ou Belkalem, il a été un vrai Rock.
L’homme des vestiaires, le grand frère, le psy de l’équipe, le deuxième entraîneur
En plus d’être un joueur exceptionnel, sur qui on peut compter sur le terrain, Madjid Bougherra assume son rôle de capitaine comme peu de personnes l’ont fait avant lui. Lui, le chevronné qui a été un élément incontournable dans la génération dite « d’Oumdourman» a vu tellement de choses au cours des nombreuses années passées en sélection que plus rien ne peut le perturber. Il a eu gérer des situations beaucoup plus complexes et compliquées que celles auxquelles peut être exposée l’actuelle génération. Les déceptions de 2006 et de 2008, le Mondial et la CAN 2010, la gifle de Marrakech sont là pour témoigner du rôle important joué par cet élément. Toutes ces histoires et expériences cumulées et emmagasinées font de lui l’homme de la situation. Madjid Bougherra est respecté par tous. Les joueurs, les membres des différents staffs et même le sélectionneur reconnaissent la valeur de ce joueur, son impact sur la vie du groupe et son importance quand les choses ne vont pas bien. «Madjid est très important. Il a un impact positif sur le groupe » dixit Gourcuff. Les joueurs vont dans le même sens. Djabou et Soudani, accusés d’avoir fait la gueule à la suite de leur non-titularisation lors des deux premiers matchs ont été pris en charge par Bougy. Ce dernier a non seulement désamorcé la bombe, mais a en plus de ça gardé ces deux éléments dans le groupe aptes à prendre leurs places à n’importe quel moment. «Madjid est comme un grand frère», disaient ces deux joueurs. Même sa déclaration faite après la défaite contre le Ghana dans laquelle ils priaient les joueurs déçus de quitter le groupe et qui a été en premier lieu aperçu comme une bourde du capitaine s’est finalement avéré une bonne chose. L’abcès a été crevé au bon moment. Le résultat est là ! Qui sait ce qui pouvait se passer si cette histoire était restée en interne ? Quoi qu’il en soit, les témoignages de ces actuels et anciens équipiers, du président Heddadj qui l’a convoqué alors qu’il était un gamin, de Zoheir Djelloul qui l’a côtoyé de 2008 à 2010 sont tous là pour appuyer ceux qui disent que Bougherra doit continuer… Et ils sont très nombreux.
Gaouaoui : «Il peut continuer sans aucun souci»
L’ex-gardien de but international Louanes Gaouaoui, qui porte cette saison les couleurs du MSPB, a bien voulu nous parler du capitaine des Verts Madjid Bougherra qu’il a côtoyé pendant de longues saisons en EN. «Franchement, Bougy a ramené de la stabilité et de l’assurance à la défense algérienne lors des deux derniers matches de la CAN. Je n’ai pas été surpris par son rendement car c’est un défenseur expérimenté qui anticipe bien et qui a une bonne lecture de jeu. Il encourage et motive ses coéquipiers sur le terrain, c’est vraiment un joueur précieux et important. Les gens disent qu’il est âgé et moi je dis qu’il encore capable de servir la sélection algérienne. Physiquement, il est encore capable de tirer l’EN vers le haut», a indiqué l’ex-portier de la JSK. Concernant son comportement dans le groupe, l’ex- portier des Verts dira : «J’ai joué pendant longtemps avec lui en EN et sincèrement c’est un gentleman. Il se donne à fond à l’entraînement, encourage ses coéquipiers et ne conteste pas les choix du coach. Il est positif pour le groupe et a toujours entretenu de bons rapports avec tout le monde», a précisé l’ex-gardien du CSC.
K. H.
Zarabi : «Il est encore capable de servir l’EN»
S’il ya quelqu’un qui connaît bien Bougy, c’est bien l’ex-international Abderaouf Zarabi puisque ce dernier a joué avec lui à Gueugnon lors de la saison 2004-2005 et également en EN. L’ex-international estime que Bougherra et au vu de ses deux dernières prestations dans la CAN est capable de servir l’EN et donner de l’assurance à la défense des Verts : «J’ai connu Bougherra à Gueugnon en 2004 où on a joué ensemble .c’est un bosseur qui ne triche pas ni à l’entraînement ni dans les matches. Je l’ai connu après en EN et c’était la même chose mais avec en plus l’amour du pays et du maillot de la sélection. Il s’est imposé tout de suite comme un défenseur solide et puissant. Sa gentillesse et sa bonne moralité lui ont permis de devenir le leader du groupe. Il entretient d’excellents rapports avec les joueurs qui le respectent beaucoup. Il est influent dans le groupe et lorsqu’il dit quelque chose, les joueurs adhèrent vite», a souligné l’ex-joueur de Nîmes. Interrogé sur le fait que Bougherra peut encore continuer à servir l’EN après la CAN, L’ex-défenseur du MCO a affirmé : «Bien sûr qu’il est capable de continuer car il est physiquement costaud .Même s’il a annoncé sa retraite après la CAN mais d’après ce qu’il a montré face au Ghana et contre le Sénégal, il a encore de beaux jours encore devant lui, j’en suis convaincu. Personne ne misait sur lui avant la CAN, mais il a démenti tout le monde sur le terrain réussissant deux excellentes prestations», a précisé Zarabi.
