On imagine que vous devez être super soulagé suite à la qualification de votre équipe, vous qui étiez absent lors des deux derniers matchs ?
J’étais à la fois content et très fier de mes coéquipiers qui ont fait de bons matchs. Franchement, ce fut deux matchs très difficiles à jouer, à savoir contre le Mali et le Cameroun. Je dirai qu’avant-hier face aux Camerounais (ndlr : entretien réalisé hier après-midi), nous avons vu une très belle équipe de Côte d’Ivoire. Sur un plan plus personnel, j’étais bien évidemment heureux de retrouver la compétition et de retrouver mes amis à l’occasion de ce quart de finale de cette CAN, car ça aurait été vraiment dur pour moi d’être éliminé sans pouvoir vraiment participer à cette CAN.
Justement, revenons au à ce qui s’est passé face à la Guinée lors du premier match. Pourquoi ce coup donné à Naby Keita ?
C’est un geste qui est sorti comme ça, et qui m’a moi-même surpris. Un geste d’énervement, mais quand il est parti, c’était déjà trop tard, car je me suis rendu compte que je venais de faire une bêtise. Mais ce qui était le plus difficile pour moi c’était surtout de laisser mes coéquipiers à 10 sur le terrain dans un moment difficile, du fait que nous étions menés au score 1 à 0 et qu’on devait absolument gagner. Nous avons heureusement réussi à égaliser, mais ce n’était pas facile aussi.
Vous et Yaya Touré vous êtes les cadres de cette équipe Ivoirienne. Pas évident de prendre le relais d’un joueur et d’une icône comme Drogba ?
C’est vrai que Didier a arrêté, Yaya et moi-même sommes des joueurs en qui le pays et tout un peuple font confiance. Le coach compte aussi beaucoup sur nous et on essaye de donner le maximum pour pouvoir faire gagner l’équipe. En mon absence, Yaya a beaucoup donné et a fait beaucoup d’efforts. Il a montré qu’il savait se battre pour pouvoir qualifier l’équipe. Après, il n’y a pas que nous puisqu’il existe d’autres joueurs qui ont aussi beaucoup d’expérience, à l’image de Salomon Kalou, Kolo Touré, Kopa Barry et aussi d’autres jeunes. Donc, je pense que c’est tous ensemble qu’on pourra y arriver.
Après cette Coupe du coupe, qu’on peut qualifier de ratée pour la Côte d’Ivoire, il y a eu l’arrivée d’un nouveau coach, Hervé Renard. Que vous a-t-il apporté ?
Après l’échec de la Coupe du monde, ça a été difficile, car l’objectif était de passer le premier tour, ce qu’on n’a pas réussi à faire. Manquer cet objectif fut vraiment une grosse désillusion pour nous. Après cette compétition, quelques joueurs ont pris leur retraite internationale ; donc, il fallait renouveler l’équipe. Nous avions aussi un nouvel entraîneur qui est arrivé dans des conditions pas vraiment faciles, car il ne disposait pas de joueurs très matures d’autant plus qu’au niveau de la fédération on lui a demandé de rajeunir l’équipe, ce qui n’était pas évident, car il disposait de peu de temps pour justement préparer les qualifications pour la CAN…
La preuve, vous êtes toujours là ?
Vu le statut de la Côte d’Ivoire, on se doit de défendre cette image de grande nation du football. Pour le coach, au début ce n’était pas facile, car il avait l’obligation de résultat malgré le rajeunissement du groupe, mais, à présent, il commence à s’habituer à son groupe et à ses joueurs et tout le monde commence à retrouver le football ivoirien.
On va évoquer ce quart de finale face à l’Algérie ce dimanche. Vous étiez à Cabinda en 2010, pour vous un match sur un air de revanche ?
Je me souviens très bien de ce match, car c’était vraiment un scénario particulier. Pour nous, c’était dommage de perdre cette rencontre, mais c’était vraiment un gros et beau match. On avait vu une équipe d’Algérie en fin de match qui était plus déterminée que nous et qui avait fait preuve de plus d’envie puisqu’ils avaient réussi à inscrire deux buts en moins de deux minutes. Il y avait aussi ce match en Afrique du Sud en 2013 où les circonstances étaient beaucoup plus différentes avec notre égalisation en fin de match. Maintenant, depuis, il y a eu beaucoup de changements concernant les deux équipes notamment au niveau du staff avec deux nouveaux coaches. Il y a aussi des nouvelles têtes au sein des deux équipes. Personnellement, mon souhait est que ce match puisse se passer dans de bonnes conditions et que les joueurs prennent du plaisir et s’épanouissent sur le terrain.
