Serar : «Chez nous, les défenseurs font de l’animation sportive»

Abdelhakim Serar, l’ancien défenseur international de l’ES Sétif, a sa formule pour trouver les remplaçants de Bougherra en sélection qu’il ne situe sans doute pas dans notre championnat…

Au terme de l’élimination de l’Algérie lors de la CAN 2015, beaucoup ont évoqué la défaillance de l’axe central de la défense, est-ce aussi votre avis ?

Effectivement, j’avais d’ailleurs dit avant le premier match qu’un problème existait à ce niveau. Avec les blessures de Halliche et Belkalem, on avait un axe central boiteux. Medjani est très lent, le but qu’on a encaissé contre le Ghana est là pour en témoigner. Bougherra, de son côté, a fait un bon match contre le Sénégal, mais il était évident que ce joueur manquait de compétition. Il est en fin de carrière et il a évolué dans un championnat qui n’est pas des plus relevés. Au final, on s’est retrouvé avec une défaillance flagrante au niveau de l’axe central de la défense.

Christian Gourcuff a parlé de changements, qui voyez-vous pour combler ce secteur ?

C’est un petit peu difficile de faire un choix tout de suite parce qu’on n’opère pas en sélection nationale comme dans un club. On devrait se fixer un objectif dans le temps et prospecter en Algérie et ailleurs pour dénicher l’oiseau rare.

Sur qui pourrait-on miser dans notre championnat ?

Il y avait Benlamri, qui était sur une très bonne lancée, tout d’un coup il a régressé. Mais il est encore jeune, en travaillant davantage il pourrait donner quelque chose dans le secteur. On a également Chafaï, mais il reste un bon défenseur pour le championnat d’Algérie. D’ailleurs, c’est le grand souci qui se pose. Pour compter sur un joueur, il faut qu’il ait les capacités sur le plan international. Jadis, on parlait de charnière centrale avec un élément qui joue bien au ballon, dénommé libéro, et un autre appelé stoppeur dont on n’exigeait pas des qualités techniques. Aujourd’hui, avec le développement du football, on parle de défenseurs centraux et à qui on demande beaucoup plus d’agressivité et une présence physique que de savoir relancer le ballon, cette tâche étant confiée aux milieux de terrain.  

En somme, ce n’est pas en Algérie que l’oiseau rare existe de nos jours…

Malheureusement, oui. Avec tout le respect que je dois aux joueurs locaux, je dis en pesant mes mots que dans notre championnat les joueurs font de l’animation sportive. On ne peut pas dire qu’on a de la qualité ou que Gourcuff a l’embarras du choix pour dénicher des défenseurs centraux. Moi, je suis très pessimiste. Regardez les plus grands clubs d’Algérie et vous serez édifiés sur le sujet. Les défenseurs du MCA, de la JSK, de l’USMA et de l’ESS éprouvent les plus grandes difficultés face aux attaquants de notre championnat, comment voulez-vous qu’ils émergent à un niveau plus relevé ?

Quelle solution préconisez-vous, en fin de compte ?

Il faut chercher dans les championnats étrangers ou alors essayer de préparer, pour le moyen terme, des défenseurs locaux. La solution locale serait de choisir des gars de 18-19 ans, les préparer et les mettre dans le bain pour des échéances au moyen terme.

Un mot sur la Supercoupe ES Sétif-Ahly du Caire ?

Sétif a gagné la Ligue des champions, la Supercoupe ne sera qu’une cerise sur le gâteau, un titre honorifique que l’Entente jouera sans pression. On jouera très à l’aise et, avec la baisse de régime actuelle du Ahly, je crois que l’ESS a les moyens de l’emporter et enrichir son musée de titres.

H. D.

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