K. H.
Djelloul : «C’est le 2e entraîneur sur le terrain»
L’ex-entraîneur adjoint de l’EN, Zoheir Djelloul, connaît bien Madjid Bougherra pour l’avoir entraîné lorsqu’il était dans le staff technique des Verts pendant les éliminatoires combinées de la CAN et dela Coupe du monde 2010. Le technicien algérien n’a pas tari déloges sur le défenseur central des Verts qu’il considère comme un modèle sur le terrain et en dehors du terrain. «Les qualités de Bougherra sont énormes. Il est toujours là présent quand il le faut. Il corrige et motive ses camarades sur le terrain. Il est positif dans le groupe. C’est quelqu’un de très sérieux. Il fait la jonction entre le coach et les joueurs. Je me souviens bien lors de la campagne qualificative pour le Mondial sud-africain comment il a bien joué son rôle dans le groupe et comment il a aidé le staff technique dans sa tâche», a affirmé l’ex-coach du NAHD. Questionné sur la possibilité de voir Bougherra continuer encore à servir l’EN, Djelloul estime qu’il vaut mieux qu’il s’arrête après la CAN comme il l’a annoncé. «Même si Bougherra est en train de réussir une excellente CAN et même s’il a encore de beaux restes mais à mon avis, il vaut mieux qu’il mette un terme à sa carrière internationale après la CAN afin qu’il sorte par la grande porte», a conclu Djelloul.
K. H.
Haddadj : «Il a de beaux restes»
L’ex-président de la FAF et actuel président de la CD de la LFP, Hamid Haddadj, connaît bien Madjid. Ils ont fait ensemble la campagne pour les CAN 2006 et 2008, même si les Verts n’ont pas participé à ces deux tournois africains. «Pour moi, Bougherra est un joueur qui a toujours respecté ses engagements avec l’EN. C’est quelqu’un qui a l’amour de la patrie et qui a toujours servi l’EN. Il est positif pour le groupe et n’a jamais eu un comportement négatif. Sur le terrain, il est impérial. C’est la tour de contrôle de la défense algérienne. Pour cette CAN 2015, il a surpris bon nombre d’observateurs par ses qualités et son rendement. Pour le match de mardi passé face au Sénégal, il a donné beaucoup d’assurance à la défense algérienne. Il est en train de retrouver une seconde jeunesse. Au vu de ce qu’il montre, il est encore capable de jouer en EN pendant une ou deux années supplémentaires .Maintenant s’il décide de raccrocher, on doit respecter sa décision», a indiqué l’ex-président de la FAF.
K. H.
Si Raouraoua ou Gourcuff lui demandent de rester
Bougy dira oui
De tous les joueurs qui ont décidé de rejouer en sélection après avoir décidé de prendre leur retraire internationale, aucun n’est revenu sans que le président de sa fédération, le sélectionneur ou un autre officiel le lui aient demandé et insisté pour qu’il dise oui. Boughherra ne va donc pas annoncer son retour sans que Raouraoua ou Gourcuff ne lui demandent de rester encore quelques mois ou quelques années en sélection. il faut dire que ceci est logique vu que Bougherra peut annoncer son retour au moment où son entraîneur a déjà préparé sa succession. «Que se passera-t-il si Bougy le fait et qu’il n’est plus jamais convoqué ? Ce sera humiliant pour un joueur de son rang », nous dira un des techniciens auxquels nous avons parlé. Ainsi, la seule manière de voir ce joueur continuer son aventure est que le coach ou le président aillent le lui demander de manière officielle. Selon nos informations, Bougherra, qui tient toujours à continuer à jouer encore 2 ou 3 ans, dira oui sans aucune hésitation.
Zizou, pelé, Makélélé, Thuram sont revenus…
La décision de Madjid Bougherra de quitter les Verts à l’issue de cette CAN pose la question de son retour en sélection. Pourquoi pas ? D'autres, et pas des moindres sont revenus des mois ou des années après, malgré l'annonce publique d'une retraite internationale.
Madjid Bougherra a annoncé le 15 novembre 2014 sa retraite internationale à l’occasion du match Algérie-Ethiopie. Mais va-t-il définitivement ranger le maillot vert au vestiaire ? Rien n'est moins sûr. Plusieurs exemples montrent que la nostalgie et surtout l’amour du maillot national joue parfois des tours à ceux qui ont décidé, un moment donné, de ne plus le porter. Que Bougherra dise haut et fort qu’il a encore envie de jouer et qu’il se sent capable de rivaliser avec les jeunes ne font que renforcer cette hypothèse.
Pelé
En 1966, à l'issue d'une Coupe du monde désastreuse pour le Brésil, le roi Pelé avait fait savoir à ses dirigeants qu'il ne souhaitait plus porter le maillot de la Seleçao. Il est revenu deux ans plus tard alors que se profilait le Mondial 70 où il sera sacré sur le toit du monde pour la troisième fois de sa carrière.
Zinédine Zidane
Il faut remonter au 12 août 2004. Après un Euro décevant de l'équipe de France éliminée en quarts de finale par la Grèce (0-1) pour se rappeler du jour où Zizou annonçait sa retraite internationale. «Je pense qu'à un moment donné, il faut savoir dire stop», avait-il écrit sur son site. Le 3 août 2005, Zidane annonce son retour, évoquant «une révélation», «une voix», «une force irrépressible» dans un entretien dans l'hebdomadaire France Football. «Une nuit à trois heures du matin, je me suis soudain réveillé et là j'ai parlé avec quelqu'un», confiait Zizou à l'époque. Zizou est revenu sur sa décision. Il a qualifié les Bleus à la Coupe du monde, avant de les emmener jusqu’en finale face à l’Italie.
Makélélé et Thuram ont fait de même
Claude Makélélé et Lilian Thuram lui ont emboîté le pas. Sur l’initiative de Zidane ces deux joueurs reviennent eux aussi sur leur décision. La suite sera couronnée par un parcours remarquable lors du Mondial 2006, avec une finale de Coupe du monde perdue aux tirs au but face à l'Italie.