Et par rapport à l’esprit de revanche…
Non, il n’y a pas de revanche, mais une chose est sûre, la Côte d’Ivoire veut aller jusqu’au bout de la compétition et ça commence par battre l’Algérie avec à la clé une belle prestation. Aussi, rester concentrés, c’est l’objectif jusqu’en finale. Gagner l’Algérie, pour nous ça ne sera pas un match de revanche, mais une rencontre qu’il faudra gagner pour se qualifier.
Finalement, que pensez-vous de cette équipe algérienne ?
Franchement, je n’ai pas encore eu le temps de regarder les matchs de l’Algérie, mais j’ai pu regarder quelques séquences face à l’Afrique du Sud. Ils avaient réussi à revenir au score avec un bon mental. J’ai su aussi que lors de la phase éliminatoire ils avaient fait de bons matchs, mais, comme je l’ai déjà dit, dans un tournoi c’est différent. Je ne connais pas bien cette équipe algérienne, mais je connais quelques noms, à l’image de Ghoulam qui évolue à Naples, Taïder aussi qui évoluait à l’Inter de Milan, Feghouli et aussi Brahimi. Je ne sais pas si Hassan Yebda est encore là…
Non, il n’est plus en sélection, mais que pensez-vous justement de ces joueurs que vous venez de citer ?
Des joueurs de qualité, mais je pense qu’il ne faudra pas se focaliser sur ces noms-là, car c’est un collectif et c’est justement ce collectif qui a fait la différence face à l’Afrique du Sud. Ils sont revenus au score et en plus ils ont gagné. Donc, on se concentrera plus sur l’équipe et non sur les individualités. Ils ont aussi un entraîneur que je connais très bien pour avoir joué longtemps en championnat de France…
Et vous en pensez quoi ?
Moi, j’étais à Lille, mais à chaque fois que je jouais contre lui (Lorient), c’était des rencontres spectaculaires où il y avait beaucoup de buts, car c’est un entraîneur qui aime le beau jeu. C’est aussi une très bonne personne. Franchement, je pense qu’ils ont de la chance d’avoir un entraîneur comme Gourcuff.
Justement, est-ce qu’on peut s’attendre à un match spectaculaire dimanche avec beaucoup de buts ?
(Il sourit). Un match où on voit des buts cela voudra dire qu’il y avait du spectacle et du beau jeu. Je pense que les Algériens, les Ivoiriens et le monde de football, c’est ce qu’ils attendent dimanche. Depuis le début de la compétition, je pense que l’Algérie est la seule équipe à avoir mis cinq buts, pour les autres c’était plutôt des matchs très serrés, car les équipes défendent très bien. Je pense que ça sera une rencontre où on verra des buts.
A votre avis, ce match se jouera à quel niveau ?
A plusieurs niveaux, mais je pense que l’équipe qui montrera le plus d’envie, l’équipe qui sera la plus compacte, l’équipe qui fera le plus preuve de solidarité, et aussi l’équipe dont les joueurs pourraient faire la différence individuellement. Les deux équipes ont deux belles attaques, après il faudra attention défensivement.
On a vu le président de l’Assemblée qui est venu vous voir aujourd’hui, c’est vraiment tout le peuple qui est derrière vous ?
Le président de l’Assemblée a toujours été derrière nous. En fait, qu’il soit là quand l’équipe va bien et aussi quand l’équipe va mal pour nous apporter son soutien nous touche beaucoup. En tout cas, on est contents de le voir, car ça va nous donner encore plus de motivation. Concernant les supporters, on sait qu’ils nous soutiennent aussi.
La Côte d’Ivoire sera encore plus forte avec Gervinho dimanche ?
(Il sourit encore). Gervinho est content de retrouver la Côte d’Ivoire. On sera probablement plus forts avec mon retour, mais je pense que l’équipe sera encore plus forte que cela tous ensemble avec moi, les autres joueurs, les supporters, tous ensemble pour pouvoir justement battre cette équipe algérienne.
Asma H. A.
«Pas de revanche, mais un match qu’on veut gagner pour aller au bout»
«On se focalisera sur toute l’équipe et non sur les individualités algériennes»
«J’aurais mal vécu une élimination sans jouer»
«Oui, avec mon retour, l’équipe sera plus forte»
«Je ne connais pas bien l’Algérie, mais je connais Gourcuff, ils ont de la chance de l’avoir»